La question la plus souvent entendue lors de conversations téléphoniques mobiles vient de trouver une réponse : les médias sociaux rencontrent la géolocalisation.
La géolocalisation, c’est la troisième dimension : elle donne de la profondeur à quelque chose qui est tout simplement plat, comme du texte noir sur blanc, par exemple. Disons que les coordonnées géographiques ajoutent du contexte à un événement, à une donnée ou à un commentaire.
« T’es où? » Vous avez entendu maintes fois cette phrase qui commence nombre de conversations sur un téléphone mobile. « Je ne suis pas loin. On se rencontre au coin de Bleury et Sainte-Catherine? »
Marions cela avec les réseaux sociaux, qui sont en croissance constante. On en trouve régulièrement de nouveaux types qui s’éloignent de plus en plus de Facebook et MySpace. Prenez les microblogues, dont l’exemple du genre est Twitter, qui épouse la limite du message texte avec des entrées d’un maximum de 140 caractères. Le but? Communiquer à votre réseau de contacts ce que vous faites et où vous êtes, en quelques mots. Et pourquoi pas par une donnée géographique?
Associez les coordonnées géographiques et les microblogues, par exemple, et jumelez-les avec une application géographique en ligne. Il devient alors facile de communiquer votre localisation directement à votre réseau de contacts.
Les réseaux sociaux créent une communauté virtuelle et impliquent la création de nouveaux liens. Souvent, cette communauté virtuelle se superpose à une communauté d’amis existants ou devient la facilitatrice pour des personnes qui le deviendront éventuellement. Et ces membres d’une communauté voudront se contacter ou se rencontrer, de manière impromptue, au hasard de leurs déplacements.
Sur la carte
C’est ce que promettent des sites de réseautage social, comme BrightKite, Mologogo, Loopt ou Ipoki. La plupart de ces services sont en phase bêta, et certaines composantes sont même en mode alpha. Tous les services ne sont pas nécessairement disponibles sur toutes les plates-formes. Mais en visitant les sites, on peut commencer à avoir une idée de ce qui se trame et des possibilités que cela permet, surtout si on associe un GPS intégré à un dispositif mobile.
Évidemment, la question se pose : est-ce qu’on veut permettre à tout un chacun de savoir où on se trouve à un instant précis? Voilà ce qui constitue un choix pour chacun de ce qu’on veut divulguer de sa vie personnelle, y compris ses déplacements. On peut facilement imaginer les excès et les intrusions dans la vie privée, voire les discussions animées entre patron et employé, ou entre conjoints…
N’empêche que ceci permet de rendre disponible à tout un chacun, très facilement, une technologie qui n’était autrefois disponible qu’à de grandes organisations. On pouvait suivre un autobus ou un camion de livraison doté d’un GPS. Avec ces nouveaux services et les technologies qui les soutiennent, l’horizon s’élargit.
Des applications personnelles
Outre constater ou vous enquérir des déplacements personnels de vos amis et connaissances, on peut imaginer le nombre d’applications que ces portails de suivi géographique permettront bientôt. On peut penser à des versions sur mesure, sous la forme de services Web, pour des clients en entreprise qui n’auront ainsi qu’à utiliser des équipements simples, comme des téléphones mobiles munis de GPS, et un navigateur Web pour faire le suivi de personnes, de marchandises ou d’équipements.
Lors de l’annonce de la plate-forme du iPhone 2.0 dans le cadre d’une rencontre de développeurs Apple qui a eu lieu à San Francisco, une de ces applications de géolocalisation, Loopt, était en vedette, comme le rapportent nos collègues de PC World. Cette entreprise avait d’ailleurs déjà fait la manchette dans le contexte de la publicité géolocalisée.
Même la poursuite policière risque d’être révolutionnée par la miniaturisation des composantes de géolocalisation, comme le rapporte le magazine britannique The Economist, dans cet article. On expérimente l’utilisation d’un dispositif qu’on pourrait amorcer par un guidage laser, à partir d’une voiture de police, vers une voiture à pourchasser afin d’en suivre les déplacements à l’aide d’une application géographique.
Votre lettre s’est perdue? La miniaturisation est telle qu’on peut désormais loger les circuits nécessaires à un suivi géographique dans une enveloppe de taille standard, comme on peut le lire dans cet autre article du même magazine.
Si le procédé a ses limites pour l’instant – il faut récupérer la lettre au terme d’une période limitée pour lire sa carte mémoire – cette technologie ne peut que s’améliorer et ouvrir un éventail de possibilités.
Ces perspectives sont fort intéressantes, mais elles soulèvent certaines inquiétudes. La protection de la vie privée est certainement à l’ordre du jour. La fonction GPS de votre cellulaire est-elle activée? Big Brother ne vous regarde pas, il vous suit!
Patrice-Guy Martin est rédacteur en chef du magazine Direction informatique.
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