La téléphonie IP via l’Internet gagne en popularité, et Vonage Canada souhaite exploiter le potentiel du marché des télécommunications en évolution. Outre les particuliers et les travailleurs à domicile, le fournisseur veut éventuellement desservir les PME selon un modèle approprié.
Présente au Canada depuis 2004, Vonage Canada, la filiale de l’entreprise américaine Vonage, intensifie ses actions pour se positionner dans un marché en pleine mutation.
Ce prestataire de services de téléphonie via une liaison Internet à large bande, qui s’est fait connaître par de la publicité Web, a augmenté sa visibilité par des campagnes d’affichage ainsi que la disponibilité de ses produits de connexion dans les établissements de détail. Ces produits sont une clé USB qui fonctionne sur un ordinateur PC, Mac ou Linux, des adaptateurs téléphoniques avec ou sans routeur, un téléphone sans fil et un téléphone Wi-Fi qui s’utilise à domicile ou à un point d’accès.
Son vice-président, exploitation client, Darrin Lamont, a indiqué lors d’un récent passage à Montréal que l’évolution de l’entreprise correspondait aux attentes et que le Canada constituait un « très bon marché ». En faisant l’effort de parler en français, sa langue seconde, M. Lamont a dit que l’entreprise avait beaucoup d’optimisme envers le marché du Québec, en raison de ses « caractéristiques distinctes » qui sont différentes du reste du Canada.
« Premièrement, il y a l’acceptation de la technologie. Les Québécois sont à l’aise avec les technologies, et il n’y en a aucun doute, à preuve les chiffres et le succès de Vidéotron [dans le marché de la téléphonie IP]. Les Québécois sont à l’aise avec le changement, à changer du statu quo. Les consommateurs québécois veulent être différents du reste du Canada, en matière d’adoption plus rapide des technologies que le reste du Canada. Nous avons donc des attentes que le marché du Québec soit bon pour Vonage Canada », a-t-il indiqué.
Perceptions et réponses
L’avènement de la téléphonie IP a eu plusieurs impacts sur le marché des télécommunications, et cette approche alternative au service téléphonique traditionnel a fait la manchette à quelques reprises au cours des derniers mois.
Invité à commenter l’intervention du ministre de l’Industrie Maxime Bernier qui a ordonné au CRTC de déréglementer la téléphonie IP, notamment pour éliminer les restrictions imposées aux fournisseurs de services traditionnels, M. Lamont a dit ne pas être surpris de ce geste. Il affirme même que cette intervention sera bénéfique pour la technologie au sein du marché.
« Depuis le lancement de la compagnie au Canada, nous avons une vision d’un terrain de compétition qui est libre, ouverte et égale, explique-t-il. Nous pensions que [l’intervention] du ministre Bernier est une autre étape dans l’évolution de l’industrie. Mais la compétition doit être égale, ce qui veut dire qu’il ne faut pas oublier le pouvoir de la présence de Bell Canada dans le marché, qui est énorme. Notre perspective est que la lutte est dans le marché, et non avec le CRTC. »
« Cela donne de la crédibilité additionnelle à la définition de la catégorie de la téléphonie Internet. Cela augmente la présence [dans le marché] de l’idée de changer le service de téléphone pour celui d’un câblodistributeur ou à une compagnie comme Vonage. Le risque est sur les épaules des grandes entreprises de téléphone du Canada », ajoute M. Lamont.
À propos de la disponibilité du service, alors qu’il y a des risques de panne de réseau d’accès à l’Internet, M. Lamont convient que personne ne contrôle la qualité du « réseau des réseaux », mais indique qu’une fonction de renvoi d’appel vers un téléphone mobile est établie à cet effet. À propos de la disponibilité du service 911, le représentant de Vonage dit que l’entreprise adhère à la réglementation du CRTC, affirmant d’ailleurs que les quelque 2,2 millions de clients en Amérique du Nord n’ont pas encore vécu « de mauvaise expérience » lors d’une situation d’urgence.
Quant à la qualité de service, M. Lamont indique que la téléphonie IP constitue un équilibre entre la qualité des algorithmes utilisés par les routeurs et les passerelles du réseau de Vonage, et la qualité du réseau Internet en général. À cet effet, il précise que l’entreprise a fait des investissements substantiels pour établir des liaisons par triangulation au Canada et aux États-Unis.
« Nous tentons d’avoir de l’influence et de créer des relations avec de grands FAI au Canada et aux États-Unis, pour avoir des liaisons directes qui éliminent des étapes intermédiaires sur le réseau », a-t-il ajouté.
Modèle à développer, alternatives à établir
Pour desservir les particuliers et les travailleurs autonomes, Vonage Canada applique le même modèle d’affaires que celui qui est en vigueur aux États-Unis. L’exploitation est centralisée à un bureau situé à Toronto, tandis que des représentants rencontrent les détaillants pour la vente des dispositifs nécessaires à l’utilisation du service.
Mais pour attirer la clientèle des petites et moyennes entreprises, Vonage Canada devra relever des défis différents.
« Le Marché PME est vaste, et il y a un certain pourcentage du marché qui est plus agréable pour notre entreprise, indique M. Lamont. Nous sommes en train d’essayer d’établir le meilleur modèle d’affaires pour desservir le client. Maintenant, il est décentralisé – un client, une pièce d’équipement (sic). Pour exploiter le marché des PME, il faut s’assurer que le modèle d’affaires est faisable, sinon le risque est énorme. Nous avons une équipe de chercheurs et d’ingénieurs aux États-Unis qui font l’essai des différents modèles. »
L’assaut du marché des PME pourrait donc nécessiter une adaptation, autant de la part du fournisseur que des clients. « Il faudrait une équipe de techniciens pour procéder aux installations. Le support pour ces clients serait différent de celui des clients résidentiels. Et pour une PME, les coûts pour changer son système téléphonique seraient plus élevés que pour un client résidentiel », note M. Lamont.
« Également, le client PME utilise le réseau Internet d’une façon différente. Selon moi, le client devrait avoir un plan de sauvegarde pour l’Internet, soit une ligne téléphonique, soit [un deuxième] fournisseur d’accès à l’Internet. Car le coût de perte d’un appel, pour une PME, est plus cher que pour un client résidentiel », ajoute-t-il.