Le cabinet Deloitte estime que l’utilisation des appareils mobiles aura des impacts sur les réseaux, l’environnement de travail et le domaine de la publicité cette année. Toutefois, l’ordinateur n’a pas dit son dernier mot…
À chaque début d’année, le cabinet de services professionnels Deloitte formule dix prédictions qui ont trait aux technologies, aux médias et aux télécommunications. De passage à Montréal, le responsable de la recherche pour le secteur des technologies, des médias et des télécommunications chez Deloitte Canada, Duncan Stewart, a commenté ces prédictions pour 2013, dont plusieurs suscitent l’intérêt ou créent des enjeux au sein des organisations québécoises.
En premier lieu, Deloitte estime que la congestion de la bande de fréquences sans fil entraînera des “heures de pointe” pour les utilisateurs, ce qui rendra la navigation difficile et la diffusion de vidéo en continu impossible. Notamment, M. Stewart s’attend à ce qu’il y ait un déficit de spectre d’ondes pour les appareils mobiles en 2014 aux États-Unis.
« Même avec le délestage vers les réseaux Wi-Fi et l’apport des picocellules, l’impact du nombre grandissant d’appareils mobiles sera important sur les réseaux mobiles, a affirmé M. Stewart. À Toronto, sur un réseau LTE, j’ai obtenu sur mon appareil mobile une bande passante de 49 mégabits à la seconde (Mb/s). Mais j’ai obtenu 12 Mb/s au centre-ville de Boston et à 2 Mb/s à New York. À Las Vegas, durant [la conférence industrielle sur les produits électroniques] CES, j’ai obtenu 50 Kb/s… »
« Avec cette congestion, ce sera comme avant la construction des autoroutes dans les années 40 : on pourra encore embarquer et débarquer de la route, mais le trajet sera plus long. »
M. Stewart a indiqué que la donne était différente pour l’instant au Canada, en raison de la grandeur du territoire, de la densité de la population et du nombre d’utilisateurs d’appareils qui sont liés aux réseaux mobiles. « Le problème de la gestion des réseaux n’arrivera pas ici cette année. Mais combien de fois voyons-nous un événement technologique aux États-Unis survenir deux ans plus tard au Canada? La congestion surviendra peut-être seulement en 2015 au Canada, mais elle surviendra… », a dit M. Stewart.
Le spécialiste de Deloitte a prédit qu’une façon de résoudre l’enjeu sera d’obtenir auprès de son fournisseur mobile, moyennant des frais, une qualité de service à la demande sur les appareils mobiles. Stewart s’attend à ce que cette prévision se concrétise dès cette année aux États-Unis.
Les enjeux de la consumérisation des TI
D’autre part, Deloitte estime que plus de 50 % des entreprises Fortune 500 permettront aux employés d’apporter leur propre appareil au travail en 2013.
M. Stewart a indiqué que le concept « apportez votre ordinateur » (et non concept élargi « apportez votre appareil ») peut être appliqué selon deux approches qui n’ont pas le même degré d’adhésion au sein des organisations.
« Le modèle où l’on fournit un budget d’achat à l’employé pour un ordinateur n’intéresse pas les entreprises, a déclaré M. Stewart. Il y a des impacts fiscaux et administratifs dont les employeurs et les employés ne veulent pas se soucier, a souligné M. Stewart.
« Toutefois, le modèle où l’entreprise adapte ses procédés pour permettre à l’employé d’accéder à des ressources à partir d’un appareil personnel, à l’aide d’un réseau privé virtuel ou d’applications Web, gagne beaucoup en popularité », a-t-il ajouté.
Pertinence maintenue pour le PC
D’ailleurs, qu’il soit de table ou bien portatif, selon Deloitte le PC traditionnel continuera d’être l’appareil principal pour le travail et les jeux, bien qu’on soit dans une ère « post-PC » selon plusieurs.
« Qui a déjà lu un tableau de chiffrier sur une tablette? Maintenant, qui y a déjà édité une cellule ou créé un chiffrier? a demandé M. Stewart. Lorsque vient le temps de créer un long document, on utilise l’ordinateur, car on veut le plus grand écran possible. Un téléphone évolué de 3,5 pouces de diagonale a une surface d’écran de 5,2 pouces carrés, mais un ordinateur portable à écran de 14 pouces de diagonale a l’équivalent de seize écrans de téléphones évolués… »
En évoquant des sondages où des utilisateurs déclarent que leur ordinateur portatif est plus important que leur tablette numérique, M. Stewart a souligné que la tablette numérique était de plus en plus utilisée pour remplacer le papier, mais pas l’ordinateur portatif.
M. Stewart a également parlé de la « phablette », ce croisement entre le téléphone évolué et la tablette numérique, dont il doute de l’utilisation aux fins de la communication téléphonique. « Si on colle une phablette sur son oreille pour parler au téléphone, on a l’air ridicule! En 2014, si la voix devient un vestige sur les téléphones mobiles, les téléphones évolués de 3,5 pouces de diagonale commenceront à disparaître, au profit des appareils à plus grand écran », a-t-il déclaré.
Les enjeux de la publicité mobile
Enfin, Deloitte formule une prévision en mobilité pour 2013 qui est destinée aux entreprises du secteur de la publicité et aux annonceurs. Le cabinet estime qu’en distinguant deux catégories de publicité mobile, ordinateurs tablettes et téléphones intelligents, les entreprises pourront alors innover dans chacune de ces catégories.
« La valeur de la publicité mobile est indéniable, a indiqué M. Stewart. Le marché de la publicité par les moteurs de recherche est dominé par quelques entreprises, mais le noeud se trouve au niveau de l’affichage de la publicité : la moyenne des revenus est de 60 sous par année sur un téléphone évolué, mais de 8 ou 9 dollars par année sur une tablette numérique! Il faut traiter séparément les marchés publicitaires des deux types d’appareils, car la façon de percer dans de l’affichage publicitaire sur les téléphones mobiles n’a pas encore été trouvée. »
Pour 2013, Deloitte formule aussi d’autres prévisions Deloitte qui ont trait aux réseaux sociaux en entreprise, au financement participatif, au renforcement de l’authentification en ligne et à la télévision.
Lire : Prédictions 2013 de Deloitte : Des prévisions à tous azimuts