Pour la neutralité et l’universalité des sites Web

Plus de dix ans après l’essor du WWW, les enjeux de compatibilité, d’internationalisation et d’accessibilité liés à la consultation des sites Internet se perpétuent.

Depuis environ une décennie, des entreprises, des organisations et des individus produisent et alimentent des sites Web destinés aux internautes, avec des intentions d’information, de divertissement, de promotion et/ou de commerce. Tim Berners-Lee, qui est reconnu comme étant « le père du Web », souhaitait que cette technologie de communication soit « une plate-forme universelle et neutre. »

Or, les enjeux de neutralité et d’universalité persistent encore et toujours, alors que des milliers de personnes, voire des millions de gens, n’ont pas un accès adéquat aux contenus en raison d’une conception inappropriée de certains sites Internet. La compatibilité des sites aux fureteurs ainsi que l’internationalisation et l’accessibilité des contenus posent encore de nombreux problèmes. Pourtant, des ressources utiles à la résolution de ces enjeux sont à la portée des exploitants des sites.

La compatibilité

Alors que les plates-formes informatiques et les fureteurs utilisés par les internautes sont nombreux, bien des sites sont encore développés selon une approche dite « propriétaire », avec une structure et une présentation « optimisées » pour une fraction des composantes utilisées. Il en résulte des différences d’alignement ou bien des absences d’affichage lorsque certains fureteurs sont utilisés pour visualiser ces sites. Autant l’internaute que l’exploitant du site peuvent être irrités par la situation.

Pour éviter cette situation qui dure depuis les débuts de l’Internet, l’internaute doit utiliser la dernière version d’un fureteur qui sera apte à lire un maximum de langages de programmation employés sur le Web, mais les exploitants des sites doivent surtout opter pour le recours aux standards ouverts en termes de programmation.

Depuis 1994, l’organisme international World Wide Web Consortium regroupe des personnes, des chercheurs et des entreprises de tous les horizons et des quatre coins de la planète « pour développer des technologies interopérables pour permettre au Web d’atteindre son plein potentiel », en fonction de sept grands principes ce qui s’est traduit par l’élaboration de plusieurs standards qui assurent cette interopérabilité. Des outils de programmation et des mécanismes de validation permettent depuis longtemps aux concepteurs d’assurer cette compatibilité universelle… mais plusieurs développeurs n’y ont pas recours, qu’ils oeuvrent au sein d’une organisation ou qu’ils en soient le fournisseur externe.

En conséquence, plusieurs regroupements qui défendent cette compatibilité ont conçu des documents de sensibilisation à l’intention des organisations afin persuader ces dernières d’opter pour une compatibilité universelle soutenue par des standards. Notamment, l’organisme québécois W3Québec qui prône la standardisation du Web à divers égards a traduit un document d’introduction et un document pour passer à l’action du groupe de recherche MACCAWS, pour Making A Commercial Case for Adopting Web Standards, qui soulignent les avantages de cette approche.

Le groupe d’assurance qualité du W3C a également produit un document qui prône l’acquisition de sites conformes à ces normes. Plusieurs documents du W3C qui expliquent les standards Web ont été traduits en français.

Par ailleurs, l’adoption de standards peut également faciliter la consultation des contenus des sites Web sur les composantes mobiles, comme les téléphones portables, à propos desquels un groupe du W3C œuvre à définir un ensemble de meilleures pratiques.

L’internationalisation

Dans un contexte de mondialisation des marchés, plusieurs organisations produisent des sites Internet dont les contenus sont offerts en plusieurs versions soit en vertu de la langue, soit en vertu de critères contextuels comme la représentation de certaines données comme les nombres, la monnaie, la date, etc.

Or, la simple transposition des contenus d’un site Web sans tenir compte de ces données peut causer une confusion, une incompréhension ou même un heurt auprès de certains auditoires. Dans certaines cultures, la disposition et les attributs du texte, les images affichées et même les couleurs choisies peuvent donner des résultats différents de ceux obtenus auprès de l’auditoire original.

