INTERNOTE – Pas de son, pas d’image. Voilà un peu à quoi ressemblait Internet alors que tout s’y passait en mode texte, il y a à peine plus de dix ans. Que de chemin parcouru à l’heure où la vidéo en ligne est en progression constante.
Vous vous souvenez de Lynx, le fureteur hypertexte en mode caractères? Au début des 1990, alors qu’on avait encore quelques vieilles machines dont certaines roulaient toujours en DOS (eh oui… les plus jeunes pourront fouiller dans Wikipedia pour savoir ce qu’était DOS…), certains utilisateurs moins fortunés accédaient à Internet grâce au Freenet et naviguaient à toute vitesse en mode texte.
Les temps ont bien changé. L’image, le son, l’interactivité et maintenant la vidéo ont acquis leurs lettres de noblesse sur le réseau qui est devenu une gigantesque encyclopédie multimédia et une collection de tout ce qui se regarde, s’affiche et s’écoute.
Dernièrement, avec les annonces faites notamment par Amazon et Apple, les services de vente de films en ligne passent en mode opérationnel et entrent dans les mœurs des utilisateurs. Les clips vidéo et les émissions de télé achetés en ligne connaissent déjà un succès remarquable, comme le constatait le sondeur Ipsos la semaine dernière, indiquant que plus de 10 millions d’Américains de 12 ans et plus avaient déjà téléchargé une émission de télé sur Internet, dont sept millions dans les derniers 30 jours.
Évidemment, la grande majorité de ces amateurs de vidéo en ligne est âgée de moins de 35 ans et la tranche d’âge chez qui le téléchargement d’émissions de télé est le plus populaire se situe entre 18 et 24 ans.
L’intérêt n’est pas encore généralisé, et selon une enquête plus approfondie, toujours par Ipsos, on s’aperçoit que les consommateurs de vidéo en ligne préfèrent les courts segments, comme les nouvelles, les séquences tirées d’émissions de télé ou de films et les clips vidéo musicaux, dans une proportion variant 48 % à 72 %. Les films et les émissions de télé complètes n’attirent que 22 % de ceux qui téléchargent de la vidéo.
Évidemment, les raisons invoquées pour expliquer l’attrait pour les segments courts par rapport aux segments longs sont simples : la mauvaise qualité, la difficulté de lecture et le temps de téléchargement arrivent aux premiers rangs des motifs qui réduisent l’intérêt en ce domaine, malgré les avantages qui sont mentionnés par les utilisateurs, comme l’accessibilité et la commodité.
La solution réside dans une équation qui combine vitesse et algorithme de compression, on s’en doute bien. Si on peut compter sur les Apple, Amazon et autres pour mettre en marché ces produits et créer l’intérêt (leur feuille de route est assez probante en cette matière), il faudra aussi que les fournisseurs mettent à niveau leur réseau, tirent des fibres optiques de plus en plus près des utilisateurs et parcourent le fameux « dernier mille » à pleine vitesse.
Il y a aussi des modèles d’affaires à revoir. Par exemple, on veut télécharger de la vidéo, mais si on en juge par le succès des YouTube et autres MySpace, on veut aussi partager ses propres clips. Un compte gratuit sur YouTube offre 100 Mo d’espace pour y stocker des clips; sur Yahoo votre espace de stockage total est d’un gigaoctet (par comparaison, votre abonnement haute vitesse chez Videotron vous offre 5 Mo d’espace Web pour votre site personnel… à peine assez d’espace pour un tout petit clip vidéo de rien du tout…).
Mais l’espace de stockage sur les serveurs en ligne et la capacité des fournisseurs de construire une offre de service rentable à cet égard est une bien petite révolution à côté de ce nouveau saut quantique pour l’industrie des médias. N’ajustez pas votre appareil, c’est le monde qui change, accrochez-vous!