L’application chinoise WeChat aurait enfreint la loi électorale canadienne en autorisant la diffusion de publicités politiques sans les répertorier dans un registre.
Selon un reportage de CBC News, WeChat a permisla diffusion d’annonces électorales sans créer de registre de publicités numériques, comme l’exige la loi électorale du Canada.
Dans un communiqué transmis à Direction Informatique, Tencent, l’entreprise propriétaire de WeChat, nie ces allégations, précisant que la plateforme « n’accepte ni ne soutient la publicité politique ».
En vertu de modifications récentes à la loi électorale canadienne, les entreprises en ligne qui acceptent des publicités politiques pendant une campagne doivent mettre en place des registres numériques de toutes les annonces à caractère politique diffusées sur leurs plateformes. Ce répertoire doit contenir des exemplaires des publications promotionnelles en question ainsi que des informations sur ceux qui les ont autorisées.
Cette exigence a poussé certains géants du Web, dont Google, à cesser la publication d’annonces politiques au Canada lors des élections fédérales.
La loi peut s’appliquer aux entreprises situées n’importe où dans le monde si le nombre de visiteurs du Canada sur leurs sites dépasse un certain seuil. Les plateformes qui publient dans une langue autre que l’anglais ou le français doivent compter plus de 100 000 visiteurs uniques du Canada chaque mois pour être soumises à la loi. Selon la firme Comscore, qui mesure le trafic Web, WeChat reçoit en moyenne 616 000 visiteurs uniques du Canada par mois.
CBC News a obtenu un exemplaire d’une annonce du Parti conservateur (PCC) publiée en anglais et en chinois sur WeChat la semaine dernière. La publicité, qui affiche le logo du PCC, indique que le Parti libéral (PLC) légalisera les « drogues dures » s’il est à nouveau porté au pouvoir sous Justin Trudeau.
Le premier ministre sortant a démenti ces affirmations.
Le PCC a refusé de commenter sa stratégie publicitaire et de préciser quelles plateformes Web il utilise pour diffuser ses annonces. Le PLC ainsi que le Nouveau Parti démocratique (NPD) ont tous deux déclaré ne pas faire de promotion sur WeChat.
Selon CBC News, la communauté chinoise du Canada fait partie des groupes que le PCC espère gagner lors de cette élection.
Des membres de l’équipe de surveillance des médias sociaux d’Élections Canada ont confirmé avoir repéré des publicités électorales canadiennes sur WeChat.
La porte parole d’Élections Canada, Natasha Gauthier, a précisé que ces contrôleurs recherchent des exemples de désinformation concernant le déroulement du scrutin. Ils ne se chargent toutefois pas de vérifier si les plateformes soumises à la loi ont mis en place un registre publicitaire.
Le commissaire aux élections fédérales peut ouvrir une enquête si une personne porte plainte, a déclaré Mme Gauthier.
WeChat compte environ un milliard d’utilisateurs dans le monde, dépassant Twitter et se rapprochant du géant américain Facebook.
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