À cet égard, on évoque l’importance des notions de localisation et d’internationalisation d’un site Web. Selon l’organisme W3C, la localisation a trait à « l’adaptation d’un produit, d’une application ou du contenu d’un document en fonction des préalables au niveau du langage, de la culture et d’autres éléments pour un marché visé. », alors que l’internationalisation consiste en « la conception et le développement d’un produit, d’une application ou du contenu d’un document qui permet de procéder facilement à la localisation pour des audiences visées qui varient selon la culture, la région ou la langue. »

Si plusieurs organisations ont localisé d’une certaine façon leur site Web, elles obtiendraient des avantages substantiels en adoptant une approche d’internationalisation qui facilitera le respect des particularités qui pourront se manifester au gré de leur évolution sur le marché.

Selon le W3C, l’internationalisation d’un site s’obtient par une conception et un développement qui éliminent les barrières à la localisation ou au déploiement international, par le recours au standard de caractères Unicode, par la manipulation appropriée d’encodages de caractères d’héritage et par l’évitement d’une dépendance à des valeurs de chaînes reliées à des interfaces utilisateurs.

Cette internationalisation s’obtient également par le soutien de fonctions qui peuvent ne pas être utilisées maintenant, comme l’identification de la langue ou le soutien du texte bidirectionnel, vertical ou à typographie non latine, par l’ajout de données de localisation prédéfinies qui proviennent de librairies existantes, et surtout par la séparation des éléments de localisation du code source ou du contenu.

L’accessibilité

La résolution des enjeux reliés à la localisation et à l’internationalisation des contenus des sites Web facilite la consultation des sites par la majorité des personnes. Malheureusement, une importante minorité d’internautes est laissée pour compte lors de la conception des sites Web, bien qu’elle navigue depuis belle lurette sur l’Internet. Il s’agit des personnes qui ont un handicap, comme les malvoyants et non-voyants, les malentendants et les sourds ainsi que les personnes à incapacité partielle ou totale de mobilité des membres.

Sur la Grande Toile, les sites dits « accessibles » à ces personnes sont très peu nombreux. Pourtant, il suffit de peu pour faciliter leur accès aux contenus d’un site, soit par l’adaptation de l’encodage du site, soit par l’offre de contenus alternatifs (par exemple, aux images). L’adaptation des sites permettra ainsi aux utilisateurs d’un outil de loupe, d’un lecteur vocal, d’une interface en braille ou d’une interface de navigation en rechange à la souris de consulter avec plus d’aisance et avec une certaine équivalence les contenus mis à la disposition des personnes non handicapées.

Les concepteurs de sites Web devraient consulter le site du regroupement Web Accessibility Initiative du W3C, qui procède en ce moment à l’élaboration de la version 2.0 de normes en matière d’accessibilité des contenus Web (WCAG). Outre les documents reliés à ces normes, ce site contient des informations à propos des techniques permettant de rendre un site accessible, de la gestion ainsi que de l’évaluation de l’accessibilité d’un site.

Par ailleurs, alors que trop de sites Web sont conçus en fonction de la perception des développeurs et non des utilisateurs, le W3C recommande d’impliquer des utilisateurs handicapés dans le processus d’évaluation d’un site, ce qui permet de mieux comprendre les enjeux reliés à l’accessibilité et de mettre en place des solutions d’accessibilité efficaces.

L’argent étant généralement un facteur déterminant à la concrétisation d’une telle adaptation, on y retrouve également un document qui traite de l’élaboration d’un dossier commercial pour convaincre une organisation de passer à l’action.

Un jour, peut-être, les principes de neutralité et d’universalité du Web envisagés par Tim Berners-Lee seront respectés par une majorité de sites sur l’Internet. D’ici là, les propriétaires des sites qui présentent une ou plusieurs carences ont du pain sur la planche…

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

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