Le sondage réalisé par l’Association québécoise des informaticiennes et informaticiens indépendants (AQIII) auprès de ses membres révèle une donnée inquiétante: pas moins de 51 % des répondants disent ne pas avoir suivi de formation durant la dernière année.
En incluant ceux qui disent dépenser moins de 500 dollars par année en formation, ce pourcentage grimpe à 56 %, comparativement à 36 % il y a un an.
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« C’est très inquiétant. Il s’agit d’un cheval de bataille de l’AQIII. Les entreprises vont choisir des consultants plutôt que d’autres en raison de leurs connaissances d’affaires. Le client qui embauche un consultant ne souhaite pas avoir besoin de lui payer une formation. Il se dit ‘Si j’en embauche un, il faut qu’il soit minimalement compétent et intéressé au domaine d’affaires pour lequel j’ai recours à ses services’ », raconte le président du conseil d’administration de l’organisme, André Goulet.
Internet change la donne
Le dirigeant de l’AQIII soutient que l’association fait beaucoup de démarches pour offrir des formations d’appoint à ses membres. Toutefois, une tendance émerge depuis quelques années: « Grâce à Internet, les travailleurs autonomes sont en mesure d’acquérir des compétences en lisant de l’information qui ne coûte absolument rien », dit-il.
Formation suivie en 2010 (Source: AQIII)
André Goulet ne se satisfait pas de ce phénomène, puisqu’il ne s’agit pas de formations formelles. Selon lui, les travailleurs indépendants québécois des TIC devront faire face à certains problèmes au cours des années à venir si la tendance perdure. Il affirme notamment que les entreprises ayant une présence au Québec et en Europe vont recruter des consultants là-bas pour ensuite leur faire traverser l’Atlantique.
« Règle générale, les consultants sont mieux formés en Europe. Il s’agit d’un risque à moyen terme pour les consultants locaux », affirme l’ancien comptable qui a opté pour les TIC il y a une quinzaine d’années et qui travaille à son compte depuis trois ans à titre d’architecte d’affaires.
M. Goulet souligne le fait qu’en période de situation économique précaire, les consultants ont moins de mandats, ce qui signifie qu’ils ont également moins de revenus et donc moins d’argent pour se payer des formations. « C’est un cercle vicieux », dit-il.
Selon lui, les travailleurs autonomes ne doivent jamais oublier qu’ils sont également des entrepreneurs. « Les gens ont à gérer leur carrière, mais aussi leur entreprise. Ils doivent absolument avoir de la discipline pour se mettre de l’argent de côté pour les périodes creuses entre deux mandats ou pour les formations à acquérir. Il y a une prise de conscience qui se fait là-dessus, mais nous avons de l’éducation à faire à ce niveau de façon chronique », explique-t-il.