Ces temps-ci, je m’intéresse beaucoup au Windows Phone 7, je parle abondement d’Android et je me sers d’un iPhone. En ce sens je suis de mon époque. Mais en même temps, je tends à oublier les autres plateformes particulières à cette nouvelle mobilité. Suis-je normal?
Lors d’un récent party chez moi, quelqu’un m’a demandé dans quel camp je logeais, côté téléphones intelligents. Malgré mon iPhone qui traînait sur un buffet à deux mètres de moi, juste à côté du BlackBerry de ma blonde, j’ai répondu que je n’étais d’aucune religion. Non pas que je m’étais imposé une neutralité « radio-canadienne », mais simplement parce qu’il me manquait de grands pans de connaissance dans ce monde fou, un monde déferlant à vitesse « Grand V » que j’avais peine à suivre faute de temps et de moyens. Jugez-en plutôt. Selon la boîte de recherche IDC, c’est un marché qui a cru de 54 % au cours de la dernière année. On parle de 118,3 millions d’appareils vendus durant le premier semestre de 2010, comparativement à 76,8 millions durant celui de 2009. Et on n’aurait encore rien vu, le deuxième semestre s’annoncerait encore plus spectaculaire, cela sans tenir compte de l’arrivée imminente du Windows Phone 7. Or vous savez qui est le fabricant numéro un, celui qui vend le plus de par le monde? Nokia avec son système Symbian. Si si! IDC reconnaît que sa progression est moindre que celle de ses concurrents, mais elle l’ancre solidement sur le premier podium, cela en raison, notamment, de sa grande popularité dans les marchés asiatiques. Analyse que partage Gartner, du reste. Cette firme américaine de recherche établissait récemment à 41 % la part de marché de ce système. Il était suivi par le BlackBerry avec 18 %, par Android avec 17 % et par le iPhone avec 14 %. Ici, il y a divergence avec IDC qui, elle, confère à Apple la troisième position. Pour en revenir à Symbian, c’est un système que je ne connais pas. Personne ne m’a jamais prêté de téléphone Symbian pour que j’en parle. Tant et si bien que je ne connais ni le magasin en ligne OVI, ni la gamme d’appareils Nokia. Une explication pourrait être le fait que son public consommateur serait jeune et ne lirait presque jamais les publications technos où je gagne ma vie. Une troisième firme de recherche tend à corroborer ces chiffres. Il s’agit de iSuppli Corp, une entreprise plus spécialisée dans le sans fil et le mobile. En même temps, elle soutient que c’est Android (Google) qui mène le bal à l’enseigne de la croissance. Nokia et son Symbian auraient beau présenter un gain de 11,6 % entre les deuxièmes trimestres de 2009 et de 2010, ce seraient vraiment des géantes coréennes préconisant Android qui afficheraient les meilleurs résultats. iSuppli parle de 63,1 % de croissance pour HTC et de 55,6 % pour Samsung. Quant à Apple, elle est en baisse de 4 %, ce qui est moins pire que Palm (récemment acquise par HP) qui, elle, accuse une chute de 50 %. Enfin, la perle ontarienne BlackBerry présente une croissance de 7 %. Ici attention. Ces stats sont du genre à faire de nous des bourriques. La croissance calculée en pourcentage ne signifiera quelque chose de valable qui si on peut voir les chiffres réels. Prenez Palm avec sa diminution de 50 % et comparez-la à Apple avec son moins 4. Dans le premier cas, on parle de 500 000 appareils de moins que durant le trimestre précédent où il s’en était vendu un million, dans l’autre d’un déficit de 400 000 pour des ventes totalisant quand même 8,4 millions d’unités. Prenez Samsung avec sa performance de plus de 55 % et RIM avec son petit 7 %. Dans le premier cas, on parle d’une augmentation d’un million quant au nombre d’appareils vendus dans le courant du deuxième trimestre, pour un total de 2,8 millions d’unités et, dans l’autre de quelque 700 000 pour un total de 11,2 