Les connexions 10 Gigabit Ethernet, les systèmes de stockage de contenus numériques, les systèmes de téléphonie IP à code source libre, les outils d’optimisation des agents de service à la clientèle et les appareils photos numériques connaîtront une croissance intéressante disent les analystes de marché. Par ailleurs, l’attrait des réseaux sociaux virtuels serait-il en voie de plafonner?
Décuplement de l’Ethernet en arrière-boutique
La firme IDC estime que la technologie de connexion de réseau Ethernet à 10 Gbit/s croîtra en popularité au cours des prochaines années, alors qu’elle prédit une progression des revenus des fournisseurs des semi-conducteurs à un taux annuel composé de 6,3 % jusqu’en 2012 dans le segment des applications embarquées.
Au cours des prochaines années, les fabricants d’ensembles de puces poursuivront une transition des connexions Ethernet à 100 Mbit/s vers les connexions à 1 Gbit/s pour la couche physique et la couche de commutation. La transition à grande échelle des fabricants de la connexion Ethernet Gigabit à la version à 10 Gbit/s pourrait plutôt survenir à partir de 2010.
IDC indique que des applications comme les réseaux de stockage et les commutateurs lames, susceptibles de recourir à la technologie Ethernet à 10 Gbit/s à court terme, pourraient servir de locomotive à une adoption élargie sur le marché. Les fournisseurs de services Internet constituent un autre segment de marché qui en fera l’adoption hâtive.
Davantage de contenus numériques, davantage de contenants…
Alors que la quantité de contenus ne cesse d’augmenter, la firme Frost & Sullivan évalue que le marché mondial des systèmes de stockage des contenus numériques, qui aurait généré des revenus de 24,3 milliards $ US en 2006, pourrait atteindre 49,3 milliards $ US en 2012. Notamment, la firme souligne que les fournisseurs miseraient sur de meilleurs taux de transfert, une extensibilité accrue et une fiabilité améliorée.
Une tendance de marché importante a trait à une transition des contenus des rubans vers les disques, en raison des capacités accrues et des coûts réduits du stockage sur disque rigide. Mais cette transition sera progressive, alors que plusieurs utilisateurs poursuivent l’expansion de leurs bibliothèques de rubans analogiques et n’ont pas établi de processus de flux de travail numérique. Les services vidéo améliorés pourraient toutefois influencer les besoins pour des systèmes de stockage performants.
Alors que les industries du divertissement et des médias offrent dès maintenant un grand potentiel de marché aux fournisseurs, le marché de l’entreprise courante offrira plutôt une croissance modeste en matière d’adoption des systèmes de stockage de contenus numériques. L’Amérique du Nord serait le principal marché géographique pour de telles solutions.
Téléphonie IP : l’approche libre en entreprise?
Frost & Sullivan évalue que 200 000 utilisateurs ou lignes d’abonnés en téléphonie IP sont exploités en entreprise à l’aide de systèmes à code source libre en Amérique du Nord.
La firme croit que l’adoption par les entreprises de systèmes de téléphonie IP selon l’approche libre se fera plus rapidement que celle du système d’exploitation Linux, qui aurait en quelque sorte pris soin des réserves exprimées envers l’adoption d’une telle philosophie.
La firme souligne qu’il y a une perception que le coût total de possession d’un système téléphonique à code source libre est plus élevé qu’avec un système propriétaire. Elle ajoute toutefois que la mise à niveau d’infrastructure de réseau, les coûts de licences d’applications et l’ajout d’une redondance sont fréquemment requis pour la téléphonie IP, que seul le scénario de déploiement d’une organisation déterminera si une solution IP propriétaire est plus économique qu’une solution libre.
Frost & Sullivan ajoute que l’ignorance de l’existence de déploiements réussis, où des logiciels libres ont été intégrés à des produits commerciaux, empêche les fournisseurs d’en faire des cas d’exemple et de faire reconnaître la téléphonie libre comme une option valable. La réalisation de déploiements par des revendeurs et des partenaires pourrait aider à la reconnaissance de la fiabilité de telles solutions.
L’analytique pour optimiser les agents de SAC
Frost & Sullivan affirme que le marché nord-américain des outils d’optimisation de la performance des agents de service à la clientèle (SAC), qui a généré des revenus de 604 millions $ US en 2006, pourrait générer des revenus annuels de 743 millions $ US en 2013.
