HP exploite à Montréal un laboratoire d’envergure mondiale qui est dédié aux activités de recherche et développement pour les logiciels qui ont trait aux composantes de réseautique mobile. Petite visite du centre situé dans le Technoparc Montréal.
Le fabricant d’équipement d’informatique HP, qui est présent au Canada depuis 1966, exploite depuis 2010 un centre de recherche et développement dans l’arrondissement Saint-Laurent à Montréal.
Précisément, le centre est voué à la recherche, au développement et à l’essai de logiciels pour les équipements de réseautique sans fil de type Wi-Fi. On y développe en majorité des logiciels embarqués pour l’ajout de nouvelles fonctions au sein de composantes telles que des points d’accès, des contrôleurs et des commutateurs. Également, le centre montréalais a déjà produit un logiciel qui se retrouve dans une application de gestion et de surveillance de réseaux locaux sans fil.
Cet établissement est l’un des six centres de R-D que HP exploite à travers le monde. Le centre a été établi dans la métropole québécoise à la suite de l’acquisition par HP en 2008 de Colubris Networks, un fabricant de routeurs pour réseaux locaux qui était situé à Laval.
Le tour du propriétaire
HP a convié les médias spécialisés en technologies de l’information à visiter le centre de recherche et développement montréalais en compagnie de Stéphane Laroche, qui est architecte principal, Réseaux sans fil, chez HP Canada. M. Laroche était responsable de l’ingénierie chez Colubris Networks au moment de l’acquisition de l’entreprise par la multinationale américaine.
Dans les chambres anéchoïques du centre de R-D de HP à Montréal, des composantes de réseautique sans fil sont mises à l’essai afin de vérifier si elles peuvent causer des interférences lors de leur utilisation.
Lors de la visite, il a été permis de voir une pièce aérée et tempérée où une douzaine d’armoires contiennent des composantes de réseautique sans fil, principalement des points d’accès. Ces composantes sont soumises à une batterie de tests qui ont trait à de nouvelles fonctionnalités, mais aussi à la connectivité, à l’interopérabilité, à la performance et à l’échelonnabilité du matériel, en fonction des logiciels développés par le centre de R-D, afin de constater quelles sont les limites des produits. Chaque test dure de deux à dix minutes, mais une série d’essais peut durer jusqu’à 48 heures. Près des armoires, trois moniteurs affichent les résultats de tests automatisés qui sont réalisés à l’aide d’un logiciel maison.
À une extrémité de la salle informatique, deux chambres anéchoïdes agissent comme des cages de Faraday en isolant leur contenu des interférences des radiofréquences et des champs électromagnétiques. Ces salles étanches sont utilisées afin de vérifier si le matériel mis à l’essai émet des ondes qui pourraient interférer avec d’autres composantes matérielles lors de leur utilisation.
Dans des espaces de travail situés aux alentours de la pièce, des employés du centre de R-D effectuent des tests manuels et des essais d’interopérabilité avec des composantes qui sont dotées des logiciels développés à Montréal, tandis qu’une équipe d’ingénieurs développe lesdits logiciels.
Les porte-parole de HP ont refusé d’indiquer combien de personnes travaillaient au centre montréalais de recherche et développement. Toutefois, M. Laroche a souligné que le centre de R-D employait des ingénieurs hautement qualifiés qui ont des compétences en développement de logiciels embarqués et en réseautique sans fil.
« Nous sommes bons pour attirer des gens lorsqu’ils sont informés de notre existence, explique M. Laroche, lorsque questionné à propos des impacts de la pénurie de main-d’oeuvre sur l’embauche de personnel par le centre de R-D. Les personnes ayant les bonnes compétences sont difficiles à trouver, mais
Stéphane Laroche, architecte principal, Réseaux sans fil, HP Canada
lorsque nous les trouvons, elles s’avèrent être très bonnes. »
Enjeux et orientations
M. Laroche a fait état des multiples enjeux et tendances qui ont trait à la réseautique sans fil, ce qui influence les orientations de recherche et de développement du centre montréalais de R-D de HP.
