D’après l’Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTS), le Canada poursuit aujourd’hui une tradition d’avant-gardisme de longue date en matière de télécommunications.
À l’échelle mondiale, en effet, le Canada est le pays où l’on retrouve le plus grand nombre de réseaux HSPA+. D’un océan à l’autre, pas moins de deux douzaines d’entreprises offrent des services de communication sans fil. Afin de conquérir sa place parmi les leaders mondiaux des réseaux 4G, l’industrie canadienne a investi 2,95 milliards de dollars dans les immobilisations réseau au cours de la seule année 2009.
« Les Canadiens ont toujours occupé une position de tête en matière de télécommunications et souhaitent la conserver », rappelle le directeur des communications de l’ACTS, Marc Choma. Ce dernier soutient que la population canadienne se classe première dans le monde pour la consommation d’Internet. Les Canadiens consacrent quelque 400 minutes par mois à converser par l’entremise d’un cellulaire, soit deux fois et demi plus de temps que les Européens en général.
En l’espace d’une année (du printemps 2010 au printemps 2011), le nombre de téléphones intelligents s’est accru au pays de plus de 50 %. Trente-trois pour cent des Canadiens ayant un accès à Internet possèdent un téléphone intelligent. Près de la moitié de la population disposant d’un cellulaire et dont l’âge se situe entre 18 et 34 ans a choisi d’utiliser ce type d’appareil. Non seulement le nombre d’utilisateurs est-il en hausse, mais le volume de données transmis au moyen des téléphones intelligents connaît une croissance importante. « Les réseaux mobiles et la technologie de quatrième génération (4G) doivent répondre à la très grande demande canadienne en matière de communication sans fil », précise Marc Choma.
Rattrapage
Si l’expertise canadienne en télécommunications est reconnue depuis longtemps, la situation n’a pas toujours été rose pour autant. « Pendant une vingtaine d’années, le pays a accusé un retard important dans le domaine », indique Iain Grant, directeur général de la firme de consultation Seabord Group. Selon lui, le gouvernement a renversé la vapeur en mettant aux enchères des fréquences de communication sans fil, en 2008. C’est ce qui a permis à une entreprise comme Vidéotron de mettre en œuvre son réseau de quatrième génération HSPA+.
M. Grant rappelle qu’à ce moment, Rogers ne faisait que commencer à déployer son propre réseau HSPA+, alors que Bell et Telus en étaient encore à la technologie CDMA. Après des années de domination sans partage, durant lesquelles ils ont fait des affaires très rentables sans avoir à investir de façon importante, les grands fournisseurs ont été contraints de soutenir une nouvelle concurrence. « Ils n’ont eu d’autre choix que de moderniser leurs installations. Cette fortification de la concurrence a permis au Canada de revenir à l’avant-plan mondial des télécommunications. Voilà pourquoi le cadre concurrentiel de l’industrie exerce un impact majeur sur la qualité et le prix des services sans fil offerts à la population », dit-il.
« La mise en place par l’état de conditions de saine concurrence dans le secteur des télécommunications revêt une importance telle que le gouvernement ne peut perdre la chose de vue », poursuit M. Grant. Cette source d’alimentation de la concurrence ne doit pas se tarir. Il ne suffit pas de semer et d’irriguer une seule fois. Selon lui, l’élimination des barrières commerciales et la réduction du coût de la communication de données stimule l’adoption. Le pays devient alors plus concurrentiel, à l’échelon macroéconomique du moins, et la société, plus productive. Parce que ces technologies ont pour effet « d’accélérer la philosophie du commerce », notre produit commercial brut s’accroît, ce qui veut dire que notre bien-être général s’améliore.
Nouvelles enchères
D’autres voix s’élèvent pour réclamer le maintien d’une concurrence forte au sein de l’industrie du sans-fil. Les petites entreprises de télécommunications, que l’on appelle aussi « les indépendants », font partie de ceux qui le demandent. Ces « petits joueurs » se préparent aux nouvelles enchères d’Industrie Canada, prévues en 2012. Ce sera l’occasion pour les entreprises de télécommunications d’acquérir des licences d’utilisation de bandes de 700 MHz, nécessaires pour mettre en œuvre la technologie LTE.
« Nous attendons toujours les normes et les règles qui régiront ces enchères, indique Bastien Néron, directeur des opérations de Sogetel, entreprise offrant des services sans fil dans diverses régions du Québec. La façon dont les territoires des nouvelles licences seront séparés est cruciale pour nous. Plus les territoires seront vastes, plus les enchères seront élevées et plus les petits fournisseurs seront défavorisés », dit-il.
Des représentations ont été faites auprès d’Industrie Canada dans le but de sensibiliser le gouvernement à cette question. « Nous avons souligné le fait que les grands fournisseurs n’ont déployé aucun effort au cours des vingt dernières années pour offrir des services de communications sans fil hors des centres urbains », mentionne M. Néron. Les indépendants, de leur côté, ont toujours fourni des services sans fil de qualité en région.
Selon Iain Grant, si les grandes entreprises de télécommunications s’accaparent seules des fréquences vendues lors de ces enchères, ce sera catastrophique. Pour lui, cela pourrait ressusciter leur domination au sein de l’industrie et entraîner des effets néfastes quant au positionnement du marché canadien et aux services offerts au public.