La directrice du comité sectoriel québécois de main-d’oeuvre en TIC cédera sa place après quinze années à la barre de l’organisation.
TechnoCompétences, qui agit à titre de comité sectoriel de main-d’oeuvre en technologies de l’information et des communications au Québec, annonce que sa directrice générale Sylvie Gagnon quittera en juin 2013 les fonctions qu’elle occupait depuis la fondation de l’organisme en 1998.
« Pendant son mandat [Sylvie Gagnon] a participé à de grandes réalisations, telles que la mise en place d’une offre de formation continue subventionnée et à l’intégration de travailleurs formés à l’étranger en TIC pour répondre aux besoins pressants de main-d’œuvre qualifiée du secteur. Nous lui en sommes reconnaissants et lui souhaitons tout le succès possible dans ses projets », a déclaré par voie de communiqué le président du conseil d’administration de TechnoCompétences, Francis Baillet, qui est le vice-président aux ressources humaines et affaires corporatives chez Ubisoft Montréal.
Un comité, formé d’administrateurs, dirigera un processus de recrutement d’un nouveau directeur général ou d’une nouvelle directrice générale.
Bilan
Lors d’un entretien téléphonique, Sylvie Gagnon a indiqué qu’elle avait défini depuis un certain moment qu’elle désirerait relever de nouveaux défis lorsqu’elle aurait franchi le cap des quinze années à la tête de TechnoCompétences.
« Je me suis dit que pour une fois dans ma vie, je ne calculerai pas mes affaires et je sauterai dans le vide, a dit en riant Mme Gagnon, qui aura cinquante-sept ans cet été. C’était le fun de travailler à TechnoCompétences, mais je ne veux plus avoir à gérer une grosse organisation. »
Mme Gagnon a dit qu’elle avait appris beaucoup au cours des quinze années qu’elle a passées à la direction de TechnoCompétences. Durant cette période, l’industrie québécoise des technologies de l’information et des communications a vécu au niveau économique une croissance prononcée, un éclatement et une reprise diversifiée, mais surtout une importante pénurie de main-d’oeuvre.
« Je me rappelle d’une visite chez Nortel où un membre de notre conseil d’administration travaillait. Il avait dit “D’ici quelques années il n’y aura plus rien”. Il ne savait pas que l’entreprise s’effondrerait, mais plutôt que tout le manufacturier quitterait pour l’Asie. C’est ce qui est arrivé… », a relaté Mme Gagnon.
« [La perte] d’intérêt des jeunes a été un gros mouvement de balancier. On recommence juste à reprendre le dessus, alors que la campagne [de mise en valeur des carrières dans l’industrie] que nous réalisons depuis 2005 commence à porter fruit. », a-t-elle ajouté.
« Ce que les gens ne savent pas c’est ce qu’on a vécu en TI a lieu aussi dans d’autres secteurs. Dans les universités, on s’arrache les cheveux pour certains programmes d’une année à l’autre. Mais en TI, nous avons vécu l’extra swing du balancier. »
Défis et espoirs d’une industrie
Selon Mme Gagnon, la présence d’une main-d’oeuvre suffisante et qualifiée constituera encore un enjeu pendant longtemps dans l’industrie des TIC. Elle a qualifié les entreprises québécoises du secteur de « gazelles » qui auront toujours besoin en matière de main-d’oeuvre.
« C’est le propre de l’industrie, car on est toujours au coeur de l’innovation. Il y en aura toujours qui souffriront d’un manque de main-d’oeuvre », a-t-elle dit.
Mme Gagnon a souligné que le départ d’une entreprise à l’autre des spécialistes expérimentés en TIC, notamment en service-conseil, constituait un défi important pour les organisations, mais elle indique que ces dernières sont mieux outillées aujourd’hui pour procéder à la rétention de leurs employés.
« Ce n’est pas la table de billard qui fait vraiment la différence, car les employés n’ont pas le temps de jouer. La machine à expresso c’est beau, mais ce n’est pas ce qui fait que le monde reste, a-t-elle reconnu. D’autre part, les entreprises voyagent plus à l’étranger, alors que l’Europe nous envoie beaucoup de main-d’oeuvre qui est bien qualifiée. »
Mme Gagnon a fait état également de l’impact des départs à la retraite sur la disponibilité de la main-d’oeuvre, mais elle a dit croire que le changement de l’économie au Québec permettra aux organisations de pallier ces départs.
« On fait beaucoup de débats autour de la productivité, mais avec une meilleure productivité on a besoin de moins de monde… Il faudra regarder comment la situation évoluera au cours des prochaines années. Mais il reste beaucoup de défis à relever. »
À quelques mois de son départ de TechnoCompétences, Mme Gagnon a affirmé que l’organisation est très saine et n’a pas de « cadavres dans le placard ». Elle a souligné également le rôle de partenaire financier, la Commission des partenaires du marché du travail, qui permet à l’organisme de remplir sa mission à titre d’organisme de concertation.
« Je pense qu’on commence à être mieux connus qu’on ne l’était. Quinze ans [de travail], il fallait que ça porte fruit quelque part! », a-t-elle mentionné en riant.