PERSONNALITÉ DU MOIS Lionel Hurtubise, ex-président du conseil d’Ericsson Canada, est la personnalité du mois d’octobre 2006 en TI au Québec.
Lionel Hurtubise n’a que 27 ans lorsqu’il devient numéro un de la division des radios taxis et radars de marine chez Marconi Canada. À cette époque – au début des années 1960 – aucun dirigeant au sein de l’entreprise n’est âgé de moins de 47 ans, de sorte que l’on préfère lui octroyer le titre de directeur intérimaire de la production. Son prédécesseur à ce poste a une telle foi en son dauphin, cependant, qu’il menace de démissionner si le jeune homme n’obtient pas les pleins pouvoirs. Et il les obtiendra. Car le destin de Lionel Hurtubise est tout tracé : cet homme est fait pour mener.
Sa carrière est un enchaînement de postes de haute direction, dont la présidence d’Ericsson Canada et celle de son conseil d’administration, qu’il a assumées à compter de 1986, jusqu’à sa retraite l’année dernière. Sans oublier la série d’honneurs qui lui ont été décernés : Bâtisseur de la revue Commerce, prix IWAY CANARIE, Management Achievement Award de l’Université McGill, doctorats honoris causa de diverses autres institutions et, récemment, nomination au panthéon (Hall of Fame) des Canadian Information Productivity Awards (CIPA), pour n’en nommer que quelques-uns. Il a même été consul honoraire de Suède à Montréal, de 1997 à 2002.
Dès 1968, ainsi, il devient directeur général de la division Kaar Electronics qu’exploite Marconi à Palo Alto, au coeur de la Silicon Valley d’aujourd’hui. Deux années durant, il s’acquittera de ces vastes responsabilités, malgré l’obligation de ne passer que quelques semaines à la fois en Californie, n’ayant pu obtenir son permis de travail des autorités américaines. Sa femme et ses cinq enfants sont donc contraints de rester à Montréal, sa ville natale.
Au bout de deux ans de ce régime, il rentre au bercail. Il se joint à International Systcoms, qui lui offre le poste de vice-président et directeur général de sa division radios et téléphones. Cette entreprise figure alors parmi les plus importants fabricants de téléphones mobiles. Même si ces appareils sont encore très marginaux, Systcoms se taille un important marché en Alberta, dans le domaine de l’exploitation pétrolière. Quelque 25 000 téléphones mobiles sont vendus dans cette seule province, comparativement à 35 000 dans l’ensemble des États-Unis…
Lionel Hurtubise prend la présidence de Systcoms en 1977, puis vend l’entreprise cinq ans plus tard, à un prix qu’il juge avantageux encore aujourd’hui. Il se dit très fier du travail qu’il a accompli au sein de cette organisation, pratiquement en faillite lorsqu’il y est entré, précise-t-il.
D’abord réticent à travailler dans le secteur public, il finit par devenir président fondateur du Centre de microélectronique de l’Ontario, dont la mission est de promouvoir l’utilisation des circuits intégrés au sein de la PME. Avec son épouse – ses enfants volent maintenant de leurs propres ailes – il élit domicile à Ottawa. Il y reste jusqu’en 1986, apprenant à connaître la fonction publique et bénéficiant du « grand dévouement » dont font preuve les fonctionnaires.
Prochaine étape : Ericsson, où on le fait président et chef de la direction de l’organisation canadienne. À ce moment, la société Cantel (devenue Rogers) vient de confier à l’entreprise suédoise la mise sur pied de son réseau de téléphonie mobile. Le principal défi du nouveau président consiste à coordonner les efforts de ses troupes dans le cadre de cet imposant contrat. C’est sous son mandat également que le centre de R-D d’Ericsson Canada, dont les opérations se déroulent à Montréal, a pris une vaste ampleur. À son apogée, il devient la troisième plus grande organisation du genre au pays, comptant 1 850 employés.
Lionel Hurtubise conserve ce poste jusqu’en 1994, année où il devient président du conseil. Il choisit alors de réduire graduellement ses activités en prévision de la retraite. Il faut dire qu’il n’a jamais chômé; en plus des emplois exigeants qu’il a occupés, il a siégé à quantité de conseils d’administration au fil des ans, présidant celui de l’Institut national des télécommunications, d’Innovatech et du CRIM notamment. Même à la retraite, il demeure membre de trois autres CA.
La recette de son succès est simple : entretenir de bonnes relations avec patrons et employés, garder à jour ses connaissances en matière de technologies et savoir se vendre au moment opportun. « J’ai toujours essayé de me mettre dans la peau de mon patron pour savoir ce qu’il attendait de moi, dit-il. Une fois que je l’avais compris, j’essayais de dépasser ses attentes. Quand un patron me disait que j’avais atteint mes objectifs, je n’étais pas satisfait, car je voulais aller plus loin. »
À l’évidence, la formule a porté fruit.
Le choix de la Personnalité du mois en TI au Québec est le fruit d’une collaboration entre la Fédération de l’informatique du Québec, Direction informatique et de nombreux partenaires.