millions. Un mot sur ces systèmes en commençant par le BlackBerry, un des pans de connaissance qui me manquent. À part le modèle utilisé pas ma blonde depuis trois ou quatre ans, un appareil d’une génération révolue, je n’en ai jamais taponné d’autres. J’ai communiqué en vain avec les relations publiques de la fabricante ontarienne, Research in Motion, et j’ai fini par laisser tomber. Tant et si bien que dans ma tête, un BlackBerry c’est un outil pas trop flyé qui a été conçu pour les gens d’entreprise et qui est surtout apprécié par eux. Mais j’ai sûrement tort. Quant au Palm, j’en ai essayé deux ou trois modèles sans trop comprendre ce qu’un tel système d’exploitation venait faire dans ce marché tellement il était dépassé. En fait il m’est apparu aussi has been, sinon plus, que Windows Mobile 6.X, l’ancêtre du Windows Phone 7. Mais la rumeur veut que HP, son nouveau proprio en fasse quelque chose de concurrentiel. On verra bien assez tôt. Android? Là c’est différent; je suis en terrain mieux connu. Depuis un an, il m’est arrivé de tester certains modèles et de les trouver généralement sympathiques. Évidemment, comme je me sers d’un iPhone, ce qui nuit à mon objectivité, je tends à trouver les applicatifs Android moins bien ficelés et la plate-forme Open Source qui l’alimente un peu bordélique. Le pire, c’est le laisser-faire par rapport aux tierces parties. Google a beau publier de nouvelles versions d’Android, les fabricants ou les opérateurs ne suivent pas nécessairement.
Reste que ces quelques défauts sont largement compensés par quelques avantages de taille, dont la masse mondiale des développeurs d’application, la solidité de Google et le prosélytisme de nombreux utilisateurs lesquels aiment s’identifier comme… non Apple. En fait la rivalité est grande avec le iOS d’Apple. Ce système d’exploitation que l’on retrouve dans les iPhone, les iPod touch et le iPad, est toutefois en avance sur la concurrence (incluant celle prochaine du Windows Phone 7), mis à part la version 2.2 d’Android, version qui, malheureusement, n’est pas toujours facile à se procurer. Si on s’attarde davantage sur le marché américain, on constate que Nokia s’efface et que Microsoft apparaît avec Win Mobile. Mais c’est RIM, la fabricante du BlackBerry, qui s’installe sur la chaise curule avec le tiers du marché sous son joug. C’est ce que prétend Nielsen, une firme de recherche américaine, qui ajoute toutefois que cette part est en baisse et qu’elle est à la veille de croiser celle d’Apple, une fabricante dont les ventes semblent… stagner. Tel que mentionné plus haut, l’action est plutôt du côté d’Android où on peut vraiment parler de percée. Il s’agirait même, dixit Nielsen, de la plate-forme la plus utilisée par les acheteurs récents de téléphones intelligents aux États-Unis. Quant au Windows Phone 7, à part l’enthousiasme des employés de Microsoft qui m’en ont parlé jusqu’ici, je n’en vois pas encore de trace, ce qui est normal, puisqu’à ce stade-ci, il n’est pas encore vraiment lancé et disponible. Mardi avant-midi, un cadre de l’opérateur étasunien AT&T m’a cependant expliqué que dans les plus importantes boutiques de son entreprise, il y aurait un mur complet de consacré à ce nouveau produit de Microsoft et que ce sera autant qu’il ne s’en fait déjà pour le iPhone. Force m’est donc de présumer qu’il s’en vendra. Assez pour nuire? Si oui à qui? À Android, à RIM ou à Apple? On verra à la fin du premier trimestre de 2011. C’est une industrie qui, en volume d’intérêt pour quelqu’un qui suit la techno, commence à prendre plus de place que jamais, cela un peu à l’inverse de celle du PC. Il est donc probable que mes grands pans vides de connaissance seront, veut veut pas, comblés d’ici un an.
Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.