« L’anticonférence » gratuite qui est consacrée aux nouveaux médias et dont la deuxième édition aura lieu dans quelques jours est fondée sur le partage de connaissances de façon bénévole, sans retenue ni but mercantile. L’un des instigateurs traite de la philosophie qui sous-tend l’événement.
Les 19 et 20 septembre prochains, au Pavillon de design de l’UQAM, aura lieu la deuxième édition de la conférence PodCamp Montréal qui est consacrée aux nouveaux médias, notamment les médias sociaux qui sont associés à la vague du Web 2.0. L’événement montréalais est inspiré d’une rencontre consacrée à ce sujet qui a été organisée pour la première fois à Boston en 2006. Plusieurs conférences similaires ont lieu dans des villes des États-Unis, du Canada et de l’Europe.
Or, cette conférence est qualifiée « d’anticonférence » en raison de sa structure organisationnelle. Modelé sur le concept du BarCamp, l’événement est constitué de présentations et d’ateliers dont le contenu est choisi et produit par des utilisateurs. Un comité bénévole, formé d’individus passionnés des médias sociaux, oeuvre à la préparation de l’événement.
De plus, aucun droit d’entrée n’est exigé pour les spectateurs, aucune rémunération n’est remise aux conférenciers et aucun paiement n’est exigé de ces derniers pour prononcer leur allocution. Grâce à des prêts, des dons et des commandites, les conférenciers bénéficient de locaux et d’infrastructures de soutien pour leurs présentations, alors que les participants peuvent notamment prendre du café et un goûter et même recevoir un chandail! Bref, plusieurs éléments de la formule du PodCamp diffèrent de celles d’autres conférences aux fondements commerciaux.
Sylvain Grand’Maison, le producteur de contenu Web et stratège en médias sociaux qui exploite la firme Fono est l’instigateur de l’événement montréalais. C’est en raison de l’absence d’une conférence consacrée à la baladodiffusion à Montréal qu’il a invité des amis à mettre sur pied un PodCamp québécois l’année dernière.
Le résultat a été probant, puisqu’environ 300 personnes sur quelque 400 inscrites ont pris part à des sessions présentées en français ou en anglais. Déjà plus de 350 personnes sont inscrites pour l’édition de 2009, alors que 31 conférences étaient prévues à l’horaire dont l’échéancier n’était pas encore officialisé au moment de mettre en ligne.
Sans retenue
Selon M. Grand’Maison, la formule à but non lucratif de l’événement fait en sorte que les conférenciers livrent sans retenue leurs observations et leurs conseils à propos des nouveaux médias.
« Ce sont des gens qui le font par passion d’abord et avant tout, et cela paraît, indique-t-il. Leurs yeux brillent… Ils ne sont pas là dans un but mercantile et leur communication est orientée en fonction du partage avec les autres. C’est pour cela que c’est organisé de façon bénévole et informelle, bien qu’on ait une structure parce que c’est nécessaire pour tenir un tel événement. [Cette gratuité] influence beaucoup le contenu : les gens choisissent un sujet qui les passionne et non un sujet qui va leur apporter de la business ».
« D’autre part, les gens donnent beaucoup : ils ne retiennent pas d’information afin que les gens devant eux deviennent leurs clients. Dans une conférence, les gens de marketing et communication en entreprise vont apprendre tous les trucs, ce qui n’est pas le cas avec d’autres genres de conférences où l’on joue une game. »
M. Grand’Maison reconnaît que la participation à PodCamp peut contribuer à la notoriété professionnelle de certains conférenciers, mais il souligne que la majorité des orateurs, traiteront de sujets qui n’ont pas trait à leur travail au quotidien.
Interrogé quand à l’instigation de projets liés aux médias sociaux par des organisations à la suite de la tenue de la conférence de l’année dernière, l’organisateur n’est pas en mesure de confirmer un tel impact.
« J’ai eu quelques rétroactions où des gens ont dit que [les propos tenus à PodCamp] leur ont procuré des munitions. Ils ont transmis un vidéo à leur patron et il y a eu plus d’intérêt envers les médias sociaux. Je ne suis pas sûr que le lendemain matin ils se sont tous mis là-dessus. Cela dépend de la culture d’entreprise et du désir d’avancer. Mais il y a de plus en plus de gens de marketing et de communications qui y assistent, parce que c’est la meilleure façon, à moindre coût, d’obtenir de l’information sur les médias sociaux. »
Spectre élargi
Malgré ce que laisse croire le nom, la conférence PodCamp Montréal n’est pas seulement orientée vers la baladodiffusion. La liste des conférences fait état de sujets tels que les blogues, le marketing viral, les réseaux sociaux, et le gouvernement à l’ère du 2.0.
Également, des conférenciers traiteront des impacts des nouveaux médias sur des industries traditionnelles, comme le journalisme ou la musique.
« Cette année, il y a plus de choses liées aux médias traditionnels face au Web. L’année passée, nous étions à la fin de la bulle économique où c’était plutôt ‘tout le monde est beau et fin’… Mais cette année on se rend compte que les conférences sont orientées en raison du facteur économique, avec des thématiques de type ‘Média 2.0’ », constate M. Grand’Maison.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.