Direction informatique a discuté avec quelques experts qui s’accordent pour dire que la virtualisation s’est développée au point de devenir aujourd’hui une composante essentielle de la plupart des stratégies informatiques. Les entreprises l’adoptent de plus en plus pour réduire leurs coûts, mieux gérer les applications essentielles à leur mission et accroître la disponibilité de leur infrastructure informatique.
Utilisée depuis un certain temps dans le domaine des ordinateurs centraux et par les développeurs et testeurs de logiciels, la virtualisation gagne aujourd’hui l’intérêt des entreprises de toutes tailles qui l’utilisent pour réduire leurs coûts, consolider leurs équipements, systèmes et logiciels et gérer plus efficacement leurs parcs de serveurs et d’ordinateurs.
« Concrètement, explique Harry Bolner, vice-président chez Fusepoint, la virtualisation est un ensemble de technologies qui permet d’intégrer plusieurs systèmes d’exploitation et applications de façon à ce qu’ils fonctionnent simultanément dans un ordinateur ou un serveur. Cette approche rend ainsi possible le partage de ressources matérielles (unités de traitement, mémoire, etc.), de logiciels et d’applications (propriétaires ou maison). Cela permet, par exemple, à une organisation de pouvoir continuer d’utiliser des applications propriétaires qui n’ont pas été mises à jour sur des systèmes d’exploitation d’ancienne génération ».
M. Bolner ajoute que la virtualisation est particulièrement intéressante lorsqu’une modernisation matérielle s’impose et que l’on souhaite se doter d’une infrastructure extensible et redondante.
Les avantages de la virtualisation sont principalement associés à la réduction des coûts d’exploitation. Selon Harry Bolner, cette approche permet des gains de l’ordre de 40 % en gestion de systèmes et de 20 % en matériel, en logiciels et en tests.
« Pour beaucoup de compagnies, illustre Roch Cousineau, vice-président régional (Montréal) chez CA (Computer Associates), le plus grand avantage de la virtualisation des serveurs est la réduction de la quantité de matériel requis pour exécuter tous les logiciels exigés pour les affaires. La consolidation des serveurs par le biais d’un procédé de virtualisation fournit non seulement une réduction des machines physiques qui doivent être achetées et mises à jour, mais réduit également l’espace physique dont l’entreprise a besoin pour ses centres de traitement de données. La réduction de l’espace physique amène des économies au chapitre des composantes exigées pour soutenir le centre de traitement des données comprenant l’électricité, la réfrigération et les ressources. La rapidité pour fournir l’accès à des serveurs à différents projets est également un atout de la virtualisation. »
Lors d’une présentation à la Conférence sur les Logiciels Libres et les Administrations Publiques (CLLAP) l’automne dernier, Michael Lessard, architecte de solutions Linux, Est du Canada chez Red Hat, a expliqué les bénéfices de la virtualisation. Cette approche permet selon lui de réduire les coûts en améliorant l’utilisation des serveurs. « Elle permet une réponse rapide aux besoins des entreprises, une évolutivité opérationnelle, une capacité d’approvisionnement plus efficace et une meilleure disponibilité des affaires. Elle assure aussi une meilleure sécurité en isolant les systèmes », dit-il.
M. Lessard, certifié RHCE (Redhat Certified Engineer), CLP (Certfied Linux Profesionnal de Novell) et CPSA (Certified Platespin Analyst), a développé ces dernières années une expertise en virtualisation, notamment afin de répondre à l’initiative verte en technologie de l’information. Il soutient que grâce au modèle des logiciels libres, la virtualisation hérite d’une évolution très rapide tout en offrant des économies substantielles.
Daniel Renaud, directeur du service Systèmes et Sécurité chez Infoglobe à Québec, connaît bien les solutions de RedHat en matière de virtualisation puisque son équipe possède les certifications et accréditations requises pour les implanter chez ses clients. « RHEV nous facilite le travail, dit-il. Son interface est facile à comprendre, même pour nous qui passons nos journées à gérer des environnements et des systèmes. Dans un environnement virtualisé à partir des solutions libres, il n’y a pas besoin d’acheter une licence pour chaque serveur virtuel. Une seule licence suffit, même s’il y a 100 serveurs virtuels. La PME y trouve vite son compte. »
Daniel Renaud s’explique mal que la virtualisation soit peu exploitée au sein des administrations publiques: « Prenons l’exemple suivant: un organisme gouvernemental possède un parc de 8 serveurs en virtualisation. À compter de 16h, alors que les bureaux ferment et que la demande est réduite, il est possible de concentrer les applications qui doivent continuer de rouler sur un partie des serveurs et on met les autres en veille jusqu’au lendemain. On économise ainsi sur le matériel, l’entretien et l’électricité, notamment », explique-t-il.
Les inconvénients
Il ne faut toutefois pas jouer à l’autruche: la virtualisation comporte aussi son lot d’inconvénients. Roch Cousineau de CA cite notamment l’établissement d’un unique point de panne. « La virtualisation exige des machines puissantes, ajoute-t-il. Dans le cas contraire, elle pourrait provoquer une baisse du rendement. La virtualisation d’applications n’est donc pas toujours possible en raison de la gérabilité des différents hyperviseurs (gestionnaires de virtualisation de propriété industrielle), de la bandes passante nécessaire, de l’étalement virtuel et du stockage. La gestion d’un tel environnement est un défi important. »
Pour palier à ces inconvénients, il faut selon M. Cousineau une bonne gestion de la virtualisation: « Il faut chercher à augmenter l’agilité informatique par l’automatisation, qui permet une réponse dynamique et en temps réel à une demande commerciale changeante et chercher à réduire les coûts en rationalisant des procédés complexes et en permettant des pratiques allégées », dit-il.
La gestion en temps réel du rendement des services vitaux et des modifications et configurations des profils des utilisateurs permet également d’améliorer la qualité du service et la réduction des risques.
« Au fur et à mesure que les entreprises acquièrent plus d’expérience avec des technologies de virtualisation et commencent à en voir les avantages, elles peuvent commencer à implanter la virtualisation dansleurs environnements d’applications de production, souligne M. Cousineau. Quand des applications critiques sont déplacées dans les environnements virtualisés, plus d’outils de gestion sont nécessaires pour garantir l’efficacité et la disponibilité. »
Le niveau de complexité augmente alors de pair avec la taille et le nombre des environnements et des applications virtualisés. Les frontières entre les environnements physiques, virtuels et d’application s’estompent, ainsi des outils qui interagissent et abordent une variété de systèmes et de disciplines de gestion sont requis.
C’est pourquoi les experts recommandent aux entreprises qui souhaitent prendre le virage de la virtualisation de se fixer des objectifs financiers et d’exploitation et de les surveiller constamment. Cela doit permettre aux sociétés qui utilisent la virtualisation de mesurer les avantages et les inconvénients de l’adoption de cette technologie.
Steeve Laprise