Le réseau Internet revêt un caractère essentiel pour bon nombre de personnes et d’organisations. Lorsqu’un bris majeur affecte les communications, les impacts sur certaines pratiques commerciales sont immédiats.
En quelques années, l’Internet est passé d’un service utile, à utilisation sporadique, à un service inévitable que l’on désire être disponible en tout temps.
Un peu comme le téléphone, les individus et les entreprises perçoivent la Toile comme un service essentiel, au même titre que l’électricité ou le téléphone. S’ils n’ont pas accès au « réseau des réseaux » pour chercher de l’information, interagir ou effectuer des transactions commerciales, les internautes se sentent bien démunis.
Avec l’augmentation de la bande passante et la diversification des applications fondées sur la réseautique, plusieurs organisations ont commencé à transposer sur l’Internet des processus qui étaient auparavant réalisés à l’interne. Plusieurs ont eu recours au télétravail et aux transactions à distance, où les employés peuvent effectuer des tâches reliées au boulot à partir de la maison ou sur la route par le biais d’un ordinateur et d’un lien de télécommunications avec ou sans fil.
Pour d’autres, l’Internet a permis de pousser plus loin le concept du travail à distance en délocalisant des emplois, en premier lieu vers d’autres provinces, puis vers d’autres pays situés sur d’autres continents. Ainsi, des fonctions de développement de logiciel, de service à la clientèle et d’analyse de données ont été confiées à des filiales ou à des sous-traitants qui paient leurs employés beaucoup moins cher qu’il en coûte localement.
Même en ajoutant les frais d’utilisation de l’Internet, les économies obtenues grâce à la délocalisation sont alléchantes pour l’entreprise, ses propriétaires et ses actionnaires, au malheur des travailleurs d’ici qui se retrouvent au chômage. En fait, l’Internet permet d’appliquer aux services et aux données le même traitement que celui qui est appliqué par beaucoup d’entreprises pour la fabrication et l’assemblage de produits tangibles.
Or, il suffit de peu pour que se brise le lien de transfert de données… et le lien de confiance envers la réseautique.
Cette semaine, un bateau en difficulté dans la Méditerranée a jeté l’ancre à la mer, et ladite ancre a sectionné deux câbles sous-marins qui reliaient à l’Internet plusieurs pays du Moyen-Orient, dont l’Inde qui est un terreau fertile pour la délocalisation. Plusieurs entreprises d’Amérique du Nord et d’Europe ont vu leurs communications liées aux fonctions internes, mais aussi les communications de leurs clients s’interrompre d’un coup sec.
Les fournisseurs de services se sont alors empressés de recourir au reroutage des communications, grâce à l’un des précieux atouts de la Toile. Lorsque le ministère de la Défense des États-Unis a conçu ARPANET, l’ancêtre de l’Internet, il a été établi que les ordinateurs reliés en réseau pourraient continuer d’être accessibles les uns aux autres par l’entremise d’autres liaisons, dans l’éventualité qu’un des maillons de la Toile flanche. Ainsi, les FSI ont eu recours à des liens en provenance du Pacifique pour rétablir quelque peu les communications, à un débit moindre qu’à l’habitude. D’autres ont opté pour des liaisons par satellite, le temps que le câble sous-marin brisé soit réparé, ce qui pourrait prendre des semaines.
Il ne s’agit pas du premier incident du genre, alors que des tremblements de terre causent de temps en temps des ruptures de liaison. Récemment, la rupture d’un important câble optique en Thaïlande avait été causée par des pêcheurs qui étaient autorisés à prélever les vieux câbles en cuivre! Personne n’est à l’abri d’une catastrophe naturelle ou d’un geste posé par la main de l’homme…
Par ailleurs, les transmissions par satellite ne sont pas épargnées par les possibilités d’interruption de service. Il suffit qu’un caillou gros comme un pois frappe un satellite pour que d’importants réseaux de télécommunications cessent d’être fonctionnels.
Maintenant, que peuvent faire les organisations qui dépendent de ces liaisons? La prudence serait d’assurer que l’unité responsable des télécommunications ou le FSI possède des réseaux redondants qui utilisent une diversité de moyens de communication, pour empêcher une interruption du travail. Il serait aussi prudent de penser à des moyens de poursuivre une partie du travail si un problème survient, afin que d’éviter qu’une interruption majeure ait des impacts majeurs sur le travail à l’interne ou sur la clientèle. Enfin, il pourrait être utile d’établir une certaine provision de travail afin d’éviter qu’un pépin de dernière minute ait des répercussions fâcheuses.
Certes, le principe du travail « juste à temps » et même la procrastination sont encouragés en quelque sorte par la disponibilité et l’instantanéité que procure la réseautique. Pourquoi faire maintenant ce qui peut être fait au dernier moment? Mais tout comme une tempête de verglas peut immobiliser un train ou qu’un bateau peut couler en pleine mer, il suffit d’une panne de réseau pour constater que les affaires ne tiennent qu’à un fil…
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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