L’implantation du télétravail dans une organisation peut avoir des effets bénéfiques sur la productivité des employés. Selon une spécialiste, un problème de perception expliquerait les réticences affichées dans certaines entreprises.
Dans le cadre d’un article qui portait sur l’établissement d’un plan de continuité des affaires et la planification du recours au télétravail en cas d’incident majeur (« Planifier le télétravail pour assurer une « télécontinuité »), Direction informatique a demandé à une chercheure québécoise, qui s’intéresse au télétravail depuis longtemps, de faire le point sur la perception des organisations envers le travail à distance à l’aide des TIC.
Diane-Gabrielle Tremblay, professeure en économie et gestion et titulaire d’une chaire de recherche sur les enjeux sociaux et organisationnels de l’économie du savoir à Télé-Université, s’intéresse depuis longtemps au télétravail en entreprise. Elle a participé, il y a quelques années, à un projet de recherche en la matière de l’organisme Centre francophone d’informatisation des organisations.
Mme Tremblay note encore la présence de réticences au sein des organisations, du moins dans certains secteurs. Ce n’est pas l’employeur en général, mais les cadres intermédiaires qui souhaiteront garder les employés près d’eux. « Les salariés sont très intéressés et très demandeurs, mais ce sont les chefs d’équipe qui résistent un peu plus », estime-t-elle.
Si la présence sur place est inévitable pour certains types d’emplois – notamment à l’accueil, en santé ou en éducation – Mme Tremblay croit que dans plusieurs cas, le problème en est un de perception.
« Récemment, une personne a proposé le recours au télétravail dans son entreprise, mais des personnes s’imaginaient que les gens ne travailleraient pas à domicile et feraient autre chose. Selon mes recherches, au contraire, les gens sont tellement contents de profiter du télétravail que dans certains cas ils travaillaient un petit peu plus, et dans d’autres cas le gain est très net. Les gens s’assurent d’être aussi performants qu’au bureau, sinon plus, en se disant qu’ils font moins de pauses et qu’ils peuvent en faire plus en moins de temps », relate-t-elle.
Prévenir, c’est adopter?
À propos des effets incitateurs de l’implantation préventive de mécanismes de télétravail sur les moeurs organisationnelles, Mme Tremblay croit qu’une intégration aux pratiques courantes dépendra surtout du degré de confiance des personnes.
« Dans certains cas, le fait de préparer des choses peut amener des organisations à y trouver des avantages. Ce serait peut-être une façon d’attirer de la main-d’oeuvre, alors que des jeunes demandent des mesures de conciliation travail-famille », souligne-t-elle.
« Par contre, beaucoup d’organisations sont lentes à changer, et la préparation au télétravail amènera des cadres intermédiaires à exprimer des réticences. Mais très souvent, les individus se rendront compte qu’ils avaient des préjugés. »
En soulignant qu’une implantation à latoute hâte peut entraîner des difficultés, Mme Tremblay estime que des expériences semblables aux exercices d’évacuation permettent de déceler des enjeux liés aux technologies à utiliser, aux interactions entre les collègues et à l’accès aux documents.