La firme de logiciels, qui vient de lancer SAP Business Suite 7, croit que les entreprises doivent profiter de l’actuelle période de ralentissement économique pour investir en technologies et prendre de l’avance sur leurs concurrents.
En période de ralentissement économique, comme celle qu’on nous prévoit pour les douze prochains mois, il peut paraître très téméraire de vouloir mettre en oeuvre un projet technologique, et à plus forte raison s’il est d’envergure. Nombreux sont les directeurs d’entreprise qui vont prôner un gel des dépenses et un report des projets, en attendant que la crise passe. D’autres, tout aussi nombreux, vont s’appliquer à réduire les frais de toutes les façons possibles. En somme, ce n’est pas une période idéale pour débloquer des fonds pour mettre en chantier un projet quel qu’il soit.
Mais, Mark Aboud, le président-directeur général de SAP Canada, croit qu’il s’agit d’une grave erreur stratégique. De passage à Montréal dans le cadre d’une conférence organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, M. Aboud croit au contraire que c’est durant une période de ralentissement économique qu’il faut investir dans des projets stratégiques et qu’il n’y a pas de meilleur moment pour mettre en oeuvre un tel projet.
En fait, la crise permet de prendre une longueur d’avance sur la concurrence et d’être fin prêt lorsque l’activité économique reprendra. Étant donné que la majorité des entreprises auront vraisemblablement opté pour une stratégie de repli et d’attente durant cette période, l’entreprise qui appliquera au contraire une stratégie de croissance sera en meilleure position lorsque les beaux jours seront de retour, car elle disposera alors d’atouts que n’auront pas ses concurrents.
« Une crise économique offre une opportunité en or pour transformer l’entreprise, pour la rendre plus performante, plus concurrentielle, soutient le pdg. Car il n’y a aucun avantage compétitif à attendre. Mais comprenez-moi bien, il ne faut pas investir dans n’importe quel projet. Il faut investir prudemment et choisir des projets […] dans des secteurs où il y a une opportunité commerciale compétitive pour l’entreprise.
« La plupart des entreprises veulent réduire leurs dépenses, mais elles sont quand même à l’affût des opportunités d’investissement stratégique qui leur permettront d’être en bien meilleure position concurrentielle et de gagner des parts de marché quand la crise sera passée. Évidemment, ça prend du courage pour investir en temps de crise, mais il ne faut pas oublier que les coûts sont moins élevés en période de crise. Si une entreprise décide de ne pas investir maintenant et préfère attendre que la crise soit passée pour le faire, elle risque d’être en retard sur la concurrence quand la reprise aura lieu. »
Penser petit, mais voir grand
M. Aboud croit, en outre, que les entreprises devraient privilégier les projets qui génèrent des retombés à court terme et qui sont rapides à mettre en oeuvre, ce qui favorise les projets de petite envergure. Et parmi les projets qui satisfont ces conditions figurent les projets de veille stratégique (business intelligence), qui permettent de hausser à peu de coûts la valeur des actifs dont dispose déjà l’entreprise, à savoir les données générées par ses activités courantes.
« Les projets de veille stratégique permettent de mieux identifier les secteurs d’activités où il faut concentrer les ressources pour obtenir le plus de retombées, ce qui est un atout important en période de crise, explique M. Aboud. Les entreprises ont beaucoup de données, mais ne savent pas toujours comment s’en servir pour prendre de meilleures décisions. Le marché évolue rapidement et il faut en connaître les tenants et les aboutissants pour s’y positionner favorablement. Et en plus, ce sont des projets qui sont rapides à déployer et qui donnent des résultats rapidement. »
Les projets qui permettent à l’entreprise de faire une meilleure utilisation des ressources, et donc d’être plus efficiente, sont aussi à privilégier car ils permettent d’accroître la valeur de l’entreprise auprès de ses clients et de ses actionnaires, à court terme. Ce type de projet requiert un examen et une transformation des processus d’affaires. Les ressources libérées au terme de cet exercice peuvent, en outre, être redirigées vers de nouveaux types d’activité et ainsi permettre de développer de nouveaux créneaux.
« Peu importe le type de projet mis en oeuvre, son succès dépend en grande partie du niveau d’engagement de la haute direction, souligne M. Aboud. Car comme l’a dit le président Obama, la responsabilité d’un chef est d’avoir une vision et d’être capable de la propager à tous les niveaux dans son organisation. C’est pareil dans une entreprise. Le leadership est un élément critique de tout projet de transformation. »
À l’abri de la crise
En tant que fournisseur, SAP croit être en bonne position pour passer au travers de la crise et répondre adéquatement aux besoins des organisations « innovantes », tel qu’identifiés précédemment. Non seulement l’entreprise est persuadée que sa dernière offre logicielle, appelée SAP Business Suite 7, permet de concilier les besoins de croissance des organisations avec les contraintes d’une période de récession, mais elle dispose d’une santé financière exemplaire, l’entreprise ayant peu de dettes. Et en plus, l’entreprise est en processus de rationalisation, lequel exercice devrait entraîner l’élimination de 3 000 postes d’ici la fin de l’année.
« Comme n’importe quelle entreprise, nous avons besoin de réduire nos coûts, reconnaît M. Aboud. Et cette réduction nous permettra de rediriger nos ressources vers des secteurs davantage stratégiques, et donc d’investir dans des créneaux plus prometteurs. »
Lancée le 4 février dernier à New York, SAP Business Suite 7 arbore, en effet, une conception modulaire permettant un déploiement progressif et ainsi fractionner le projet en plusieurs sous-projets. Intégrant les meilleures pratiques de gestion, le progiciel de planification et de gestion des ressources d’entreprise propose une architecture orientée vers les services (SOA).
« SAP Business Suite 7 permet aux entreprises d’adopter une approche d’implantation modulaire, résume le pdg. Ce qui est rassurant pour elles, puisqu’elles ne sont pas contraintes de faire un gros investissement au départ. Elles peuvent y aller de façon incrémentale, petit projet par petit projet, et obtenir rapidement des retombés. »
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.