Les réseaux de données sans fil de moyenne portée WiMAX semblent avoir un avenir prometteur. Voici une présentation de cet ensemble de normes pour lequel quelques prévisions de marché et quelques enjeux ont été soulignés par les analystes.
WiMAX, pour Worldwide Interoperability for Microwave Access, est un ensemble de normes qui ont trait des équipements de réseautique utilisés pour établir des liaisons sans fil à large bande à l’aide de micro-ondes hertziennes.
En ce moment, la technologie WiMax offre, en théorie, une bande passante bidirectionnelle de 40 mégabits par seconde par canal, et ce, dans un rayon de trois à dix kilomètres d’une antenne. La bande passante offerte par cette technologie pourrait atteindre 75 Mb/s sur des distances plus courtes.
L’approche WiMAX de type « du dernier kilomètre » n’est pas vouée à remplacer la réseautique sans fil WiFi, utilisée à l’intérieur d’édifices ou d’établissements commerciaux, ni la téléphonie mobile 3G, à bande plus étroite, mais à portée étendue. Elle est plutôt destinée à l’établissement de liaisons à large bande sur de plus longues distances.
WiMAX s’utilise au sein d’architectures de réseau point multipoint, notamment dans des réseaux de données métropolitains qui sont à mi-chemin entre le réseau local et le réseau étendu. Ces réseaux peuvent être établis dans des milieux urbains, mais également dans des milieux ruraux où la distance entre les clients potentiels freine la mise en place d’un réseau filaire par les fournisseurs.
Fixe, nomade ou mobile
Il existe deux versions de WiMAX qui ont été établies par l’Institute of Electrical and Electronics Engineers, soit le standard 802.16d, adopté en 2004, qui est consacré aux liaisons fixes, et le standard 802.16e, ratifié à la fin de 2005, qui couvre les aspects reliés aux liaisons mobiles.
WiMAX peut être établi en configuration fixe, où les antennes réceptrices sont fixes et permanentes, ainsi qu’en configuration nomade où l’antenne du client est déplaçable d’un site à un autre, mais doit rester immobile lorsqu’utilisée. Des équipements permettant d’instaurer de pareils réseaux sont commercialisés depuis quelque temps, notamment par l’entreprise Wavesat de Dorval, au Québec.
La configuration mobile, où l’utilisateur en bout de réseau peut se déplacer librement, est plus récente. Les premiers équipements de réception aptes à se connecter de façon mobile WiMAX, sous la forme de modules ou d’adaptateurs, ont fait leur apparition en 2006. Lors de la récente conférence Consumer Electronic Show à Las Vegas, des fabricants d’équipements et des exploitants de réseaux américains ont procédé à la démonstration de premiers appareils intégrant les composantes nécessaires à une liaison mobile.
Des entreprises et des organisations qui occupent plusieurs édifices ou qui ont une main-d’œuvre en déplacement peuvent instaurer un réseau de la sorte pour le déploiement d’applications diverses à protocole IP, notamment pour les communications fondées sur la voix et la vidéo, ainsi que le transfert de données. L’approche peut également servir à l’établissement de sites temporaires, comme les chantiers de construction ou les centres de commandement lors d’une catastrophe.
L’autre créneau d’importance est celui des fournisseurs de services locaux, qui peuvent offrir à des clients résidentiels et commerciaux des services de voix et de données sans recourir à des réseaux câblés. Par exemple, le fournisseur Internet québécois Sogetel a annoncé son intention de déployer un réseau WiMAX en milieu rural, sur un territoire de 4 300 kilomètres carrés. Au Canada, les fournisseurs Bell et Rogers exploitent la coentreprise Inukshuk, dont le réseau fonctionnel depuis mars 2006 est fondé sur des standards précédents à l’approbation finale des normes WiMAX pour la prestation de services nomades.
Des chiffres et des enjeux
Des analystes ont déjà formulé soit des données de progression du marché, soit des enjeux à considérer lorsqu’une organisation opte pour cette approche de réseautique sans fil.
À propos du potentiel de marché, la firme d’analyse indienne RNCOS évaluait il y a quelques mois le nombre d’utilisateurs de la technologie WiMax à 14,9 millions à l’échelle mondiale en 2009, ce qui se traduirait par des revenus de 13,8 milliards $ US associés aux services WiMax. Le marché des équipements associés à ce type de réseau, à ce moment, pourrait être d’environ 2 milliards $ US.
La firme In-Stat, pour sa part, évaluait en novembre dernier qu’il y aurait quelque 222 000 abonnés à des services WiMAX au terme de l’année 2006, et qu’il y en aurait 19,7 millions en 2010. La majorité des abonnés pourrait se trouver dans la région de l’Asie et du Pacifique, où les services fixes ont présentement la cote.
Toutefois, la firme indique que WiMAX fera compétition à d’autres technologies et services à large bande dans certains marchés, et que ses promoteurs devront démontrer sa capacité à offrir un service supérieur auprès de ces abonnés afin de ravir des parts.
Dans une autre étude, In-Stat soulignait que la voix constituerait un service qui serait utilisé par la majorité des abonnés aux services WiMAX. La firme évaluait à 76 000 le nombre d’abonnés à un service de voix sous WiMAX (VoWiMAX) à la fin de 2006, et qualifiait la croissance de ce segment comme étant « parallèle » à celle de WiMAX.
In-Stat prévoit toutefois que la majorité des services de voix sera fixe, en raison d’une carence d’appareils téléphoniques mobiles. La croissance de ce sous-segment de marché pourrait aussi être limitée si ce dernier ne fait qu’imiter les services offerts par la téléphonie mobile.
Penser à la sécurité
ABI Research, de son côté, estime que les réseaux WiMAX démontreront certaines vulnérabilités en matière de sécurité, malgré l’impression de sécurité accrue en comparaison avec les réseaux WiFi, comme promu par l’association WiMAX Forum. Stan Schlatt, le vice-président de la firme de recherche, croit que des failles apparaîtront lors des premiers déploiements à grande échelle.
En conséquence, la firme avance qu’il faudra établir un cryptage accéléré au niveau des terminaux des utilisateurs pour traiter les demandes de traitement fondées sur le standard AES. Les extrémités des réseaux nécessiteront également du matériel et des logiciels pour détecter et prévenir des intrusions.
Enfin, les réseaux de services de connectivité, qui font partie des réseaux des entreprises de télécommunications, auront besoin de logiciels et de serveurs monofonctionnels de pare-feu ainsi que de serveurs de service RADIUS (Remote Authentication Dial-In User Service) pour l’authentification des utilisateurs itinérants.
Ces besoins se traduiront par des revenus potentiels pour les fournisseurs de solutions de sécurité, certes, mais les organisations qui déploieront des réseaux WiMAX pourraient avoir intérêt à placer la sécurité en tête de liste des priorités.