De passage à Montréal, le cofondateur d’Apple a relaté de savoureuses anecdotes du passé, dont plusieurs impliquaient son ami Steve Jobs. Il a aussi formulé quelques souhaits pour l’avenir des TI et des jeunes.
Invité par le fournisseur de solutions de télécommunications Avaya dans le cadre d’un événement commercial au Palais des congrès de Montréal, Steve Wozniak a relaté avec humour des moments marquants de sa vie professionnelle dans le domaine des technologies de l’information.
Steve Wozniak a raconté à un auditoire composé de quelques centaines de personnes qu’il avait conçu et assemblé son premier ordinateur alors qu’il était à l’école secondaire; qu’à sa première rencontre avec Steve Jobs, par l’entremise d’un ami [en 1970], ils ont échangé sur la philosophie de la vie, l’électronique et la musique; qu’à l’époque où il travaillait chez Hewlett-Packard [de 1973 à 1976], il développait des calculatrices le jour, puis des produits électroniques le soir, comme passe-temps.
Ce passe-temps l’a mené à créer le premier système de diffusion de films dans les hôtels, mais aussi une version maison du jeu vidéo Pong sous la forme de console monofonction. Cette console allait jouer un rôle déterminant dans sa carrière.
« Lorsque j’ai vu le jeu Pong, je m’intéressais alors aux périphériques d’entrée-sortie qu’on pouvait brancher à un téléviseur. J’ai alors fabriqué ma propre console Pong », a expliqué M. Wozniak.
« Steve [Jobs], qui travaillait chez Atari, a vu ma console. Il a obtenu un contrat d’Atari pour un prototype du jeu Breakout , que j’ai développé en entier… Mais nous avons séparé le montant moitié-moitié* » a-t-il raconté en riant.
Lorsqu’il a découvert le réseau ARPANET, qui permettrait de communiquer avec des ordinateurs à distance sur des campus universitaires américains, Steve Wozniak a développé un terminal générateur de caractères. Encore une fois, Steve Jobs a proposé le produit à une entreprise et les amis ont séparé le fruit de la vente.
Apple
À la première vue d’un microprocesseur, Steve Wozniak a été convaincu qu’un jour chaque personne aurait un ordinateur personnel et abordable. Il s’est donné le défi d’en construire un.
« Si on a un défi à relever et de l’intelligence, on peut développer soi-même des choses », a-t-il affirmé, avant de préciser que son employeur HP a refusé d’acheter son ordinateur… à cinq reprises.
Steve Wozniak a raconté ensuite l’obtention d’une première commande de cent ordinateurs sur carte de la part d’un magasin d’informatique – un contrat d’une valeur de 50 000 dollars américains – qui a mené à la fondation d’Apple. « Nous n’avions pas l’argent pour acheter trois cents dollars de composantes. Nous avons cherché du financement partout, sans succès. Nous avons fini par acheter les pièces à crédit et nous avons livré les ordinateurs en dix jours… », a-t-il confié.
« Steve voulait construire son entreprise et je l’ai accompagné dans l’aventure. »
D’ailleurs, M. Wozniak a confirmé qu’il était encore un employé d’Apple, contrairement à la croyance populaire. « Je reçois encore 200 dollars par semaine d’Apple et je suis sur leur liste de paie. Dans leur système [des ressources humaines] je suis le seul qui se rapporte directement à Steve Jobs… Je ne pourrai jamais être congédié », a-t-il raconté, ce qui a fait éclater de rire l’auditoire.
Durant l’échange, le cofondateur d’Apple a raconté d’autres anecdotes de jeunesse qui impliquaient les technologies de l’information, comme la réalisation d’appels téléphoniques gratuits à travers le monde à l’aide d’un boîtier assemblé, une tentative de parler au pape, l’établissement du premier service payant de blague par téléphone dial-a-joke à San Francisco, etc.
Il a aussi relaté que Steve Jobs et lui-même avaient payé de leur poche les frais de diffusion de la fameuse publicité 1984 au Super Bowl, que la direction d’Apple avait refusé de débourser…
Souhaits pour l’avenir
Steve Wozniak a raconté avec le sourire ses anecdotes du passé, dont plusieurs étaient déjà connues. Toutefois, il a pris un ton un peu plus sérieux, mais néanmoins passionné, lorsqu’il a parlé d’avenir.
Le cofondateur d’Apple a affirmé que les entrepreneurs ont de meilleures opportunités pour inventer lorsqu’ils sont jeunes, parce qu’ils n’ont pas les attaches ou les contraintes qui surviennent plus tard dans la vie. « Quand on fait des projets lorsqu’on est jeune, on n’a pas à travailler à maintenir des choses telles qu’elles sont déjà [d’autres personnes]. On peut alors penser pour soi-même », a-t-il déclaré.
Également, M. Wozniak a commenté des thèmes qui touchaient aux activités commerciales de l’entreprise qui l’avait invitée, par exemple celui de la collaboration. « Avant, on utilisait des salles de conférence aux technologies propriétaires. Mais avec l’omniprésence de la technologie et les appareils mobiles personnels rendent l’exercice plus facile. Je crois que bientôt des applications faciliteront l’inclusion des participants à une réunion, par exemple à l’aide d’une fonction « glisser et inviter » (drag and invite). Nous y sommes presque », a-t-il indiqué.
Enfin, Steve Wozniak, qui a été professeur bénévole au primaire, a traité de l’utilisation des technologies de l’information pour améliorer l’enseignement aux jeunes. « Un jour, l’ordinateur pourra être le professeur personnel de chaque écolier, qui apprendra à son rythme. Mais pour y arriver, l’ordinateur aura besoin d’une âme, de déceler les expressions du visage de l’enfant, de raconter des blagues qui feront rire… », a-t-il partagé.
Le cofondateur d’Apple a déploré que le réseau de l’enseignement ne fasse pas assez la promotion des sciences auprès des enfants. « La trousse d’ordinateur développement Raspberry Pi est une façon d’intéresser les jeunes à l’informatique en classe », a-t-il observé, en terminant son allocution devant un auditoire visiblement conquis.
* Des récits de l’histoire du jeu Breakout, que l’on trouve dans Internet, indiquent que Steve Jobs a obtenu un bonus d’Atari parce qu’il avait livré un prototype qui contenait un nombre réduit de puces, mas qu’il n’a pas partagé ce bonus avec Steve Wozniak…