Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a approuvé vendredi dernier le transfert des licences de spectre sans fil de Freedom Mobile à Vidéotron, l’accord préconditionnel sur lequel reposait le combat de deux ans pour la fusion de Rogers et Shaw.
Maintenant que la fusion est autorisée, bien qu’avec deux reports coûteux de l’échéance, Rogers a de meilleurs espoirs pour sa performance financière de 2023.
Alors que la fusion de 26 milliards de dollars canadiens se heurtait à des obstacles de la part des organismes de surveillance de la concurrence, notamment le CRTC et le Bureau de la concurrence, Rogers s’est plaint des pertes potentielles et des risques de poursuites auxquels elle serait confrontée si la fusion n’était pas autorisée à la date de clôture du 31 mars.
Mais maintenant, le géant des télécommunications a, en fait, plus que doublé ses prévisions de bénéfices, passant de 4 à 7 % à 26 à 30 %.
Les nouvelles prévisions de bénéfices sont basées sur certaines « hypothèses importantes », a déclaré Rogers. Voici quelques-unes :
- Une « intensité concurrentielle » constante dans tous ses services.
- Les consommateurs de sans-fil continuent de passer à des appareils de plus grande valeur.
- Baisse du nombre d’abonnés à la télévision, y compris l’impact de la migration des clients vers Ignite TV à partir de l’ancien service de Rogers, dans le contexte de l’essor fulgurant des services par contournement (OTT).
- Poursuite des investissements dans la 5G, le réseau hybride fibre-coaxial et l’amélioration de l’expérience client.
- Aucun changement dans les conditions économiques affectant les activités commerciales ou provoquant des arrêts ou des annulations de travail liés au sport.
- Les taux d’intérêt demeurent stables.
- Aucune évolution légale ou réglementaire.
Alors que le ministre Champagne a clairement indiqué que la fusion est assortie de conditions juridiques avec des conséquences financières, il n’a fait aucune mention d’une mesure réglementaire ou juridique spécifique qui pourrait nuire à la vision des sociétés fusionnées.
Néanmoins, Rogers fait actuellement l’objet d’une enquête du CRTC initiée par le fournisseur de d’accès Internet indépendant TekSavvy concernant les tarifs préférentiels et les conditions qu’il accorderait à Vidéotron, comme cela a été révélé lors de la procédure devant le Tribunal de la concurrence à la fin de l’année dernière, pour permettre à l’entreprise québécoise d’émerger comme un concurrent crédible, après fusion.
Mais pour l’instant, Rogers, aux côtés de Shaw et de Québecor, savoure sa victoire.
« Aujourd’hui, nous fermons un chapitre de notre histoire et nous en ouvrons un autre qui, avec Rogers, permettra à davantage de Canadiens d’avoir accès à des réseaux de meilleure qualité et à une connectivité étendue aux communautés rurales, éloignées et autochtones », a déclaré Brad Shaw, chef de la direction de Shaw, dans un communiqué conjoint avec Rogers.
Tony Staffieri, PDG de Rogers, a ajouté que cette fusion « réunit deux entreprises emblématiques pour offrir plus de valeur, plus de connectivité et plus d’innovation aux Canadiens ».
Entre-temps, Québecor a remercié Rogers et Shaw pour leur coopération et a présenté la fusion comme une « nouvelle ère pour les Canadiens », ajoutant que « le bilan de succès de Vidéotron » et les « équipes hautement qualifiées » de Freedom offriront une « orientation client ».
En août 2022, Shaw avait annoncé la vente pour 2,85 milliards de dollars canadiens de son entreprise de télécommunications sans fil Freedom Mobile à la filiale Vidéotron de Québecor, dans l’espoir d’apaiser les préoccupations en matière de concurrence soulevées par le ministre Champagne et le Bureau de la concurrence.
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.