Les Canadiens doutent de la capacité des détaillants, des banques et des gouvernements à protéger leurs renseignements personnels.
Le fournisseur de solutions de gestion des TI CA Canada a rendu publiques deux études qui portent sur la perception des consommateurs quant à la sécurité des systèmes d’information.
Réalisées au printemps dernier pour le compte de CA par The Strategic Counsel auprès de 200 cadres en technologies ou en sécurité et de 400 consommateurs, ces études démontrent une certaine complémentarité. Alors que la première porte sur les attaques dont sont victimes les grandes entreprises et les organisations canadiennes, la deuxième a trait au sentiment de confiance qu’ont les consommateurs à l’égard des entreprises et des organisations qui détiennent des renseignements à leur sujet.
Or, il appert que les grandes entreprises et organisations sont victimes d’un nombre croissant d’attaques, qui proviennent de plus en plus de l’interne, et que ces attaques entraînent souvent la perte de renseignements personnels.
On apprend ainsi que 86 % des entreprises et organisations ont été victimes d’attaques ciblant leurs systèmes d’information au cours des douze mois précédant le sondage, comparativement à 67 % en 2003. De plus, la proportion d’entreprises ou d’organisations qui a été victime d’attaques ayant entraîné la perte de renseignements personnels a doublé en 2008 par rapport à 2006, passant de 10 % à 20 %. Au Québec, la croissance est encore plus importante, puisque la proportion est passée de 6 % à 17 %.
Les pertes de propriété intellectuelle résultant de ces attaques ont également doublé durant la même période, passant de 8 % à 16 % à l’échelle canadienne. Au Québec, la croissance a été moins importante, puisque la proportion des entreprises et organisations qui ont été victimes de telles pertes est passée de 11 % à 17 %.
Signe de l’évolution de la nature et de la source des attaques, le tiers des cadres sondés ont désigné les brèches internes comme principal enjeu de sécurité cette année; en 2003, cette proportion était de 5 %. Les attaques de virus sont en chute libre, puisqu’elles sont maintenant le lot de 62 % des entreprises et organisations contre 75 % cinq ans plus tôt.
Les attaques entraînent des pertes de revenus, de clients ou d’autres valeurs corporelles, ce qui a été le cas de 17 % des entreprises et des organisations sondées en 2008, comparativement à 11 % deux ans plus tôt.
Perte de confiance
Alors, il n’est pas étonnant que les consommateurs aient peu confiance dans la capacité des entreprises et des organisations à protéger les informations qu’elles détiennent à leur sujet. En fait, seulement 7 % des Canadiens et 10 % des Québécois affirment avoir une grande confiance dans la capacité des détaillants, des banques et des gouvernements canadiens à protéger leurs renseignements personnels. Parmi les types d’organisations, ce sont les détaillants qui obtiennent le plus bas taux de confiance, soit 0,5 %, suivis des grandes institutions financières (9 %) et des gouvernements fédéral et provinciaux (12 %).
Le fait que 14 % des Canadiens et 9 % des Québécois ont déjà été victimes d’un vol de renseignements personnels et que 44 % des Canadiens et 33 % des Québécois connaissent quelqu’un qui a été victime d’un tel méfait n’est pas étranger au peu de confiance qu’ils accordent aux entreprises et organisations qui détiennent des informations nominatives. La perte de confiance, l’atteinte à la réputation et la réduction du taux de satisfaction sont identifiées par 85 % des consommateurs comme étant les principales conséquences des brèches de sécurité ou de protection de la confidentialité.
Probablement en raison de leur meilleure connaissance des dispositifs de sécurité mis en place dans les organisations, 36 % des responsables de la sécurité interrogés affirment avoir confiance dans la capacité de leur organisation à protéger les renseignements nominatifs qu’elle détient. Cela dit, 39 % de ceux-ci sont d’avis que leur organisation ne consacre pas assez d’argent à la sécurité et à la protection des renseignements nominatifs. Quand on interroge les consommateurs à ce sujet, la proportion grimpe à 84 % dans le cas des détaillants, à 67 % dans celui des gouvernements et à 62 % dans celui des banques.
Il y a donc une différence de perception entre les consommateurs et les spécialistes. Qu’elle soit fondée ou pas, la perception des consommateurs détermine la confiance qu’ils accordent aux entreprises et les choix qu’ils font.
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.