Le projet i3 (Intégration des immigrants en informatique) vise à établir une communauté de pratique où des mentors aideront des immigrants à exploiter leur potentiel afin d’occuper un emploi en TIC au Québec.
L’association industrielle Réseau Action TI et le comité sectoriel en main-d’oeuvre en TIC TechnoCompétences ont donné le coup d’envoi officiel au projet i3 afin de rassembler mentors et immigrants au sein d’une communauté de pratique, à des fins de réseautage et d’accompagnement.
En clair, le projet i3 vise à mettre en contact des membres des communautés culturelles qui détiennent une formation en TIC obtenue au Québec ou ailleurs, ou qui possèdent une expérience de travail acquise hors du Québec, avec des personnes d’expérience issues ou non d’une communauté culturelle. Ces mentors prodigueront des conseils et des pistes de solutions à ces immigrants afin qu’ils puissent mettre en valeur leur expérience et leur expertise en TIC auprès d’employeurs qui sont confrontés à des enjeux de main-d’oeuvre.
Ce projet d’une durée initiale de trois ans, qui sera soutenu financièrement par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du gouvernement du Québec, comptera sur l’implication des membres du Réseau Leaders Diversité, un regroupement de gens d’affaires établi en 2008 qui prône la diversité en emploi ainsi que les talents et les compétences des immigrants.
Soutenir les compatriotes
Fadi Joseph, directeur de solutions chez le fournisseur de services de télécommunications Bell Canada, est l’instigateur du projet i3. M. Joseph, d’origine libanaise, compte vingt années d’expérience dans le secteur des TIC. Cet ingénieur de formation, qui a obtenu en France deux maîtrises, dont une en administration des affaires, a vécu les mêmes enjeux liés à l’emploi que les immigrants actuels lorsqu’il est venu s’établir au Québec il y a quinze ans. « Cela m’a pris du temps avant d’arriver, à mon avis, là où je devais être », estime-t-il.
Ce sont donc des motivations personnelles, qui émanent de sa propre expérience, qui l’ont incité à amorcer ce projet de mentorat. Déjà, des compatriotes, par le biais de l’Association TI Libano-Canadienne dont il fait partie, mais aussi des représentants d’autres communautés, comme le Congrès maghrébin du Québec, ont manifesté leur désir d’implication.
« Je trouvais que la situation n’est pas juste : il y a un manque énorme et il y a beaucoup de demandes de main-d’oeuvre dans le marché des TIC, mais il y en a beaucoup de gens qui sont sur la touche, même s’ils détiennent les formations nécessaires. Il y a des gens qui ont des PHD qui n’arrivent pas à trouver un travail de représentant. D’autres achètent des boutiques de Dollorama, d’autres font du taxi… Je me disais que quelque chose n’allait pas », relate M. Joseph.
« J’ai passé par toutes ces étapes où la question qu’on me posait était : “Quelle est votre expérience nord-américaine?” Je dis Heille! Il n’y a pas en TI d’expérience nord-américaine, européenne ou asiatique! Ça fait 20 à 25 ans que les TIC existent, et l’expérience, partout dans le monde, est pareille! C’est ce qui est venu me chercher de l’intérieur. J’ai pensé que serait une mission noble de passer à ces gens tout ce qu’il faut pour qu’ils s’intègrent et trouvent des emplois plus facilement », ajoute-t-il.
M. Joseph croit que le projet i3 servira autant à apprendre à l’immigrant la bonne façon de démontrer sa valeur et d’augmenter ses efforts d’intégration avec leur communauté d’accueil, tout comme de démontrer aux entreprises québécoises que la diversité de l’expérience détenue par les immigrants constitue une valeur ajoutée. « Aujourd’hui, au niveau des affaires, plus nous avons de mosaïque, plus nous arrivons à avoir de production de motivation et de création dans le monde des TIC, affirme M. Joseph. Les IBM et les HP de ce monde travaillent beaucoup à la diversification de leurs ressources. À Montréal, nous avons beaucoup de talent dans les immigrants… De plus, on peut bénéficier de ces personnes pour établir des relations dans les pays d’où elles viennent. »
Mentorat virtuel
Selon M. Joseph, bien que des rencontres individuelles pourront être réalisées, le projet i3 désire appliquer surtout un modèle de coaching virtuel où les technologies du Web 2.0 seraient mises à contribution pour faciliter l’interaction entre les mentors et les immigrants. L’objectif initial des partenaires du projet est de solliciter l’intérêt de 250 immigrants, mais M. Joseph estime que plus d’un millier d’immigrants pourraient tirer profit des recommandations des conseillers.
Par ailleurs, le projet i3 souhaite l’implication d’une quarantaine de mentors de l’industrie des TIC qui proviendront autant des communautés culturelles, pour faciliter les interactions avec les nouveaux arrivants, que des « communautés d’origine » du Québec, pour le soutien des immigrants qui ont déjà réalisé une certaine intégration et procédé à des tentatives d’insertion dans le marché de l’emploi.
Dans le cadre du Salon des carrières en technologie, qui a lieu au Palais des congrès de Montréal les 7 et avril 2010, les responsables du projet i3 réaliseront une activité de sensibilisation où ils souhaitent établir une banque de candidats, autant à titre de mentor ou de mentoré. Frederick Wardini, responsable de mentorat et du coaching à l’Association TI Libano-Canadienne, prononcera une allocution durant l’événement.
Les mentors potentiels ou les immigrants qui sont intéressés par le projet i3 peuvent communiquer avec les responsables du projet par courriel à l’adresse i3@actionti.com.
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.