« Les enjeux en réseautique sans fil, au sein des organisations, sont liés à l’adoption de l’infonuagique, au recours à la virtualisation, à la montée de la mobilité, à l’utilisation de contenu multimédia et à la consommarisation des TI, avec la tendance ” apportez votre propre appareil “, a indiqué M. Laroche. Aussi, il y a une croissance de la complexité des réseaux, un besoin de gestion de nuages informatiques mixtes ou privés et des enjeux de sécurité des appareils mobiles et du monde virtuel, sans oublier le temps requis pour la fourniture de service pour les nouvelles applications et le coût de livraison des services aux appareils mobiles. »
« Lors de leurs déplacements, les gens s’attendent que la réseautique mobile et l’accessibilité aux applications commerciales fonctionnent bien. Or, présentement, plus les appareils utilisés sont mobiles, plus la richesse de l’expérience utilisateur diminue », a commenté M. Laroche.
« Les employés des organisations, qui alimentent les besoins liés à la mobilité, s’attendent à avoir davantage d’accessibilité et de capacité au niveau des réseaux locaux sans fil (WLAN), en plus de pouvoir utiliser leurs appareils personnels. Du côté des organisations, on a besoin de réduire les coûts et la complexité des infrastructures », a-t-il ajouté.
En affirmant que l’avenir de la réseautique évoluait sans aucun doute vers la mobilité, M. Laroche a indiqué qu’il fallait être prudent quant à l’adoption du sans-fil au sein des organisations pour l’exécution de certaines applications. « La plupart des applications et des marchés verticaux préféreront un réseau local hybride. Également, certaines applications essentielles conserveront le recours à la réseautique filaire. Il faut se concentrer sur les applications qui sont déjà prêtes à effectuer un virage vers le sans-fil. », a-t-il affirmé.
M. Laroche a indiqué que la recherche et le développement de logiciels nécessitaient l’exécution de tâches au niveau de la gestion des programmes, de l’architecture de système (« pour comprendre ce dont le marché a besoin et adhérer aux standards »), des tests, de la fabrication (afin de recourir à des procédés de fabrication efficaces) et de la production de documents techniques.
L’architecte en réseautique a confirmé que des innovations au niveau des logiciels pour les équipements de réseautique sans fil, qui avaient été développées à Montréal, ont été brevetées ou étaient en instance de brevet. Il a ajouté que HP prônait la soumission des innovations auprès des organismes de standardisations, aux fins d’une inclusion aux normes internationales en réseautique sans fil.
Interactions locales
Durant la visite, M. Laroche a expliqué que le centre de R-D de Montréal collaborait avec l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire CERN, dans le cadre du projet CINBAD (CERN Investigation of Network Behavior Anomaly Detection), qui porte sur l’utilisation de la réseautique mobile aux fins de l’entretien de l’accélérateur de particules Grand collisionneur d’hadrons et du projet WIND (Wireless Infrastructure Network Deployment), qui porte sur les grands déploiements de points d’accès qui sont destinés à une utilisation par un grand nombre de personnes.
À propos des interactions du centre montréalais de R-D de HP Canada avec les centres de recherche des universités québécoises, M. Laroche a indiqué qu’il n’y avait pas de partenariats formels entre le centre et ces établissements, mais il n’a pas précisé s’il y avait des ententes informelles avec des établissements. Il a ajouté que le centre de R-D montréalais était ouvert à des collaborations avec des établissements d’enseignement à travers le monde.
M. Laroche a indiqué que le centre de R-D de Montréal de HP n’effectuait pas d’essais de produits de réseautique sans fil en fonction des conditions environnementales ou météorologiques. Toutefois, il n’exclut pas la réalisation de mises à l’essai de réseaux sans fil dans des conditions réelles au Québec – par exemple, lors d’un événement sportif ou d’un festival. Selon M. Laroche, la réalisation de tels essais dépendrait des relations entre le centre de R-D et les fournisseurs de services de télécommunications locaux.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.