Comme on pouvait s’y attendre, la commercialisation annoncée du système d’exploitation Windows Vista et de la suite bureautique Office 2007 soulève certaines appréhensions au sein des organisations.
Le sujet inéluctable de leur éventuelle adoption suscite des interrogations sur les nombreuses conséquences qui en découlent : compatibilité avec les applications utilisées, impacts sur l’infrastructure technologique et logistique du déploiement, pour n’en nommer que quelques-unes.
Les retards à répétition dans le calendrier de développement de Vista et les nombreuses fonctions et modules qui en ont été exclus au fil des mois ne contribuent en rien à apaiser les inquiétudes des entreprises. En mars 2006, ainsi, Microsoft a annoncé que son nouveau SE ne serait pas disponible avant 2007, en dépit des promesses à l’effet que le lancement aurait lieu au cours du deuxième semestre de cette année.
En juin, la multinationale répète l’exercice, reportant cette fois la disponibilité d’Office 2007; plutôt qu’en octobre, la diffusion générale de la suite bureautique aura lieu en novembre, voire en décembre.
C’était à prévoir, une pluie de critiques s’est abattue sur Microsoft. Si les analystes de Gartner voient une certaine élégance de la part de la multinationale, qui prévient assez longtemps d’avance de ne pas compter sur la vente de son nouveau SE pour la cruciale période des Fêtes, en revanche, ils se demandent si ce report n’est pas le reflet de « sérieux problèmes ».
Peu d’impact sur le déploiement de Vista
Les entreprises peuvent être rassurées sur une chose, toutefois : elles ne feront pas les frais du retard qu’accuse le projet Vista. Ce sont plutôt l’industrie du commerce de détail, les fabricants d’ordinateurs et les fournisseurs de composants qui devront encaisser les contrecoups, provoqués par l’absence du SE sous l’arbre de Noël. De leur côté, les entreprises n’auront sans doute pas à changer leurs plans.
Gartner estime qu’elles doivent compter 18 mois de préparation avant d’être prêtes à déployer Vista. Mise à l’essai des applications, préparation des fournisseurs indépendants de logiciel, qui devront adapter leur soutien technique, création des nouvelles images et réalisation des pilotes, la tâche demeure considérable, souligne la firme d’analyse. Avant ce dernier report, déjà, elle prévoyait que les organisations ne commenceraient à déployer Vista qu’en 2008. La décision de Microsoft de retarder de quelques mois la sortie de la version commerciale aura un impact à peu près nul à cet égard.
D’autant plus que la stratégie des entreprises relativement à Vista pourrait s’avérer prudente. Selon la publication Internet ENTnews, qui se consacre à l’analyse des technologies de Microsoft, on ne se bousculera pas au portillon après sa sortie. Certes, le nouveau SE devrait comporter des avantages non négligeables : mobilité et sécurité accrues, recherche et organisation des données améliorées, entre autres choses. Malgré tout, d’aucuns croient que les dirigeants pourraient choisir d’attendre les premières modifications provisoires (service pack) avant d’installer le SE. Pourquoi ne pas laisser à d’autres le soin de faire l’exploration préliminaire, se demande un observateur?
Par ailleurs, la compatibilité matérielle ne posera pas de défis insurmontables aux entreprises (voir à ce sujet les configurations minimales dévoilées par Microsoft, dans un article publié au printemps 2006 par Direction informatique). On peut oublier les histoires d’horreur qui ont circulé à propos de l’incapacité des PC actuels à prendre en charge le nouveau SE, indique l’analyste Paul Thurrott sur son site SuperSite for Windows.
Même constat pour la nouvelle interface utilisateur Aero, dont sera doté Vista : la plupart des cartes vidéo 3D offertes aujourd’hui dans le marché peuvent la prendre en charge. Voilà qui pourrait dissiper les inquiétudes dont on a grandement fait état à ce sujet.
Autre raison de se réjouir pour les entreprises, il semble que le nouveau SE sera empreint d’une grande facilité de déploiement et de gestion.
Horizons plus troubles du côté d’Office 2007
Certaines organisations n’auront pas la partie aussi facile avec la nouvelle suite bureautique. En effet, celles qui ont avec Microsoft une assurance logiciels (Software Assurance, ou SA) arrivant à échéance en octobre ne pourront obtenir Office 2007 en vertu de ce contrat. Le même sort pourrait être réservé aux clients dont l’assurance est renouvelable en novembre, advenant le cas où la suite n’était lancée qu’en décembre.
Le nombre de téléchargements de la version bêta est plus élevé que prévu, plaide-t-on au siège social de Redmond, d’où la nécessité de prendre en compte un plus grand volume de commentaires. Gartner est d’avis, plutôt, que la multinationale a péché par excès d’ambition dans son calendrier de travail. Aussi, la firme d’analyse suggère-t-elle aux clients touchés de négocier avec Microsoft l’extension sans frais supplémentaires de leur assurance logiciels (voir les recommandations de Gartner).
Une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule; devant la multiplication des téléchargements et les dépenses administratives qui s’ensuivent, Microsoft vient d’annoncer que des frais de 1,50 $ seront désormais imposés aux utilisateurs désireux de tester la version bêta d’Office 2007. Décision pour le moins surprenante, compte tenu des avantages certains que retire la multinationale de ce processus… et du succès qu’il remporte. C’est la première fois que le téléchargement d’une version préliminaire d’Office est frappé d’une telle mesure.