Selon le CEFRIO, l’utilisation d’Internet au Québec ne cesse de progresser et de se diversifier. Le Web 2.0 y fait des adeptes, alors qu’on dénombre près d’un million de Québécois qui fréquentent les réseaux sociaux.
L’an prochain, cela fera dix ans que le CEFRIO mesure le niveau d’appropriation d’Internet par les Québécois et l’usage qu’ils en font.
Au fil des parutions de l’enquête d’envergure que constitue NETendances (140 000 Québécois ont été sondés à ce jour), on a pu apprécier la progression d’Internet au Québec et, à certains égards, la réduction du retard québécois. Le retard ayant depuis été rattrapé, on aurait pu s’attendre, avec la parution de l’édition 2007 de l’étude, à un certain ralentissement, voire un plafonnement de l’utilisation d’Internet, ce que laissaient présager les dernières parutions de l’étude.
Or, il n’en est rien : l’utilisation d’Internet au Québec ne cesse de progresser et d’évoluer au même rythme que le réseau lui-même. Il n’y a pas lieu de parler d’essoufflement. Ainsi, on apprend qu’en 2007 plus de sept adultes québécois sur dix (71 %) l’utilisaient régulièrement, c’est-à-dire au moins une fois par semaine; cela représente 4,4 millions d’individus.
En comparaison, cette proportion était de 65,8 % en 2006 et de 63,5 % en 2005. Dans son ensemble, le Canada affichait l’an dernier une proportion d’internautes réguliers de 65,9 %. « C’est la première fois que le Québec dépasse le Canada, se réjouit Najoua Kooli, directrice de projet au CEFRIO. On le dépasse de six points. »
Web 2.0
Une autre des nouveautés mises de l’avant par l’édition 2007 de l’étude est l’analyse de l’utilisation du Web 2.0. C’est la première fois que les auteurs de l’étude s’intéressent spécifiquement à ce phénomène qui, bien qu’il ne soit pas encore le lot d’une majorité de Québécois, n’est pas marginal.
Ainsi, on apprend que 17 % de ceux-ci ont joint des réseaux sociaux tels que Facebook ou LinkedIn, ce qui représente un million d’individus, que 16 % font un usage de la baladodiffusion, que 15 % ont déposé des photos sur des sites de partage d’images comme Picasa ou Flickr et que 11 % donnent accès à des vidéos en les plaçant sur des sites comme YouTube ou TonTuyau. Malgré que ce ne soit que 8 % des Québécois qui ont leur propre blogue, c’est tout de même plus du quart des adultes québécois (26 %) qui consultent régulièrement des carnets Web. En outre, près de deux Québécois sur dix (19 %) utilisent des wikis tels que l’encyclopédie collaborative Wikipédia.
« Le croisement de ces informations avec celles de notre département de cybermétrie démontre que le Web 2.0 est plus qu’une tendance », lance Philippe Le Roux, président de l’agence Internet VDL2, un des partenaires de l’étude qui a été effectuée par Léger Marketing. « Le phénomène est entré dans les moeurs d’une partie significative de la population. »
Cela étant dit, M. Le Roux déplore le peu d’attention qu’accordent les entreprises québécoises aux applications du Web 2.0 et à Internet dans son ensemble, alors qu’il est utilisé par un nombre croissant de Québécois pour faire des achats de biens ou de services. Ainsi, 19 % des Québécois ont fait mensuellement des achats sur Internet en 2007, comparativement à 15 % un an plus tôt, et 30 % l’ont utilisé pour se renseigner avant d’acheter, comparé à 28 % en 2006. « La clientèle est majoritairement sur Internet, affirme-t-il. Mais les compagnies ne sont pas prêtes à relever ce défi actuellement. Elles pensent trop peu à Internet quand elles élaborent leur stratégie de développement. Elles commencent à peine à considérer la dimension Internet. »
Une autre nouveauté soulignée par la dernière parution de NETendances est la téléphonie IP, qui connaît un engouement sans précédent au Québec. En fait, la proportion des Québécois étant abonnés à un service de téléphonie IP ou par câble est passée de 10 % en 2005 à 16 % en 2006 pour ensuite bondir à 44 % en 2007. Cela représente une croissance fulgurante de 28 points de pourcentage entre 2006 et 2007!
Données persistantes
Si beaucoup de choses ont changé en 2007 par rapport aux éditions précédentes de NETendances, le profil sociodémographique de l’internaute québécois, lui, a peu changé, dans la mesure où c’est toujours majoritairement un homme, jeune, bien nanti, plus scolarisé que la moyenne et ayant des enfants. Ainsi, 92 % des 18-24 ans et 88 % des 25-34 ans étaient des utilisateurs réguliers d’Internet en 2007, versus 34 % des gens âgés de 65 ans et plus. 88 % des adultes disposant d’un revenu familial de plus de 60 000 $ utilisaient Internet sur une base régulière en 2007.
D’ailleurs, l’ampleur du clivage s’amoindrit sans cesse. Par exemple, 74 % des hommes sont des internautes réguliers, versus 69 % pour les femmes, ce qui représente une différence de 5 points de pourcentage; en comparaison, la différence était de 6 points en 2006, de 7 points en 2005 et de 12 points en 2004. En ce qui concerne l’âge, la différence entre les 18-24 ans et les 25-34 ans, par exemple, est passée de 8 points en 2005 à 6 points en 2006 et à 4 points en 2007.
Dans la même veine, Internet est toujours utilisé avant tout pour communiquer. C’est dans cette perspective que la majorité des Québécois ont une adresse de courriel (67 %) et s’en servent pour communiquer avec leurs parents ou amis (65 %). Ces proportions étaient, respectivement, de 63 % et de 60 % en 2006.
La deuxième utilité d’Internet est encore le divertissement : 27 % des Québécois s’en servent pour écouter ou télécharger de la musique, contre 22 % en 2006, et 20 % pour visionner ou télécharger des vidéos, comparativement à 13 % en 2006. Le jeu en ligne était, pour sa part, le lot de 16 % des Québécois en 2007, contre 15 % un an plus tôt. Il y a donc également une croissance à ce niveau.
« Le Québec est probablement dans une situation de mutation », de conclure Mme Kooli, en référence à la situation de démocratisation croissante qui caractérise actuellement le développement du « réseau des réseaux » à l’échelle mondiale.
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.
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