Le service de musique en continu Rdio, établi par d’ex-dirigeants de Skype, mise sur une accessibilité continuelle et sur la réseautique sociale pour séduire les mélomanes. Rencontre avec le cofondateur Carter Adamson.
Le service de musique en continu Rdio a été lancé en 2010 en États-Unis et au Canada. Le service par abonnement mensuel, qui maintenant offert en Allemagne, en Australie, au Danemark, en Espagne, au Portugal, au Denmark et en Nouvelle-Zélande, compte un catalogue de plus de 15 millions de chansons qui est accessible de façon illimitée pour 4,99 dollars par mois sur des ordinateurs ou pour 9,99 dollars par mois sur des ordinateurs et des appareils mobiles. Le services est offert au Québec par le biais d’interfaces francisées.
Carter Adamson, le responsable de l’exploitation de Rdio, était de passage récemment à Montréal. M. Adamson, qui a travaillé pour Mirabilis (l’éditeur du système de messagerie ICQ), pour AOL et pour Skype, a été invité en 2008 à participer à un projet de service de diffusion de musique par Janus Friis et Niklas Zennström, les cofondateurs de Skype.
« Après avoir dit à la blague qu’on devrait lancer un projet lié à la musique, nous avons vu rapidement du potentiel dans ce créneau où survenaient des choses excitantes, explique M. Adamson. Pour une première fois des licences de diffusion de musique par un service en continu étaient disponibles, les consommateurs étaient plus nombreux à adopter les téléphones évolués et les réseaux sans fils étaient plus rapides. L’adoption des services en continu se produisait pour d’autres formes de contenu, par exemple Netflix et Hulu pour la vidéo… Les gens acceptaient le fait qu’ils n’ont pas à détenir un produit physiquement et qu’ils peuvent obtenir du contenu par l’infonuagique, à n’importe quel moment et à l’aide de n’importe quel appareil qu’ils utilisent à un moment donné. »
« Nous avons aussi l’existence de problèmes, notamment que l’intérêt envers la musique diminuait après l’université parce que la découverte de nouveaux artistes devenait plus difficile, que le volet de la mobilité était éludée et que l’offre de service dans le marché était incomplète…
Nous considérions que chaque personne sur la planète qui aime la musique pouvait bénéficier d’un endroit qui offrirait un accès illimité à la musique du monde entier pour 16 à 34 sous par jour », ajoute-t-il.
Vidéo : Rdio – Rencontre avec Carter Adamson
Enchaînement musical
Une des principales caractéristiques du service Rdio est sa capacité d’être utilisé sur divers appareils fixes et mobiles, par le biais de réseaux filaires, de réseau locaux sans fil ou de réseaux de téléphonie mobile, à raison d’un appareil à la fois. Outre l’ordinateur de table ou mobile des plateformes Windows ou Mac, où le service est accessible par le biais d’un fureteur ou d’un logiciel dédié, Rdio peut être utilisé sur les téléphones évolués, les appareils multimédias et les tablettes électroniques qui fonctionnent sous iOS, Android, Windows Phone 7, ou BlackBerry. Également, Rdio est compatible avec le lecteur multimédia Roku, qui se branche à un téléviseur ainsi qu’avec le système de musique sans fil Sonos. Dès qu’un utilisateur établit une connexion au service à l’aide d’un appareil, la lecture de musique est interrompue sur l’appareil où elle jouait précédemment.
Le niveau de qualité de la musique en continu (encodée à l’origine à 256 Kb/s) est adapté automatiquement en fonction de la bande passante offerte par le réseau, ce que M. Adamson appelle l’approche de « pelure ». Aussi, pour une utilisation hors ligne, Rdio offre de synchroniser de la musique par le téléchargement de fichiers MP3 dans un appareil mobile. Ces fichiers demeureront accessibles tant que l’abonnement illimité de l’utilisateur soit en vigueur.
« Pour la première fois, nous offrons une réelle mobilité en continu, ce que les gens ont toujours voulu, affirme M. Adamson Personne n’achète une chanson dans la boutique iTunes [d’Apple] pour ne l’écouter que sur l’ordinateur [sic]. Chaque année paraît un nouveau type d’appareil qui a la capacité d’être branché à Internet et de jouer une chanson… »
La musique en partage
À propos de ce qui différencie le service Rdio des autres services de musique en continu, grande attention envers la conception du service et l’expérience utilisateur, comme l’avaient fait les cofondateurs de Skype. « En téléphonie IP, nous étions dans un marché fortement occupé et concurrentiel, qui était plus mature. Nous avons réussi à devancer la concurrence parce que notre produit rejoignait le plus grand nombre de personnes. Nous comptons faire la même chose avec la musique », affirme M. Adamson.
Le cofondateur de Rdio ajoute que le service se distingue de la concurrence par son emphase sur la découverte de musique par le biais de la réseautique sociale, alors qu’un flux d’activité des pairs permet à l’utilisateur de découvrir de nouveaux artistes ou styles musicaux.
« Alors que les problèmes de la mobilité et des coûts étaient réglés, comment pouvait-on s’y retrouver dans toute cette musique? Nous avons pris une page du livre de Twitter, où les gens suivent des personnes en qui elles ont confiance et qui les aident à prioriser ce qu’il faut regarder ou lire au quotidien. C’est pareil avec la musique, où l’on peut suivre des musiciens, des étiquettes de disques, des blogueurs ou une personne au hasard qui s’y connaît beaucoup en matière de pianistes de jazz… », explique M. Adamson.
« Les gens qui essaient le service disent qu’ils ont découvert plus de musique en deux jours qu’au cours des deux dernière décennies. Nous encourageons à nouveau la consommation de la musique et nous la démocratisons en offrant une vue personnalisée de la musique. L’aspect social est important pour notre service », affirme-t-il.
M. Adamson ajoute que Rdio compte être également un service d’envergure mondiale, au moyen d’ententes établies avec les fournisseurs de services de télécommunications, en vertu de l’expérience vécue au préalable chez Skype.
Silences
Toutefois, un bémol réside dans l’accessibilité à la musique d’artistes locaux dans le catalogue de Rdio. Présentement on peut y écouter tous les albums de quelques vedettes québécoises de renom, mais pour plusieurs artistes seulement un album ou quelques chansons sont accessibles. Les autres oeuvres de ces artistes sont visibles, mais elles ne peuvent être lues.
« En musique il y a une énorme quantité de détenteurs de droits, explique M. Adamson. On ne peut encore signer une entente globale magique qui donne accès à tout le contenu d’un artiste dans tous les territoires. L’industrie évolue rapidement dans cette direction et certaines étiquettes essaient d’y parvenir maintenant, mais il y a beaucoup de rapiéçage à faire. Il nous faut parler aux maisons indépendantes et aux agrégateurs locaux et établir des ententes spécifiques avec chacun d’eux. »
« Le contenu est la clé dans ce créneau. Nous téléversons du nouveau contenu chaque jour et nous offrons des albums des artistes locaux de chaque nouveau pays où nous offrons notre service mais c’est un processus très, très long… »
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À voir : Rdio – Rencontre avec Carter Adamson
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.