Le concept de la gestion des droits numériques, controversé dans le milieu de la musique, pourrait être bénéfique pour la sécurité et la qualité des processus d’une organisation.
La gestion des droits numériques, soit le contrôle des documents numériques par des mesures techniques de protection, suscite la controverse par sa restriction de l’utilisation des contenus musicaux. Toutefois, une variante de l’approche pourrait trouver preneur à propos des contenus utilisés en entreprise pour l’amélioration des processus internes.
Au niveau des entreprises et des organisations, le concept de gestion des droits numériques est encore peu répandu, bien que des secteurs comme ceux des musées et des bibliothèques s’y intéressent davantage. Quelques sites Web et documents PDF empêchent la copie des contenus, une poignée de solutions commerciales sont disponibles sur le marché, la version courante de la suite de bureautique Office incorpore des mécanismes de « gestion des droits de l’information », mais peu d’entités ont adopté l’approche à ce jour.
Pourtant, selon Peter Sargent, analyste principal au sein de la firme américaine Jupiter Research, il existe un réel potentiel d’utilisation de la gestion des droits numériques au sein des organisations, mais à un niveau qui outrepasse celui de la sécurité en termes de confidentialité de l’information.
« L’approche procure une sécurité au niveau du document qui diffère des mesures traditionnelles, où l’on retrouve un environnement sécurisé derrière un pare-feu et une authentification des personnes pour accéder au document. Avec la gestion des droits numériques, la sécurité devient persistante et l’accompagne là où il se trouve », indique M. Sargent.
« Mais le succès à long terme de cette approche est qu’elle procure des façons de mieux comprendre et mieux suivre les processus d’affaires. Ces technologies donnent la capacité de développer des contrôles qui permettent de savoir qui accède quand à un document, pour quelle durée et pour y apporter quelles modifications, ce qui outrepasse la pure sécurité. Cela permet d’améliorer l’assurance de la qualité ainsi que le contrôle des changements des documents », ajoute-t-il.
L’analyste, qui estime que le marché de la gestion des droits numériques (également appelée gestion des droits d’entreprise) pourrait générer des revenus de 200 à 300 millions $US aux États-Unis dans quelques années, souligne que plusieurs solutions dédiées aux entreprises sont déjà présentes sur le marché et que des joueurs comme Adobe et Microsoft ont récemment fait leur entrée dans ce créneau.
Il ajoute que les secteurs des services financiers, de la santé, de la pharmaceutique, de la fabrication et les gouvernements semblent être des utilisateurs précoces, eux qui ont des processus uniques en place et des informations critiques qui nécessitent un certain contrôle.
« Les déploiements de cette technologie sont localisés, soit dans un département, pour des processus ou des actifs très spécifiques, et non nécessairement d’un bout à l’autre de l’organisation. Nous entendrons sûrement parler de déploiements d’un bout à l’autre d’une entreprise, mais la majorité continuera d’avoir lieu au niveau des groupes de travail », avance-t-il.
Passation de pouvoir
Selon M. Sargent, une leçon à tirer de l’expérience controversée vécue dans le contexte de la musique se situe au niveau de l’aisance d’application. Ainsi, ces nouveaux contrôles en entreprise doivent être transparents, simples à utiliser et ne pas interrompre les activités d’affaires courantes.
« Dans le monde du divertissement, on veut [ainsi] se protéger contre la perte d’argent, alors que dans celui de l’entreprise, on veut protéger ses actifs. Un dirigeant, un gérant et un employé comprennent tous que la propriété intellectuelle d’une entreprise doit être protégée et que les enjeux d’amélioration des processus d’affaires constituent une valeur ajoutée. Dans la plupart des cas, tous les gens qui utilisent ces solutions au sein d’une entreprise sont en accord avec le pourquoi de la gestion des droits numériques, et le seul enjeu qui réside est de ne pas rendre la tâche difficile à l’implantation.
« Non seulement il faut informer et former les employés d’une organisation à propos des technologies reliées à la gestion des droits numériques, mais puisque certaines technologies permettent que des contrôles soient gérés par les individus et non par l’organisation, il faut aussi leur conférer le pouvoir de s’en servir », suggère M. Sargent.