Le Plan Nord suscite déjà un vif intérêt. En partie au moins, sa réalisation repose sur l’utilisation de technologies innovantes.
La mise en valeur des vastes régions sauvages du Grand Nord québécois nécessite une planification rigoureuse. Selon l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ), la bonne marche d’un tel projet doit débuter par l’installation de plateformes technologiques d’envergure. Ces dernières paraissent essentielles dans le cadre du Plan Nord afin de pouvoir exécuter des applications à distance.
« Il faut des outils de téléprésence, qui auront des utilités très diverses dans des domaines comme la médecine, la gestion des ressources humaines, le divertissement et les services de base offerts à la population », dit à ce sujet le président-directeur général de l’ADRIQ, Jean-Louis Legault.
Dans cet esprit, l’ADRIQ a mis sur pied un programme visant à stimuler l’innovation nécessaire à l’exploitation du Grand Nord, conjointement avec le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et le Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM). Appelé Vitrine ouverte en innovation et en recherche CRIQ-CRIM-ADRIQ
(VOIR CA), ce programme vise à valider et à valoriser à l’échelle internationale les innovations québécoises liées au Plan Nord. Pour ce faire, une maison du commerce des innovations sera créée et des mesures incitatives seront proposées afin de promouvoir les technologies innovantes conçues au Québec.
Ainsi, le premier objectif du programme consiste à doter le Grand Nord d’une infrastructure de communications adéquate. Pour Jean-Louis Legault, il s’agit là d’une étape vitale, qui doit être achevée avant de pouvoir procéder au développement proprement dit. Pour y arriver, il faudra revoir les façons de faire afin de s’adapter aux conditions du Grand Nord.
À cet effet, on pourra s’inspirer d’expériences vécues, comme celle de l’entreprise Xstrata, qui exploite depuis 1998 la mine de nickel Raglan à l’extrême nord du territoire québécois, non loin du détroit d’Hudson. Faute d’infrastructure et de services publics, l’entreprise a dû mettre en œuvre elle-même les installations et les services nécessaires à l’ensemble des opérations, y compris l’alimentation énergétique, les communications sans fil (satellite et micro-ondes), une centrale téléphonique et des signaux télévisuels.
Occasion à saisir
Reconnaissant l’importance de la tâche, Jean-Louis Legault rappelle qu’il ya de nombreux défis à relever pour réaliser le Plan Nord. « À l’ADRIQ, nous sommes très enthousiastes à cet égard, souligne-t-il. Nous croyons qu’il y a là une occasion pour le Québec de démontrer son savoir-faire, comme ce fut le cas dans la mise en œuvre des grands chantiers hydroélectriques. Dans un premier temps, le développement des infrastructures servira de vitrine technologique et, ensuite, l’utilisation de ces infrastructures permettra d’exploiter et de promouvoir d’autres expertises. Il s’agit d’un terreau fertile pour les produits de niche, lesquels peuvent permettre au Québec de se distinguer. »
Titulaire de la Chaire en entrepreunariat minier de l’UQAM et de l’UQAT, Michel Jébrak fait valoir le savoir-faire du Québec dans des domaines comme le forage, la géophysique et les communications souterraines. De façon générale, toutefois, les technologies de pointe proviennent d’ailleurs – d’Australie, de Nouvelle-Zélande et de France notamment. « Le Québec peut faire mieux et le Plan Nord pourrait être l’occasion d’améliorer nos compétences », croit-il lui aussi.
D’ailleurs, les organisations québécoises commencent à fourbir leurs armes, comme en témoigne le fort achalandage au Salon Plan Nord organisé à Montréal récemment. En dépit des manifestations étudiantes qui ont perturbé l’événement, entreprises et visiteurs y ont participé en grand nombre. Cet engouement laisse entrevoir la diversité des applications dont on aura besoin là-bas. On peut penser bien sûr au secteur minier, mais le Plan Nord englobe aussi la mise en valeur de la forêt, du transport, du tourisme et du secteur bioalimentaire.
À titre d’exemple, la firme CDVI de Laval, qui se spécialise en systèmes de gestion d’accès, occupait un stand promotionnel au Salon Plan Nord. Aux yeux de son président, René Mallandin, il ne fait aucun doute que les opérations menées en région boréale nécessiteront une gestion étroite de divers types d’accès, depuis les bureaux jusqu’aux installations industrielles en passant par les infrastructures.
L’entreprise trifluvienne Epsilia, qui conçoit des solutions de traçabilité, croit aussi au potentiel du Plan Nord. Le président-directeur général Alain Lemieux rapporte que son organisation a établi une collaboration avec des firmes d’ingénierie afin de mettre au point des solutions que l’on pourra utiliser dans les régions nordiques en matière d’identification de véhicules, de logistique des mouvements et de positionnement GPS, entre autres domaines.
Si l’on observe un intérêt certain pour le Plan Nord dans plusieurs milieux, l’enthousiasme n’est pas généralisé pour autant. À ce sujet, Jean-Louis Legault se dit surpris que le projet ait mauvaise presse. Selon lui, l’importance de l’occasion qui s’offre au Québec n’est pas bien comprise : « Les environnementalistes doivent collaborer pleinement au projet en invitant les entreprises à soumettre des idées et des technologies. En ce sens, le nerf de la guerre est l’innovation », dit-il.
Chose certaine, le Plan Nord ne laisse pas indifférent, même à son stade précoce. Peu importe la suite des choses, on ne pourra ignorer l’apport important des technologies de l’information à cet ample projet.
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