La professeure Magda Fusaro, qui souligne que le niveau de familiarité avec les TIC varie au sein de la grande catégorie des aînés, estime que les milieux associatifs et communautaires sont les mieux placés pour aider les aînés néophytes à utiliser les technologies.
Dans le cadre de la deuxième édition des « Journées sur le vieillissement actif », un événement qui était organisé par l’organisme Innov-age les 18 et 19 octobre 2011 à Laval, la Chaire UNESCO-Bell en communication et développement international de l’Université du Québec à Montréal a présenté le colloque « Vieillir avec les technologies de l’information et des communications » où l’on montrait de quelle façon et selon quelles conditions les TIC peuvent aider les personnes âgées à bien vieillir en société.
L’organisatrice du colloque, Mme Magda Fusaro, est titulaire de la chaire et professeure au Département de management et technologie à l’UQAM. Selon elle, le premier constat qui a émané de la rencontre est qu’il faut faire attention à la catégorisation des personnes lorsqu’on traite des « aînés », puisque le terme décrit une grande portion de la population.
« Lorsque vous avez 55 ans ou plus, vous êtes considéré comme un aîné. Or, lorsqu’on considère la durée de vie aujourd’hui, alors qu’on peut se rendre jusqu’à cent ans, cela fait beaucoup en terme de tranche d’âge », souligne Mme Fusaro.
La titulaire de la chaire indique que les 55 ans à 65 ans, soit les baby-boomers qui arrivent présentement à l’âge de la retraite, ont souvent une bonne utilisation des technologies parce qu’ils y ont eu recours dans leur milieu professionnel durant leur vie active.
« Cette catégorie d’aîné semble avoir moins de difficulté à utiliser les TIC, indique Mme Fusaro. Les aînés qui sont des débutants en TIC, selon l’enquête Génération A du CEFRIO, utilisent le jeu comme point de départ pour l’utilisation du reste des technologies. [Lire : Projet Génération A : Portrait des aînés internautes québécois en 2010] C’est une forme d’apprentissage de l’objet technique. »
Toutefois, le profil d’utilisation des TIC est différent chez les personnes âgées de 65 ans à 75 ans. Mme Fusaro explique que certains aînés de ce groupe ne veulent pas être technophiles et qu’ils ont le choix de ne pas le devenir.
« Lors du colloque, une personne du milieu a dit : “Ce n’est pas parce que je suis niaiseux que je ne veux pas utiliser les TIC. C’est qu’à un moment donné, je ne suis pas intéressé, j’ai d’autres choses à faire”. Ce parcours de vie doit être respecté », souligne la titulaire de chaire.
« Technolophilie » forcée
Or, la société devient de plus en plus « technophile » : bon nombre d’organisations privées et gouvernementales offrent des renseignements et des documents en format électronique en ligne, dans un site Web; des institutions bancaires ferment leurs comptoirs de services et prônent le recours aux guichets automatiques; lors du dernier recensement, le gouvernement fédéral incitait la population à remplir un formulaire en ligne (toutefois, les entités gouvernementales ont l’obligation de donner accès à document en format en papier aux personnes qui le demandent), etc.
Ces tendances font en sorte que des personnes âgées qui manquent d’habileté ou craignent d’utiliser les TIC deviennent des « cas particuliers » pour les organisations, qui doivent alors maintenir des services traditionnels.
« On dit aux personnes âgées d’acheter un ordinateur et que le mode d’emploi doit être téléchargé sur Internet… Pour la personne qui ne sait pas l’utiliser, ça devient aberrant! Pour un aîné qui amorce un processus d’apprentissage, la barrière à l’entrée est tellement élevée. Il faut accompagner ces aînés au niveau des TIC », constate la professeure.
Selon Mme Fusaro, la solution idéale pour cet accompagnement se trouve dans les milieux associatifs et communautaires, qui constituent déjà les réseaux d’aide et d’entraide des personnes âgées.
« Si l’on doit favoriser une forme de diffusion de l’innovation technologique, il faut absolument que les associations soient impliquées et qu’elles puissent continuer ce travail de formation, d’aide et de dépannage en temps et lieu… Mais cela demande des ressources qui sont éminemment difficiles à obtenir par les temps qui courent », constate Mme Fusaro.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.