Selon TechnoMontréal, l’industrie des TIC bénéficiera du plan d’action établi par Québec à l’intention du secteur manufacturier.
Le plan d’action d’appui de l’industrie manufacturière québécoise, qui a été annoncé par le gouvernement du Québec à la fin du mois de novembre, pourrait être bénéfique pour le secteur manufacturier de l’industrie des technologies de l’information et des communications. Telle est la perception de l’organisme de développement économique TechnoMontréal, qui a accueilli favorablement la mesure gouvernementale.
Mesures à tous azimuts
Le plan du gouvernement Charest dédiera ainsi l’équivalent de 620 millions $ à l’ensemble du secteur manufacturier, par le biais de plusieurs ministères, par l’application de diverses mesures.
Un premier ensemble de mesures servira à contrer les impacts de la hausse du dollar et de relancer les exportations. Certaines de ces mesures ont trait au soutien de projets d’investissement d’entreprises, sous la forme de bonifications de crédits de taxe, de liquidités et d’intervention de fonds fiscalisés, mais aussi par un accès à des experts en productivités, des mentors et des réseaux d’investisseurs. Les réseaux manufacturiers et les dirigeants d’entreprises obtiendront aussi un appui accru des ministères.
Une aide des entrepreneurs pour entamer ou soutenir des développements hors Québec, des crédits pour le soutien de validation technique de produits innovants, mais aussi une bonification des sommes pour la mise en marché d’innovations et la réalisation d’une première vente ont été annoncées afin de favoriser les exportations.
Le gouvernement Charest a également annoncé des mesures qui viseront l’amélioration du potentiel du secteur manufacturier à moyen et à long terme. Ces mesures sont l’ouverture de cinq nouveaux centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT), une révision du mandat du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et l’attribution de nouveaux crédits pour l’embauche de travailleurs qui oeuvreront à la recherche et l’innovation. D’autres mesures ont trait au développement et à l’utilisation de technologies et de sources d’énergies plus propres et plus efficaces.
Impacts technologiques
Pierre Root est le directeur général de l’organisme TechnoMontréal qui regroupe 5 000 entreprises du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) du Grand Montréal. Il explique que le sous-secteur de la fabrication est constitué de 370 entreprises privées, qui sont autant des entreprises québécoises que des filiales d’entreprises étrangères et qui emploient 21 000 personnes au total.
M. Root indique que la hausse récente du dollar canadien et la délocalisation d’entreprises vers l’Asie, le Brésil ou d’autres endroits ont nui le secteur manufacturier des TIC du Québec. « Les entreprises d’ici ont eu à se tourner vers des marchés de niche où il y a moins d’avantages à en faire fabriquer les produits ailleurs. On se dirige vers des produits qui ne sont pas nécessairement des produits de consommation de masse en microélectronique. Il y a une très grosse pression sur l’innovation et la productivité pour que les entreprises demeurent compétitives », explique M. Root.
Interrogé quant aux mesures qui auront un grand impact dans l’industrie manufacturière technologique du Québec, M. Root souligne que des congés de paiement offerts par certaines mesures permettront aux entreprises d’avoir davantage de liquidités, ce qui leur donnera un bon coup de pouce.
« Les moyens pour investir les marchés et riposter à la concurrence, le recrutement de spécialistes en affaires internationales, les démarches entourant l’acquisition d’autres entreprises et l’établissement de premiers points de vente à l’extérieur sont des choses dont les entreprises manufacturières des TIC vont vraiment bénéficier », ajoute-t-il.
Retombées indirectes
D’autre part, M. Root souligne que des entreprises québécoises d’autres créneaux des TIC pourront aussi bénéficier du plan d’action destiné au secteur manufacturier à titre de fournisseurs.
« On parle [dans ce plan] d’un appui du gouvernement pour l’intégration de solutions d’affaires électroniques pour les entreprises manufacturières. Plusieurs entreprises qui fournissent de telles solutions vont peut-être profiter du fait qu’il y aura un peu plus de fonds pour l’achat et l’intégration de telles solutions », commente M. Root.
M. Root ajoute que l’établissement de nouveaux CCCT constitue une autre bonne nouvelle pour l’industrie, « TechnoMontréal a discuté avec plusieurs institutions et a appuyé des dossiers de demandes pour l’établissement de tels centres qui devaient être présentées [d’ici peu au gouvernement]. Nous croyons que ces centres profiteront à l’industrie des TIC du Grand Montréal. »
Quelques jours avant le dévoilement du plan d’action pour le soutien du secteur manufacturier, certains médias avaient formulé une hypothèse voulant que Québec allait profiter de l’occasion pour annoncer des modifications aux politiques d’achat gouvernementales. Ces modifications auraient permis de favoriser les entreprises québécoises lors des appels d’offres gouvernementaux, notamment si leurs soumissions étaient moins de 10 % plus élevées que celles des plus bas soumissionnaires.
Une vérification auprès du Conseil du Trésor a permis de confirmer qu’aucune mesure de la sorte n’avait été annoncée par le gouvernement québécois et que les mesures du plan d’action étaient fondées sur des programmes existants.
Néanmoins, M. Root estime qu’une telle mesure d’encouragement de l’achat local aurait pu être bénéfique pour l’industrie manufacturière des TIC.
« Par exemple, le gouvernement québécois est un consommateur d’équipements de télécommunications. D’autres entreprises d’ici font du matériel informatique ou offrent des services de recherche et développement. Si on augmentait l’incitatif à l’achat local, cela aiderait définitivement les entreprises », avance M. Root.
Promouvoir les secrets bien gardés
Toutefois, M. Root a expliqué que TechnoMontréal étudiait présentement la possibilité de réaliser un programme de promotion des produits québécois de l’industrie des TIC, en particulier ceux du secteur de la fabrication.
« On est en train d’amasser des partenaires autour d’une initiative pour réaliser une campagne qui servirait à montrer aux gens tout ce qui se fait dans le domaine manufacturier du secteur des TIC au Québec. On pourrait y dire : saviez-vous que telle composante électronique, tel produit de microélectronique ou tel équipement de télécommunications est fabriqué ici au Québec? », indique-t-il.
« Ce qui est fabriqué au Québec est malheureusement un secret bien gardé. On n’a qu’à penser à Matrox, qui fabrique des cartes graphiques pour les ordinateurs, qui sont des produits de consommation de masse conçus et assemblés ici. Leurs cartes sont parmi les plus performantes au monde et on les connaît très peu… », déplore M. Root.
M. Root précise que le projet est à l’étape du sondage des gens du milieu de l’industrie québécoise, mais il ajoute que le gouvernement du Québec a manifesté une certaine ouverture envers le financement d’un tel programme de promotion.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.