Un nouveau rapport de Deloitte Canada révèle des lacunes croissantes dans l’accès des Canadiens à la technologie numérique et au développement des compétences, ainsi qu’une menace accrue pour leur vie privée et leur sécurité en ligne.
Le rapport sur l’équité numérique révèle que les écarts ont un impact plus important sur certains groupes canadiens privés d’équité et marginalisés, ce qui démontre qu’il ne s’agit pas simplement d’un problème d’accessibilité rurale par rapport à urbaine.
« Le genre de lignes démographiques qui ressortent sont l’âge, l’origine ethnique, le revenu et la géographie », a déclaré Jamie Boyd, chef national du gouvernement numérique chez Deloitte Canada.
À la fin de 2021, Deloitte a mené deux sondages auprès de près de 2 000 Canadiens, chacun pour évaluer leur accès à la technologie numérique et leur niveau de confort avec celle-ci. Le rapport a révélé que le Canada accuse un retard en matière d’équité numérique et a mis en évidence les défis liés à l’accès, à l’abordabilité, à la littératie numérique et à la cybersécurité. Il a constaté que ces défis ont un impact disproportionné sur les peuples autochtones, les membres de la communauté 2SLGBTQ+, les communautés racialisées, les immigrants récents, les personnes handicapées, les personnes âgées et les femmes.
Les Canadiens plus âgés ont du mal à adopter des compétences numériques, la moitié des adultes de plus de 65 ans ayant le sentiment qu’ils ne peuvent pas se protéger contre les incidents de cybersécurité.
De plus, les Canadiens à faible revenu ont du mal à accéder aux appareils. Le nombre d’appareils par personne, en moyenne, est d’environ un. Mais lorsque l’on examine les ménages à faible revenu, avec un revenu inférieur à 50 000 $, il diminue à 0,7 appareil par personne.
« Tout à coup, vous avez quelqu’un à la maison qui essaie de faire de l’apprentissage en ligne. Et cette personne partage l’ordinateur avec ses parents, qui l’utilisent peut-être aussi pour leur propre formation continue ou leur travail. Et donc vous commencez à voir des défis assez complexes qui sont très omniprésents », a déclaré Jamie Boyd.
Le rapport s’est également penché sur le harcèlement en ligne, révélant que les incidents d’intimidation en ligne sont plus de deux fois plus fréquents envers les groupes minoritaires.
Plus de 60 % des répondants autochtones ont déclaré avoir été victimes d’intimidation en ligne. L’enquête a également révélé que plus de Canadiens d’origine moyen-orientale, africaine ou asiatique ont été victimes d’intimidation ou de discrimination en ligne, par rapport aux Canadiens blancs ou européens.
Deloitte ajoute que la lutte contre les contenus préjudiciables qui ne sont pas couverts par les lois sur la cybercriminalité devient compliquée. La modération ou la suppression de contenu peut affecter les droits à la vie privée et à la liberté d’expression, et peut facilement dégénérer en censure. En fait, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a déclaré que presque tous les pays qui ont adopté des lois relatives au contenu en ligne ont compromis les droits de l’homme en le faisant.
Deloitte a suggéré que pour lutter contre les fausses informations et les contenus préjudiciables, les réglementations devraient se concentrer sur l’amélioration de la modération des contenus.
Outre le contenu préjudiciable en ligne, Deloitte a également souligné le manque d’éducation numérique et le manque de compétences technologiques qui affligent de nombreux Canadiens.
« Seuls 44 % des répondants de moins de 35 ans estiment que leur éducation peut les préparer à réussir dans l’économie numérique. Et ce sont les jeunes. Cela rend donc la tâche assez difficile », a déclaré Jamie Boyd. De plus, près de la moitié des répondants déclarent ne pas savoir où aller pour acquérir des compétences numériques.
Les universités, collèges et autres établissements d’enseignement postsecondaire peuvent être lents à s’adapter à l’évolution des compétences techniques nécessaires à la main-d’œuvre, ce qui explique pourquoi de nombreux diplômés ne sont pas préparés aux nouvelles normes technologiques. La pandémie a aggravé ce problème, un peu moins de 80 % des employeurs canadiens affirmant que cela a changé leur façon de travailler et qu’ils ont maintenant besoin de plus d’employés possédant des compétences en TI.
Le rapport suggère que l’éducation aux compétences numériques doit commencer dès le plus jeune âge.
« Il est essentiel que les élèves commencent à développer leurs compétences numériques de la maternelle à la 12e année, ce qui est souvent la première occasion pour les jeunes d’expérimenter la technologie dans un environnement guidé », a indiqué la société dans le rapport.
Le rapport ajoute que l’éducation postsecondaire devrait s’appuyer sur cette base de littératie numérique en offrant aux étudiants un répertoire plus avancé de compétences numériques qui peuvent être adaptées à des intérêts de carrière spécifiques. Mais les compétences numériques sont importantes à acquérir quel que soit le cheminement de carrière. Tous les étudiants de niveau postsecondaire doivent développer des compétences telles que la capacité de collaborer numériquement, d’évaluer l’exactitude des informations en ligne et de créer du contenu à l’aide d’outils numériques.
Plusieurs personnes interrogées ont parlé du nombre croissant d’occasions pour les étudiants de niveau postsecondaire et les travailleurs en milieu de carrière d’acquérir des compétences numériques recherchées, comme la capacité d’utiliser des outils de collaboration en ligne. Ils ont souligné les micro-diplômes, les modèles de « bootcamp » et d’autres options de formation à temps partiel ou accélérée pour répondre aux différents besoins, préférences et circonstances des personnes.
« Les Canadiens doivent absolument savoir comment travailler, vivre et prospérer dans le monde numérique. Quarante-sept pour cent des personnes ne savent pas comment améliorer leurs compétences numériques. Ce n’est pas génial… Donc, comme nous l’avons mis de l’avant dans le rapport, les Canadiens doivent savoir comment utiliser la technologie numérique en toute sécurité, en toute confiance et efficacement, simplement parce qu’une grande partie de notre vie se passe dans le monde numérique et qu’il continue d’évoluer. Notre point de vue à ce sujet est donc que les systèmes d’éducation canadiens d’un océan à l’autre doivent avoir plus de normalisation et, franchement, des compétences numériques mieux financées et des stratégies d’éducation. »
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.