Le domaine du quantique est en pleine effervescence et il a occupé une place importante dans les médias tout au long de 2023. Avec l’année qui s’achève, jetons un coup d’œil sur ce qui s’est passé dans les douze derniers mois au Canada dans le domaine quantique.
L’année a débuté avec l’annonce par le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, à la mi-janvier, de la Stratégie quantique nationale qui, déclarait-il, façonnera l’avenir des technologies quantiques au pays et contribuera à la création de milliers d’emplois. La stratégie a pour but de consolider le leadership mondial du Canada en recherche quantique et favoriser la croissance des entreprises, le perfectionnement des technologies et le développement des talents au pays. Elle est assortie d’un investissement du fédéral de 360 millions de dollars.
Élaborée à la suite de consultations publiques exhaustives comprenant des tables rondes avec les parties intéressées et une enquête en ligne, elle repose sur trois missions :
- Matériel informatique et logiciels : Faire du Canada un chef de file mondial du développement, du déploiement et de l’utilisation soutenus de ces technologies;
- Communications : Doter le Canada d’un réseau national de communications quantiques sécurisé et de capacités en matière de cryptographie post quantique;
- Capteurs : Soutenir les concepteurs canadiens et les premiers utilisateurs de capteurs quantiques.
Quelques mois plus tard, en mars, deux annonces importantes étaient faites. D’abord, la suédoise Ericsson créait à Montréal un nouveau centre de recherche quantique dans le cadre de son programme mondial de recherche quantique de pointe. La société y mène des projets de recherche visant explorer les algorithmes quantiques pour accélérer le traitement dans les réseaux de télécommunications et l’informatique quantique distribuée. Ericsson soutient les projets de recherche quantique en fournissant les défis académiques, les compétences en télécommunication et en réseautage et les installations.
Le même mois, OVHcloud, le géant français de l’infonuagique annonçait le déploiement de son premier ordinateur quantique au Canada dans ses installations de Beauharnois, non loin de Montréal. L’ordinateur MosaiQ est animé par un processeur photonique et conçu par la société française Quandela. Cet achat donne le coup d’envoi de nombreux projets en recherche et développement, déclarait alors la société, avec pour ambition de pourvoir ses équipes de recherche et développement avec d’outils adéquats pour expérimenter divers cas d’usage autour d’une machine basée sur un QPU (Quantum Processing Unit).
L’été fut, lui aussi riche en annonces importantes dans le domaine quantique. Mi-juin, DistriQ, zone d’innovation quantique, un OBNL de Sherbrooke qui se présente comme un catalyseur d’expertises et d’infrastructures quantiques pour favoriser l’émergence et l’accélération d’innovation dans cette industrie, lançait le Studio Quantique en partenariat avec Quantonation Ventures et l’Accélérateur de Création d’Entreprises Technologiques (ACET).
Le lendemain, PASQAL, une société française œuvrant dans le domaine de l’informatique quantique à base d’atomes neutres, faisait part de son intention de créer une usine de production et de traitement quantique de pointe à l’Espace Quantique 1 de DistriQ, à Sherbrooke. PASQAL Canada entend ainsi mettre sa technologie au service du marché nord-américain pour soutenir l’accélération de l’adoption de l’informatique quantique à atomes neutres dans la région.
Toujours en juin, NGen et DIGITAL, soutenus par la Stratégie quantique nationale annoncée en début d’année, s’associaient pour investir 30 M$ dans des projets visant à stimuler la commercialisation des technologies quantiques. Cette initiative de financement de cinq ans verra les deux partenaires travailler avec des entreprises pour développer leurs projets et créer des stratégies pour protéger et commercialiser leur propriété intellectuelle (PI) ainsi que pour identifier des partenaires de projet.
En juillet, IBM et la Plateforme d’innovation numérique et quantique du Québec (PINQ²) entamaient le processus d’installation, dans les installations d’IBM de Bromont, du premier IBM Quantum System One au Canada. Il s’agit d’un système utilitaire de 127 qubits qui sera utilisé pour accélérer le recours à la recherche quantique avancée, vers le développement d’applications permettant de relever divers défis complexes et urgents.
En vertu de son entente avec le géant de l’informatique, c’est PINQ² qui est l’opérateur exclusif de l’ordinateur quantique, avec comme objectif commun de renforcer la position du Québec en tant que leader mondial dans le domaine des technologies quantiques. Cette collaboration entre IBM et PINQ² repose sur un partenariat annoncé en février 2022 qui créait l’Accélérateur de découvertes Québec-IBM.
L’installation de l’appareil s’est déroulée sans heurts et l’appareil était inauguré le 22 septembre en présence de nombreux représentant des gouvernements, de monde académique et de l’industrie. On le présentait alors comme un tournant majeur dans le domaine de l’informatique et pour tous les secteurs de l’innovation au Québec. C’était, au moment de son inauguration, l’un des systèmes quantiques les plus avancés de la flotte mondiale d’ordinateurs quantiques d’IBM.
Début novembre, la Française PASQAL offrait un soutien à hauteur de 500 000 $ à la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke (UdeS) pour ouvrir un poste de professeur en informatique quantique appliquée, une contribution égalée par des organismes fédéraux et provinciaux canadiens. La création de cette chaire de recherche s’inscrit dans la stratégie de PASQAL visant à offrir des applications concrètes aux industries commerciales et un avantage quantique à court terme.
L’année quantique 2023 allait se terminer par le lancement dans le cadre du IBM Quantum Summit à New York au début décembre, du IBM Quantum Heron, un processeur de 133 qubits qui, selon la société, offre une réduction des erreurs jusqu’à cinq fois supérieure à celle de son prédécesseur.
Le nouveau processeur alimente le IBM Quantum System Two, également dévoilé lors de l’événement. IBM le décrit comme le premier ordinateur quantique modulaire de l’entreprise, qui constitue la pierre angulaire de l’architecture de calcul intensif centrée sur le quantique d’IBM. Le premier de ces ordinateurs, alimenté par trois processeurs IBM Heron, est opérationnel dans les installations d’IBM à Yorktown Heights, dans l’État de New York.
Par la même occasion, IBM dévoilait sa feuille de route de développement quantique, désormais étendue jusqu’en 2033, qui comprend de nouveaux objectifs pour améliorer la qualité des opérations de porte et ainsi augmenter la taille des circuits quantiques.