Connue pour sa coordination du système des codes à barres, GS1 Canada utilise le nuage informatique de HP pour soutenir un système de rappel de produits, conçu pour le secteur alimentaire.
En s’alliant au géant transnational Hewlett-Packard, la société GS1 Canada vient de frapper un grand coup. Lundi, un an après la catastrophe ayant mis en cause les produits Maple Leaf à la grandeur du Canada, cet organisme sans but lucratif (OSBL) lançait un système de rappel de produits conçu pour le secteur alimentaire. C’est une première mondiale qui, si on en croit la directrice de l’exploitation de GS1 Canada, Eileen MacDonald, conférerait au pays de la feuille d’érable un important avantage concurrentiel.
GS1 Canada est une association sans but lucratif dirigée par l’industrie, qui a été créée pour promouvoir et maintenir les normes globales d’identification des biens, services, emplacements et communications relatives au commerce électronique. Elle soutient plus de 9 000 entreprises dans 20 secteurs différents. Elle est membre de l’organisation internationale GS1 qui développe des normes et des solutions pour améliorer la gestion de la chaîne d’approvisionnement.
Première application commerciale du nuage de HP
Ce service se trouve à être la première application commerciale de la plate-forme « Cloud Computing for Manufacturing » de HP. Elle s’intéresse au rouage essentiel de l’économie, le consommateur et sa santé. C’est le nuage informatique au service de Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Le nuage qui vient s’immiscer jusque dans nos assiettes, pour la bonne cause.
Comme le précise la directrice mondiale des initiatives « Cloud » chez HP, Rebecca Lawson, le gros nuage permet d’aller beaucoup plus loin qu’un simple module qu’on ajouterait à un progiciel de gestion de chaîne logistique (Supply Chain Manager – SCM). Ainsi, il permet de fédérer des quantités effarantes de données provenant de systèmes hétéroclites situés ici et là sur le long trajet entre la manufacture et la tablette du commerçant. Il permet de transcender la rigueur logique d’un SCM pour observer et analyser, en toute souplesse, toutes les étapes logistiques. « Cela permet de voir où le problème a eu lieu », explique Mme Lawson. Mais, fondamentalement, ajoute-t-elle, ce nouveau service redéfinit la manière dont l’information de rappel est partagée entre les entreprises jouant un rôle dans la chaîne.
Imaginons par exemple, une alerte concernant la viande qui, comme ce fut le cas en 2008, serait attaquée par la listériose. Avec le nouveau système, les produits devant être rappelés qui se seraient glissés dans un panier d’épicerie seraient instantanément identifiés par les scanneurs des points de vente, cela grâce à leur code à barres ou à leur identité RFID, voire les deux. Immédiatement, ils seraient retirés de la commande d’épicerie. Cela réduirait considérablement le nombre des produits jugés impropres à la consommation qui entreraient dans nos frigos et qui aboutiraient sur les grilles de nos barbecues, avec tout ce que cela implique par la suite. Parlez-en à Maple Leaf!
Pourquoi GS1 Canada et non pas GS1 Irlande ou GS1 États-Unis? Le Canada s’avère un pays avec lequel l’organisme international de normalisation adorerait travailler, répond Mme MacDonald. « Il faut savoir que le chapitre canadien est très actif depuis les débuts; on lui doit notamment la deuxième implantation du système de code à barres (une des créations du GS1) dans l’histoire mondiale ». C’était alors dans le secteur alimentaire. Le système de code à barres UPC fêtait récemment le 35e anniversaire de sa première utilisation.
Avec l’aide de ses cotisants industriels dont la très éprouvée Maple Leaf, GS1 Canada a mis au point un service bien adapté, fondé sur la plate-forme « Cloud Computing for Manufacturing » de HP, une plate-forme récemment développée à Galway (Irlande) au laboratoire Track and Trace Competency Center de HP. On se souvient du cauchemar irlandais de l’an dernier relativement au rappel massif des produits du porc. Une histoire terrible.
Pourquoi le secteur alimentaire? « Parce que l’industrie, Maple Leaf en tête, est venue nous demander de faire quelque chose », continue Mme MacDonald. Ce qui ne signifie pas pour autant que GS1 Canada s’en tiendra à ce secteur. Elle aurait des projets en chantier en ce qui concerne les produits destinés aux bébés et en ce qui a trait au secteur pharmaceutique. L’automobile? L’électronique? L’informatique? Plus tard! Rien ne semble bouger pour l’instant dans ces industries dont les rappels de produits font parfois les manchettes. « Gardons le cap sur ce qui marche fort; après, on passera à d’autres domaines ».
Une expertise exportable
Chose certaine, il sera possible d’exporter ce savoir-faire irlando-canadien. Quel que soit le pays industrialisé, les principes ou les procédures en ce qui a trait à la qualité manufacturière sont semblables. « On parle de 10 % ou de 15 % des façons de faire qui devront être adaptées. Pas plus », de préciser la porte-parole de GS1 Canada.
Le nouveau service s’articule autour de produits HP dont la « Enterprise Storage and Server infrastructure », la « Software Professional Services for HP Application, Lifecycle Management and Information Management », le « StorageWorks 2000 Modular Smart Array (MSA 2000) et la « StorageWorks SAN Virtualization Services Platform ».
Quant à la plate-forme « Cloud Computing for Manufacturing », elle dispose essentiellement de trois pivots. Primo, les « HP Cloud Services », du logiciel sur demande (Software as a Service) que les entreprises impliquées en manufacturier, en distribution ou en commerce au détail peuvent utiliser pour repérer, rappeler ou authentifier leurs produits.
Secundo, la « HP Cloud Platform », un environnement de développement et d’exécution qui fournit des services de données, d’analyse, de gestion et de sécurité. Enfin, tertio, la « HP Cloud Infrastructure » – une infrastructure sur mesure qui automatise les approvisionnements et la gestion des systèmes.
Tout cela positionne solidement HP dans ce créneau. « Il faut voir en HP une marque de confiance, une marque que l’on respecte et qui favorise l’adhésion industrielle; c’est un des grands noms qui rassurent », ajoute en terminant Mme MacDonald, de GS1 Canada. L’alimentation est un secteur névralgique où la prudence est de mise, pour parler en euphémismes, et où on ne voudra pas prendre de risque avec une marque méconnue.
Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.