La firme ABI Research recommande l’attente de l’adoption des standards d’industrie avant d’opter pour la technologie de connexion à haut débit 802.11n, alors que la technologie UWB sera le théâtre d’une lutte entre deux approches non standardisées.
Alors que l’engouement pour les technologies de connexion sans fil ne cesse de croître, quelques manufacturiers lancent des produits avant même la ratification de standards d’industrie, ce qui porte des observateurs comme la firme ABI Research à inciter les consommateurs à la patience envers les produits hâtifs de type 802.11n et UWB.
La technologie de connexion sans fil 802.11n, qui permettra éventuellement un taux de transfert moyen des données de 150 mégabits par seconde et une vitesse de crête de 600 mégabits par seconde, constituera une évolution des moutures 802.11b (11Mbps) et 802.11a/g (54Mbps) déjà utilisée pour les connexions réseau des ordinateurs. Elle doit également inclure une technologie de multiples entrées et sorties, identifiée par l’acronyme MIMO (pour Multiple-input, Multiple-output), qui permettra d’utiliser plusieurs antennes pour transporter davantage de données lors d’une transmission. La technologie 802.11n fait actuellement l’objet d’un processus de ratification par l’organisme International Electric and Electronic Engineers (IEEE) afin d’établir un standard formel.
En mars dernier, une première ébauche de la spécification 802.11n avait été soumise aux membres d’un groupe de travail, qui ont accepté à un taux de 87 % de le soumettre à un vote postal. Plusieurs manufacturiers d’équipements avaient alors annoncé la disponibilité prochaine de produits qui répondraient aux critères édictés dans cette ébauche et qui seraient identifiés comme étant des produits « 802.11pre-n » ou « 802.11n-draft ».
Or, selon plusieurs articles publiés sur l’Internet, il appert que l’ébauche n’aurait obtenu que 46 % des votes des membres, alors que le seuil minimum est établi à 75 % de votes favorables, en raison d’enjeux reliés à l’interopérabilité des produits de différents manufacturiers et la compatibilité de la technologie avec les autres modes de connexion sans fil de la même famille. Les membres peuvent maintenant soumettre des amendements pour modifier l’ébauche, qui sera ensuite soumise de nouveau aux membres pour un vote. Alors que l’adoption d’un standard est prévue pour l’automne 2007, des manufacturiers poursuivent leur commercialisation de produits compatibles avec l’ébauche.
À la lumière de ces développements, Alan Varghese, l’analyste en chef pour le marché des semiconducteurs sans fil chez ABI Research, recommande l’attente de la ratification finale du standard. « Il y aura une grande variabilité entre les produits qui seront offerts entre-temps, et l’interopérabilité entre les (produits des) fabricants constitue encore de la pensée magique.»
L’analyste ajoute que certains fabricants porteront leur attention vers les segments de marché dits à haute performance, notamment pour la distribution de la vidéo et du multimédia, tandis que d’autres offriront des solutions aux performances « suffisantes », mais moins onéreuses pour des segments comme le transfert de données en réseau.
UWB : le marché fait cavalier seul
La technologie UWB (pour Ultra Wide Band), pour sa part, permettra le transfert de données à un plus haut débit que 802.11n (jusqu’à 1 gigabit par seconde), sur une plus courte distance, soit dans un rayon de dix mètres, à la façon de Bluetooth. Elle est également destinée à des utilisations similaires à cette dernière technologie, soit pour l’interconnexion de composantes, ce qui pourrait sonner le glas des amas de fils entre les systèmes et les périphériques.
Or, les membres du groupe de travail 802.15.3a de l’organisme IEEE ont récemment voté pour l’abandon de la requête d’autorisation de projet visant à définir un standard d’industrie, alors que deux camps se font la lutte depuis 2003. D’un côté, on retrouve une approche de signal par séquence directe promue par le UWB Forum et de l’autre celle de multiplexage par la répartition orthogonale de la fréquence multibande (OFDM) moussée par la WiMedia Alliance. Il appert que les deux approches se feront compétition sur le marché, à défaut d’avoir un standard unique.
Selon Suart Carlaw, analyste chez ABI Research, l’effondrement des efforts de standardisation a été perçu par l’industrie comme étant l’enlèvement de maillons ou de contraintes, mais elle indique que les enjeux sont encore nombreux. « Les enjeux reliés au spectre des ondes et à l’approbation par les organismes réglementaires à l’échelle mondiale, à la réduction des coûts, à la consommation électrique et aux dimensions des ensembles de silicone sont des inquiétudes légitimes qui doivent être résolues », indique Mme Carlaw.
À cet effet, ABI Research souligne l’apparition de zones communes au sein des bandes de fréquences allouées par différents organismes réglementaires régionaux pour les technologies UWB. La firme souligne également l’annonce récente du soutien du groupe d’intérêt spécial Bluetooth envers les efforts de la WiMedia Alliance, ce qui pourrait aider les efforts reliés à l’approbation de la mouture technologique par les organismes réglementaires. Toutefois, elle indique qu’un tel endossement réglementaire n’est pas un gage assuré de succès et que Bluetooth avait gagné beaucoup de terrain avant d’obtenir une telle approbation.