Grâce au protocole IP, et en réponse aux coûts croissants associés aux déplacements, la vidéoconférence est appelée à connaître un essor auprès de nouveaux utilisateurs. Le fournisseur Cisco et l’intégrateur ESI Technologies croient que l’adhésion à la technologie s’intensifiera sous peu.
Les bureaux montréalais de Cisco ont fourmillé d’activité, à l’occasion d’une présentation spéciale, alors que quelques dizaines d’utilisateurs potentiels assistaient à la présentation des solutions de vidéoconférence à protocole IP.
Dans une salle spécialement aménagée se trouvait une solution de téléprésence en grandeur réelle. Assis à une table en demi-cercle où trônaient des téléphones IP, devant des écrans et des caméras à haute définition, des invités pouvaient interagir avec des interlocuteurs situés ailleurs, dans une salle similaire, tout comme s’ils partageaient la même table. Dans une salle de démonstration, d’autres visiteurs assis assistaient à la démonstration de solutions de vidéoconférence en format conventionnel et de téléphones IP dotés de caméras, dans un contexte de convergence des communications.
Frank Sullivan, directeur de comptes au secteur commercial chez Cisco Canada, explique qu’une telle rencontre visait à informer et à stimuler l’intérêt envers la vidéoconférence par protocole IP. L’exercice, qui impliquait une discussion des processus commerciaux actuels en entreprise et la démonstration des solutions disponibles, avait pour but d’identifier une façon de faciliter la collaboration ou de mieux faire certaines tâches de travail.
Accessibilité
M. Sullivan souligne une certaine acceptation des technologies de vidéoconférence IP, alors que des sondages maison ou externes font état d’une utilisation de solutions de communications convergentes par 11 % ou 12 % des PME québécoises, peu importe le fournisseur. « Nos démarches disent que d’ici les 18 à 24 prochains mois, le reste du marché fera un virage, tous marchés confondus, affirme M. Sullivan. Les solutions traditionnelles sont de plus en plus chères à supporter et 95 % des entreprises choisissent la téléphonie IP ou les communications convergentes pour leurs nouvelles solutions. »
La solution de téléprésence de groupe à l’échelle humaine de Cisco, le System 3000, coûte 300 000 $ en matériel technologique et de bureautique. Une récente version de la solution destinée aux communications « d’un à un », le System 500 affiche, pour sa part, un prix de détail de 33 000 $. M. Sullivan reconnaît que ces solutions ne sont pas à la portée des PME qui se verront offrir des solutions différentes et plus abordables. « La téléprésence à grande échelle n’est pas pour eux aujourd’hui. Il s’agit plutôt d’un espoir, d’un sommet de la communication », convient M. Sullivan.
M. Sullivan indique, au passage, que les solutions traditionnelles de vidéoconférence qui sont présentement déployées dans des organisations sont sous-utilisées par le personnel. « Ce n’est pas partagé par tous les employés, parce c’est réservé dans une salle et que cela fonctionne avec des numéros et des protocoles non standard », note-t-il.
Opportunités
Interrogé à propos de l’état actuel de l’adoption des solutions à protocole IP, M. Sullivan indique que les premières entreprises à y recourir sont des organisations qui remplacent des systèmes traditionnels de vidéoconférence. Les doutes des clients envers la stabilité et la sécurité des solutions IP se seraient estompés. M. Sullivan déclare que « la relève » que constituent les PME voit en ces solutions des opportunités nouvelles, notamment pour virtualiser leurs centres d’appels.
« Par exemple, un détaillant automobile peut utiliser la vidéo et la téléphonie IP pour offrir une expérience hors pair dans un kiosque chez un concessionnaire, pour interagir avec un agent de financement qui serait ailleurs. Cette technologie permet de constituer un nouveau processus d’affaires et d’augmenter la rentabilité, et donne l’opportunité de jumelages. »
M. Sullivan explique qu’une variété d’entités offre des opportunités de marché pour la vidéoconférence IP aux yeux du fournisseur d’équipements. Pour la téléprésence à l’échelle 1 :1, il donne l’exemple du fabricant de produits de consommation Proctor & Gample qui exploite une centaine de centres de téléprésence dans 40 pays. Les solutions de plus petites envergures trouvent preneurs dans des cabinets d’avocats qui les utilisent pour communiquer à distance avec leurs clients.
Également, le marché résidentiel intéresse l’équipementier qui entrevoit la possibilité d’ajouter une caméra à haute définition aux terminaux de télévision numérique des câblodistributeurs. « Imaginez les possibilités : avec la belle-mère (!) ou le collègue dans le salon, le niveau de collaboration va changer », indique M. Sullivan.
Économies et productivité
Le fournisseur d’équipements et les intégrateurs qui font la revente des solutions mettent l’emphase sur les économies que peut engendrer le recours à la vidéoconférence en alternative aux déplacements d’affaires. Ces déplacements entraînent des dépenses associées aux repas, au transport et au divertissement. Ils ont aussi un impact sur la productivité, puisque le temps de déplacement n’est pas consacré à l’exécution de fonctions de travail.
« Ceux qui n’utilisent pas présentement la vidéoconférence y songent, alors que le prix de l’essence et le trafic sont des problématiques qui forcent les gens à réfléchir comment ils feront des affaires dans le futur, déclare Patrick Naoum, vice-président, Solutions clients, chez l’intégrateur ESI Technologies. L’autre élément est le déclin démographique où, surtout au niveau des TI, il y a de moins en moins d’employés et où l’on doit en faire plus avec moins. Comment peut-on, surtout dans un contexte de vente, peu importe l’industrie, rejoindre plus de clients avec moins de personnes et être plus efficace? C’est là où la vidéo entre en jeu. »
« Il y aura plus d’interactions avec des clients et des fournisseurs par la vidéo à partir d’un poste de travail. Des entreprises opteront pour la vidéoconférence pour maximiser leurs contacts avec les clients, minimiser leurs déplacements et réduire les coûts. Les retombés de l’investissement deviennent plus intéressants, alors que les technologies deviennent plus performantes et moins coûteuses pour des entreprises qui ne voulaient pas avoir la vidéoconférence de l’ancienne façon », ajoute-t-il.
De partout, pour tous
M. Naoum souligne également que la vidéoconférence par protocole IP permet d’élargir le potentiel d’interaction aux utilisateurs d’appareils mobiles et sans fil, ainsi qu’aux personnes en situation de télétravail. Il estime, lui aussi, que le marché commercial bénéficiera d’un bon essor lorsque le marché résidentiel adoptera la technologie. Il croit que l’acquisition de Scientific Atlanta par Cisco, il y a quelques années, permettra d’offrir la vidéoconférence par les terminaux numériques dans les foyers d’ici deux à trois ans.
« La prochaine étape sera le passage d’un environnement d’affaires à un environnement résidentiel. On peut faire un parallèle avec Internet, don la valeur a été établie en fonction du nombre d’usagers et d’adhérents. Ce sera la même chose avec la vidéoconférence. Plus il y aura de gens qui l’utiliseront, plus il y aura de valeur pour un réseau vidéo », estime M. Naoum.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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