Quelques heures après que le gouvernement fédéral eut annoncé, la semaine dernière, qu’il suspendait sa publicité sur Facebook et Instagram de Meta, la province de Québec et les villes de Montréal, Québec, Laval, Longueuil et Gatineau ont emboîté le pas.
La décision de suspendre la publicité démontre l’intention du gouvernement de tenir bon dans son contentieux en cours au sujet du projet de loi C-18 contre Google et Meta.
Le projet de loi, qui a reçu la sanction royale il y a deux semaines après un an de vastes consultations et de controverses publiques, obligerait les géants de la technologie à payer les éditeurs de nouvelles pour les liens vers leur contenu.
En réaction, Meta et Google ont décidé de mettre fin à la disponibilité des informations au Canada, laissant l’avenir de la législation en suspens.
Mais le ministre du Patrimoine Pablo Rodriguez est plus vexé par l’approche de Meta, qu’il a qualifiée de « déraisonnable et irresponsable » lors d’une conférence de presse. Google, en revanche, a-t-il confirmé, continue d’avoir des discussions avec le gouvernement.
La suspension de la publicité sur Facebook et Instagram, a-t-il dit, envoie un message selon lequel les plateformes doivent se conformer à la loi canadienne.
Peu de temps après, le premier ministre du Québec, François Legault, a exprimé son soutien et a annoncé que la province de Québec suspendrait la publicité sur les plateformes de Meta ; « Aucune entreprise n’est au-dessus des lois », a-t-il tweeté.
Les maires et mairesses de Montréal, Laval, Longueuil, Québec et Gatineau ont également suivi la marche, « en solidarité avec les organes de presse ».
Plus tôt, les entreprises de médias Cogeco et Québecor avaient également retiré leur publicité des plateformes de Meta.
« Le défi de continuer à fournir un journalisme de qualité est immense pour les entreprises de presse et de médias », a déclaré Cogeco dans un communiqué. « L’affaiblissement continu des médias canadiens au profit des géants étrangers de la recherche et des médias sociaux ne fera qu’exacerber les défis liés à la désinformation. »
L’entreprise a également demandé au gouvernement de réinvestir les 10 millions de dollars qu’elle dépense chaque année en publicité sur Facebook dans les médias canadiens.
La filiale de Cogeco, Cogeco Média, possède et exploite vingt et une stations de radio à travers la province de Québec.
Québecor, la première à retirer sa publicité de Facebook et d’Instagram, a déclaré dans un communiqué : « Cette décision autoritaire est un abus de la position dominante de Meta, particulièrement sur le marché canadien de la publicité en ligne, et viole les principes fondamentaux de toute société qui croit en l’importance d’une couverture médiatique fiable et digne de confiance pour une démocratie saine ».
Lors d’une conférence de presse hier, le premier ministre Justin Trudeau a comparé l’impasse du projet de loi C-18 à la défense de la démocratie en Ukraine ou pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Facebook a décidé que le Canada était un petit pays, suffisamment petit pour pouvoir rejeter nos demandes. Ils ont fait le mauvais choix en décidant d’attaquer le Canada. Nous voulons défendre la démocratie. C’est ce que nous faisons partout dans le monde, comme soutenir l’Ukraine. C’est ce que nous avons fait pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est ce que nous faisons chaque jour aux Nations Unies. »
Malgré la décision du gouvernement fédéral de suspendre la publicité sur Facebook et Instagram, les responsables du Parti libéral continuent de diffuser de la publicité politique sur les plateformes.
NDLR : On apprenait en fin de journée vendredi que Bell Média avait décidé de joindre le mouvement de protestation. « Puisque Meta poursuit son plan de bloquer le contenu des nouvelles canadiennes sur ses plateformes numériques, nous suspendons immédiatement notre publicité sur Facebook et Instagram », a déclaré son président, Wade Oosterman, dans un communiqué.
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.