Le directeur des technologies de Trend Micro, Raimund Genes, estime que l’acquisition de McAfee par Intel ne devrait pas constituer une barrière aux fournisseurs indépendants de solutions de protection informatique. Il s’attend à ce que l’informatique mobile entraîne des changements dans la façon d’appliquer la sécurité.
De passage à Montréal, le directeur des technologies chez l’éditeur japonais de solutions de sécurité Trend Micro, Raimund Genes, a commenté les impacts possibles de l’acquisition de l’éditeur de logiciels McAfee par le fabricant de puces et de processeurs Intel sur les fournisseurs indépendants de solutions de sécurité.
Lors de l’annonce de la conclusion de la transaction d’acquisition de McAfee en février 2011, Intel avait déclaré que la protection d’un monde en ligne diversifié nécessitait « une nouvelle approche fondamentale qui impliquerait du matériel, des logiciels et des services ».
Selon M. Genes, l’union entre McAfee et Intel pourrait constituer une entrave aux fournisseurs indépendants de solutions de sécurité si Intel créait des fonctions matérielles d’accélération qui seraient intégrées à ses puces et qui seraient rendues disponibles seulement à McAfee.
Toutefois, il a affirmé que cette situation ne se produira pas, en raison de certaines restrictions imposées par l’Union européenne.
« C’est un fait qu’Intel a une position dominante et a été déjà condamnée à verser une pénalité d’un milliard de dollars à l’Union européenne pour avoir tiré profit de sa position dans le marché, a rappelé M. Genes. De plus, la Commission de l’Union européenne, qui a consulté les fournisseurs indépendants de solutions de sécurité, a accepté récemment la fusion à la condition qu’Intel offre une interface de programmation à tous les fournisseurs au même moment qu’elle l’offrira à McAfee. »
« Du moins en Europe, Intel ne peut “embarrer” les autres fournisseurs. Comme il s’agit d’un important marché, Intel ne fera pas la conception d’un ensemble de puces uniquement pour l’Union européenne… Cela signifie que les barrages ont été en quelque sorte retirés. »
M. Genes a reconnu que l’industrie devait trouver de nouvelles façons de combattre les logiciels malicieux, alors que des gredins plutôt futés produiraient quelque 65 000 nouveaux logiciels de la sorte par jour. Toutefois, il a dit croire que le changement fondamental ne proviendra pas de l’ajout de fonctions à même des microprocesseurs ou des ensembles de puces.
« Les cycles de développement et de mise en marché de ces produits sont beaucoup trop longs : au moment où une nouvelle technologie matérielle sera mise en marché, les cybercriminels auront déjà trouvé une façon de la contourner. Et changer le micrologiciel d’un processeur ou d’un ensemble de puces serait long et difficile… », a-t-il commenté.
Monde mobile
M. Genes a poursuivi sa réflexion en soulignant que le recours croissant aux appareils mobiles par les utilisateurs de l’informatique personnelle aura des impacts importants sur les façons d’appliquer la sécurité informatique. Il a dit croire que la diversité des plateformes fera déplacer l’exploitation des solutions de sécurité davantage en amont des utilisateurs finaux.
« La plupart des accès à Internet proviennent aujourd’hui des téléphones évolués, un marché qui est occupé par plusieurs fabricants, où Intel n’occupe pas une grande place. Au niveau des systèmes d’exploitation pour les téléphones évolués et les tablettes numériques, Microsoft joue le rôle de négligé (underdog) en termes de part de marché face à Android, Symbian, iOS et d’autres », a expliqué M. Genes. « Dans le monde mobile, l’approche monoculturelle traditionnelle des TIC semble être sous attaque. »
« Ainsi, nous croyons que le monde sera plus sécuritaire avec la diversité des systèmes en extrémité, mais il faudra appliquer plus de sécurité à la couche du réseau ou des serveurs, ou du nuage, ce qui permettra aux ordinateurs de table, nous le croyons, d’être plus sûrs », a-t-il ajouté.
Lors de son passage à Montréal, M. Genes a également commenté la hausse des infections malicieuses au Canada ainsi que la réticence des FSI à l’échelle mondiale envers le nettoyage des données transitant par leurs réseaux. (Lire : Sécurité : l’acharnement des cybercriminels et le statu quo des FSI selon Trend Micro)
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.