Rogers a publié la semaine dernière son rapport financier annuel, dans lequel elle peint un avenir heureux avec Shaw. Mais le rapport détaille également les sommes colossales encourues par Rogers à la suite des nombreux délais reportés, ainsi que ce qu’elle risque si l’accord de fusion de 26 milliards de dollars canadiens n’est pas conclu avant la date limite du 31 mars 2023.
Mais plus tôt cette année, Rogers a annoncé des bénéfices robustes au quatrième trimestre, avec une augmentation de 25 % de son bénéfice net, et prédit une croissance décente de ses prévisions de bénéfices.
Tout cela, a déclaré Tony Staffieri, chef de la direction de Rogers, a été réalisé, « dans le contexte d’une pandémie persistante, d’une nouvelle équipe de direction, de l’une des plus importantes fusions proposées de l’histoire du Canada et d’une panne de réseau sans précédent ».
Le géant des télécommunications s’est également vanté de son investissement record de 3,1 milliards de dollars canadiens en capital, dont 2,6 milliards de dollars canadiens dans la technologie et les réseaux, et d’un flux de trésorerie disponible de 2 milliards de dollars canadiens, hors financement de Shaw.
La fusion avec Shaw et ses nombreux essais et succès ont également été détaillés mais le rapport envisage un dénouement heureux dont le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne détient la clé.
« Rogers, avec Shaw, deviendrait une entreprise nationale solide de câblodistribution, de médias et de sans fil », a déclaré Tony Staffieri. « Ensemble, avec notre échelle et l’étendue de nos actifs, cela nous permettrait d’ajouter plus de valeur pour nos clients en regroupant nos services et en offrant des réseaux plus rapides et plus fiables dans plus d’endroits. Nous sommes impatients de conclure cette fusion transformatrice et d’offrir ses nombreux avantages à nos clients, à nos communautés et à notre pays. »
La date limite de clôture de la transaction a dû être reportée à deux reprises, car le ministre Champagne a soutenu qu’il n’était pas pressé de rendre un verdict sur le transfert des licences de spectre de Shaw à Vidéotron, le dessaisissement préalable conditionnel dont dépend la réalisation de la fusion.
- Staffieri a déclaré lors de la conférence TMT de la Banque Scotia mardi dernier, comme l’a rapporté cartt.ca, que « le temps nous a permis de solidifier nos plans d’intégration », ajoutant que Rogers entre dans la transaction dans une position plus forte qu’elle ne l’aurait été il y a 16 mois.
Cependant, Rogers a signalé à plusieurs reprises des risques importants de sanctions financières et de poursuites de la part des investisseurs en raison du temps pris par le ministre Champagne pour rendre un verdict et des délais prolongés qui en découlent.
Rogers a également révélé dans son rapport que si la transaction avec Shaw n’est pas conclue à la date limite la plus récente du 31 mars 2023, Rogers ou Shaw peuvent mettre fin à la fusion.
L’entreprise s’est notamment plainte des conséquences potentielles suivantes :
- Payer des frais de résiliation inversés de 1,2 milliard de dollars canadiens si la transaction Shaw n’est pas conclue.
- Payer les frais juridiques, comptables, fiscaux et liés au financement, que la fusion soit réalisée ou non.
- Le cours de l’action de l’entreprise, les performances financières futures et les relations avec les employés, les fournisseurs, les vendeurs, les détaillants, les clients et plus encore seront affectés négativement.
- À la clôture, la société devra payer jusqu’à 40 milliards de dollars canadiens de dette consolidée émise depuis le début de la transaction.
- Une dégradation des cotes de crédit compte tenu de l’encours de la dette et des coûts d’emprunt plus élevés à l’avenir.
Le rapport a ajouté : « Même si nous réussissons à intégrer les activités de Shaw, les avantages anticipés de la transaction Shaw pourraient ne pas être pleinement réalisés, ou ils pourraient prendre plus de temps à se réaliser que prévu. »
Rogers a souligné le paiement total de 819 millions de dollars canadiens versé aux détenteurs de billets spéciaux de rachat obligatoire (SMR) comme consentement à prolonger la date de SMR du 31 décembre 2022 (date de clôture initiale de la fusion) au 31 décembre 2023. Le consentement garantit le financement reste en place même si le délai n’est pas respecté.
Elle a également souligné qu’elle avait versé 27,2 millions de dollars canadiens au CRTC à la suite de son approbation de la fusion en mars 2022. La contribution a été apportée pour soutenir le système de radiodiffusion, par le biais de diverses initiatives, notamment le soutien aux nouvelles locales, les producteurs autochtones, l’embauche de plus de journalistes à City TV, et plus.
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.