Notamment, la firme indique que le recours à l’analytique, soit la conversion d’informations d’interaction non structurées entre les agents et les clients, suscite un intérêt croissant de la part des organisations. Frost & Sullivan indique que ces dernières veulent des outils qui permettront d’obtenir de la rétroaction sur les performances des agents du service à la clientèle afin d’améliorer de façon continue l’interaction avec les clients.
La transition des outils vers le protocole IP ainsi qu’une série de fusions et d’acquisitions de fournisseurs pour l’offre de solutions complètes ont marqué ce segment de marché au cours des dernières années. Ces fournisseurs cherchent d’ailleurs à offrir des outils intégrés qui lient le centre d’appels à la gestion de l’entreprise pour raffiner les modèles d’embauche et de formation des agents.
Toutefois, la firme croit que les acquéreurs de logiciels d’optimisation seront plus sélectifs envers les fonctionnalités et les technologies de ces outils, et les fournisseurs devront s’assurer de l’interopérabilité des outils des suites de produits. Elle ajoute que les fournisseurs qui fourniront des outils d’analytique qui identifieront les enjeux majeurs des problèmes des clients et qui les transformeront en solutions pourront se différencier des concurrents.
Mégapixels à la hausse pour la photo numérique
La firme Lyra Research estime que plus de 75 % des appareils photos numériques vendus en 2011 auront pourront capter des images à une résolution d’au moins huit mégapixels. En 2007, environ 25 % des appareils livrés sur le marché auront une telle résolution, alors que les appareils de 7 mégapixels ont environ 40 % des parts de marché.
Autant les dirigeants de l’industrie que les consommateurs reconnaîtraient que des facteurs liés à la qualité de l’image sont aussi importants que la résolution, mais la tendance semble être à l’augmentation de la capacité en matière de pixels. Comme quoi quantité et qualité ne sont pas toujours compatibles…
Accessibilité et intérêt des communautés virtuelles
Les organisations démontrent un intérêt envers les communautés virtuelles et aux réseaux sociaux virtuels, soit pour y rejoindre des clients potentiels, pour y faire la démonstration de produits ou y afficher de la publicité. Qui n’a pas entendu parler des magasins virtuels ouverts dans l’univers Second Life par des fournisseurs de produits des TIC?
Or, deux études récentes apportent un éclairage différent à propos de ces réseaux. Yankee Group, en premier lieu, estime que certains environnements virtuels ont subi un ralentissement de croissance et une limitation d’impact. La firme dit que Second Life fait l’objet d’un déclin de l’utilisation moyenne, autant pour la totalité des utilisateurs que pour l’utilisateur individuel. Le temps moyen accordé par un utilisateur individuel aurait chuté de 66 % en une année à 3,8 heures par mois, alors que moins de 1 % des utilisateurs visiterait cet univers virtuel de façon régulière et soutenue.
Ce ralentissement serait expliqué par « l’enchaînement » de l’expérience dans le monde virtuel. En d’autres termes, pour des services comme Second Life, l’approche centrée sur l’ordinateur personnel est limitante et en contradiction avec la croissance des TIC mobiles. L’offre d’un accès à distance à une telle communauté virtuelle Web, peu importe l’appareil, pourrait en augmenter l’utilisation.
Par ailleurs, une étude de la firme Parks Associates, réalisée auprès de consommateurs américains, indique que 72 % des répondants cesseraient d’utiliser des réseaux sociaux en ligne s’ils devaient payer un montant mensuel de deux dollars. D’autre part, 40 % des personnes sondées ont dit qu’elles cesseraient d’utiliser ces sites s’ils contenaient trop de publicité.
Alors que 26 % des répondants ont dit qu’ils aimeraient que les sites de réseautage social soient interconnectés, une proportion équivalente de personnes sondées a dit qu’elles cesseraient de l’utiliser si ce n’était de leur utilisation par la plupart de leurs amis.
Un analyste de la firme indique que le fait de rassembler un grand nombre d’utilisateurs fidèles n’est pas suffisant pour l’exploitant d’un site de réseautage virtuel. Ce dernier devra offrir de façon constante aux annonceurs des données démographiques attrayantes à propos des consommateurs qui utilisent son site.
Parks Associates donne l’exemple d’un site de réseautage consacré aux acheteurs de voitures qui recèle un meilleur potentiel publicitaire, en comparaison avec un site générique qui serait utilisé par une variété de consommateurs.
Les entreprises intéressées à annoncer leurs produits et services dans ces communautés doivent donc de préoccuper de la quantité et de la qualité de leurs utilisateurs…
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.