Services à la demande, architecture orientée services, impartition… autant de facteurs qui contribueront à l’avènement de profonds changements en 2007, selon plusieurs observateurs.
Les prédictions relatives à l’industrie des TI abondent en ce début d’année. Comme le veut la tradition, les analystes présentent les percées, les technologies et les autres éléments qui, estiment-ils, prévaudront au cours des douze prochains mois. À leurs voix, s’ajoutent dorénavant celles des blogueurs.
Résultat : les points de vue paraissent plus nombreux que jamais. Pour mieux s’y retrouver, et puisqu’il est impossible d’en faire un compte-rendu exhaustif, nous retiendrons particulièrement les commentaires de quatre organisations : les firmes d’analyse IDC, Gartner et Nucleus Research, ainsi que le magazine CIO Insight.
Chacun d’eux entrevoit des changements importants, voire des bouleversements, au cours des prochaines années. Selon IDC, 2007 marquera le début d’une ère « d’hyperupture » (hyperdisruption en anglais), c’est-à-dire une perturbation considérable de l’ordre établi, affectant plusieurs secteurs de l’industrie à la fois et engendrant des changements structurels majeurs. De petites entreprises deviendront grandes, des logiciels prendront la forme de services et vice-versa, et les marchés affaires et grand public se confondront de plus en plus, prédit IDC.
Les enquêtes menées l’année dernière par CIO Insight vont dans le même sens : 67 % des dirigeants consultés estiment que leur service des TI connaît plus de changements que jamais. Le changement, conclut le magazine, est bien la seule certitude sur laquelle les responsables de l’informatique pourront compter cette année. Douloureuses dans de nombreux cas, ces conditions pourraient aussi s’avérer rentables à qui sait s’adapter. En TI et en affaires, les dirigeants devront réviser les méthodes visant à créer de la valeur au profit du client, indique Gartner – selon qui priorités, marchés, cultures et technologies sont en rapide évolution.
Technologies à la demande
Dans ce scénario, la mondialisation conservera le premier rôle. La croissance sera principalement stimulée par les marchés émergents, alors que, d’après IDC, les dépenses en TI croîtront de 6,6 % à l’échelle mondiale (6,1 % en Amérique du Nord), comparativement à 6,3 % en 2006. Qui dit marchés en développement, dit PME, terreau idéal pour la croissance des services à la demande et du logiciel service.
Les participants à un sondage récent de Nucleus Research ont adopté les technologies à la demande dans une proportion de 55 %, alors que 66 % d’entre eux prévoient le faire « dans un avenir rapproché ». La souplesse et les faibles coûts initiaux des services à la demande, de même que l’innovation qui les caractérise, continueront à poser un défi aux fournisseurs traditionnels en 2007. La gestion des relations avec la clientèle, la gestion de projet, la gestion de contenu et la collaboration seront des domaines privilégiés pour le recours aux services à la demande. Selon Nucleus Research, le secteur public et les OSBL, reconnus pour leur usage marginal des technologies, tireront de ce concept des avantages importants : amélioration de la productivité, réduction du coût des TI et accroissement de l’efficacité, notamment.
Architecture orientée services
Les services à la demande et les logiciels convertis en service accéléreront l’adoption de l’architecture orientée services (AOS, ou SOA en anglais), fondement sur lequel reposeront les TI de prochaine génération, estime IDC. Si, pour cette firme, il s’agit là de conditions favorisant l’innovation, chez CIO Insight en revanche on se dit incertain de la capacité des architectures axées sur les services à susciter des façons novatrices d’utiliser les technologies de l’information. Chose certaine, le concept est appelé à se répandre. Nucleus Research estime qu’il entraînera un meilleur rendement des investissements en TI.
Impartition et autres facteurs
Dans le marché de l’impartition, Gartner prévoit une intensification de la concurrence, ce qui risque de faire disparaître plusieurs joueurs au cours des prochaines années. Nucleus Research est d’avis que l’ère des impartiteurs tirant profit d’une main-d’oeuvre à bon marché tire à sa fin. Les technologies à la demande, l’omniprésence des connexions réseautiques et l’amélioration du service à la clientèle en sonneront le glas. Ce qui pave la voie à l’externalisation 2.0 (ou BPO – Business Process Outsourcing – 2.0), caractérisée par le recours à une main-d’oeuvre dispersée, ainsi que des interactions client plus souples et plus agiles.
Par ailleurs, la sécurité demeure une préoccupation et fera encore partie de la rançon des affaires, avertit CIO Insight. Plutôt que de se limiter à l’installation de pare-feu et à l’application de règles, toutefois, elle s’inscrit dorénavant dans un processus essentiel visant à réduire les risques stratégiques et juridiques. Pour se convaincre de l’importance toujours renouvelée de la sécurité, il suffit de mentionner cette prédiction de Gartner : d’ici à la fin de l’année, 75 % des organisations auront été infectées par des programmes malveillants, à caractère financier.
En terminant, un mot sur la conformité : d’après CIO Insight, elle perdra peu à peu son statut de priorité urgente, la plupart des entreprises ayant effectué le travail exigé par la loi Sarbanes-Oxley. Gartner abonde dans le même sens, prévoyant que la responsabilité sociale des entreprises prendra le pas sur la conformité d’ici à 2009.
Bref, une année qui s’annonce stimulante, mais à plusieurs égards difficile. Selon la formule d’IDC, l’une des plus tumultueuses dans l’histoire des TI.