Suite à un article d’opinion de Keldon Bester et Ben Klass publié par le Globe and Mail le 12 juillet dernier, Pierre Karl Péladeau (PKP), président et chef de la direction de Québecor a tenu, dans une lettre ouverte, à rectifier certains propos qu’il considère erronés.
L’article contesté s’inscrit dans le cadre de la contestation par le Bureau de la concurrence de la fusion du géant des télécommunications Rogers avec Shaw et de la cession de la filiale Freedom Mobile de Shaw à Québecor dans l’espoir de satisfaire les exigences du Bureau.
Bien qu’il reconnaisse leur droit à leur opinion, Péladeau accuse les auteurs de l’article d’avoir « omis de prendre en considération des faits essentiels ». C’est pourquoi il conteste « leur argument sans fondement selon lequel la concurrence serait renforcée en annulant la transaction ».
Il reproche en outre à l’article de contenir « une série de déclarations inexactes » qu’il tente de rectifier. Il s’attaque d’abord à l’énoncé du duo selon lequel « les prix actuels de Québecor sont objectivement moins bons que ceux de Freedom ». Péladeau reproche aux auteurs de comparer des forfaits mobiles ayant des zones de couverture et des plafonds de données très différents, en particulier en ce qui concerne l’itinérance à l’intérieur du Canada.
Il insiste également sur le fait que les forfaits de Freedom Mobile limitent l’itinérance au Canada, tandis que ceux de Vidéotron n’ont aucune restriction à cet égard, et que les clients de Freedom n’ont pas accès à la 5G. « En fait, en leur ajoutant le coût excessivement élevé d’un volume moyen d’itinérance, les forfaits de Freedom Mobile sont largement plus chers que ceux de Vidéotron », affirme-t-il.
Quant à l’énoncé selon lequel Québecor pourrait perdre sa capacité d’attirer des clients sans une offre de forfaits multiservices en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario, voici ce que Péladeau répond : « Québecor entend offrir aux consommateurs de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de l’Ontario des forfaits multiservices et des produits novateurs, incluant à la fois le mobile et l’Internet, à des prix encore plus compétitifs. […] Nous songeons même sérieusement à offrir des services de télécommunications au Manitoba, où les tarifs Internet sont parmi les plus élevés au Canada. »
Péladeau réagit finalement à l’énoncé de l’article selon lequel « Permettre à Québecor de prendre le contrôle de Freedom laisserait les consommateurs du marché du sans-fil de ces trois provinces dans une plus mauvaise posture que si Shaw poursuivait ses opérations de façon indépendante ».
Dans sa réplique, le PDG de Québecor fait référence à Klass qui déclarait en 2019 que « si des prix plus bas sont un indicateur de la force des concurrents régionaux, alors les données (…) nous amènent à conclure que la concurrence de Freedom en Ontario et en Colombie-Britannique (…) demeure marginale. Il est clair que la tarification peu élevée de Freedom par rapport aux opérateurs nationaux n’a pas eu d’impact majeur sur la tarification de la principale marque nationale – qui reste fixée à plus du double du prix des forfaits de Freedom – tout comme la pression concurrentielle exercée par Eastlink dans les Maritimes et les provinces de l’Atlantique a été inférieure à celles de Vidéotron au Québec ou de Sasktel en Saskatchewan ».
Selon PKP, cet énoncé est encore plus valable aujourd’hui. « À la lumière de la compétitivité réduite de Freedom depuis les 16 derniers mois et du fait qu’elle n’a pas été en mesure d’acquérir de spectre 3500 MHz essentiel au réseau 5G, comment pourrait-elle être en meilleure position pour rivaliser seule, plutôt qu’alliée à Québecor dont la feuille de route en mobilité est marquée par le succès depuis les 15 dernières années ? », demande-t-il.
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