La sécurité, l’efficacité et la rentabilité sont présentées comme les principaux moteurs de la popularité croissante des technologies d’identification numérique comme la reconnaissance faciale, mais elles présentent d’importants risques pour la vie privée, révèle dans un nouveau rapport l’organisation de défense juridique Justice Centre for Constitutional Freedoms (JCCF) de Calgary.
Cette technologie effectue une vérification d’identité en comparant des images numériques ou des captures vidéo avec les images faciales stockées dans une base de données, a noté FinancialNewsMedia.com.
« La géométrie du visage comprend des caractéristiques telles que la largeur du nez, la distance entre les yeux et la distance entre le front et le menton », a expliqué un rapport récent de Market.us. « Ces mesures sont utilisées pour créer une formule mathématique connue sous le nom de “signature faciale”. La signature stockée compare la structure physique de leur visage pour confirmer l’identité d’un individu. »
Le JCCF soutient que de tels programmes d’identification numérique « portent atteinte à la “personnalité inviolée” ou à la dignité humaine de leurs utilisateurs », ajoutant : « La vie intime ou privée des êtres humains ne peut être capturée par un catalogue de faits les concernant. »
L’organisme a ajouté que les technologies d’identification numérique telles que la reconnaissance faciale, la biométrie, l’intelligence artificielle et même le crédit social désavantagent structurellement les individus lorsqu’ils ne savent pas quand leurs informations sont collectées, stockées ou utilisées, ce qui érode la possibilité d’un consentement éclairé.
« Lorsque ces technologies sont combinées avec (a) des lois sur la protection de la vie privée insuffisamment robustes et (b) l’apathie institutionnelle quant à la valeur de la confidentialité des informations, les Canadiens risquent d’être perdants », a affirmé le JCCF.
Mais l’adoption reste élevée alors que les agences gouvernementales, l’industrie du voyage et le secteur de la vente au détail s’efforcent de tirer parti des avantages des programmes d’identification numérique, notamment une productivité accrue et moins d’interférences humaines.
Le même rapport de Market.us a montré que le marché de la technologie de reconnaissance faciale devrait atteindre plus de 19 milliards de dollars américains d’ici 2032, le segment du contrôle d’accès représentant 36 % du chiffre d’affaires mondial en 2022.
La société de technologie de logiciels de sécurité VSBLTY a annoncé mardi qu’elle remplaçait tous les systèmes d’accès au bureau traditionnels, y compris les cartes-clés, les porte-clés et les mots de passe numériques, par une technologie de reconnaissance faciale.
La société affirme que la technologie avancée de reconnaissance faciale, qui a jusqu’à présent été déployée dans son siège social au Mexique, permet aux employés d’entrer sur le lieu de travail sans points de contrôle physiques, tandis que les caméras de vidéosurveillance et les logiciels basés sur l’IA vérifient leur statut. Si le système identifie une personne non autorisée ou un employé problématique licencié, la sécurité du bâtiment en est immédiatement informée.
« Les employés qui oublient des mots de passe, perdent des cartes-clés et des porte-clés peuvent être à la fois un cauchemar administratif et un fardeau financier pour les entreprises », a souligné le directeur général de VSBLTY, Jay Hutton. « Ce déploiement de notre produit Vector basé sur l’IA pour le contrôle d’accès et la sécurité des bâtiments atténue de nombreux problèmes inhérents aux systèmes de contrôle d’accès traditionnels. »
Le programme déclenche également des alertes lorsque des armes ou des comportements suspects sont détectés, a souligné la société.
Le JCCF a reconnu que les criminels profiteront des protections de la vie privée pour réduire les risques d’être pris et poursuivis, mais soutient que cela ne devrait pas « servir de prétexte pour violer la vie privée, la sécurité, l’autonomie et la dignité d’une population qui, dans son ensemble, obéit aux lois ».
Le rapport souligne que lorsque les programmes d’identification numérique scrutent les espaces personnels et intimes des gens, l’être humain est traité comme un objet d’étude, d’analyse et de prédiction. La valeur intangible de la vie privée, a affirmé le JCCF, est dérisoire par rapport à la valeur tangible des technologies d’identification numérique comme la reconnaissance faciale dans des domaines tels que la commodité ou la sécurité nationale, mais cela ne signifie pas que la vie privée est sans valeur.
« Aujourd’hui, la valeur de la vie privée n’a pas de défendeur dans les débats modernes sur les politiques publiques », a déclaré l’organisme. « Sa valeur n’est pas appréciée et, par conséquent, non défendue. »
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.