Des responsables des technologies au sein d’organisations, des dirigeants d’entreprises de l’industrie des TIC et des observateurs répondent à trois questions liées à la thématique de notre dossier.
Jean-Philippe Bonneau Directeur général La Voix des Entrepreneurs en T.I. Québec |
Nicole Martel Présidente-directrice générale Association québécoise des technologies |
Patrice-Guy Martin Président-directeur général Réseau ACTION TI |
1. Quel est le bilan de santé de l’industrie québécoise des TIC en 2011 au Québec?
Jean-Philippe Bonneau : L’industrie des TIC a connu une bonne croissance. La problématique majeure demeure la rareté de la main-d’oeuvre, qui est un frein à l’essor des entreprises. Les entreprises en service-conseil ont continué de « passer la gratte » au niveau des ressources, mais ce sont elles qui ont les plus grandes problématiques en main-d’oeuvre. L’immigration devra être absolument une solution pour pallier cette situation.
Au niveau de la commercialisation, nous avons encore du rattrapage à faire, mais on voit de plus en plus d’entreprises en démarrage. J’espère que cela continuera ainsi, car je suis persuadé que 2012 sera encore une grosse année.
Nicole Martel : Les entreprises en TIC ont su tirer leur épingle du jeu. Dans notre enquête annuelle, 67 % des répondants ont confié que leurs revenus augmentaient et 14 % que leurs revenus diminuaient. Les obstacles à leur croissance étaient la pénurie de ressources – le marché ne subit pas une pénurie de contrats. L’optimisme est là, puisque 85 % prévoyaient une croissance annuelle des revenus au-delà de 5 %.
Les entreprises sont à bâtir leurs organisations pour le futur, car elles prévoient des investissements dans les conseils d’administration, dans les processus internes, dans l’amélioration des normes de qualité… Ces défis de gestion démontrent qu’elles ne sont pas en mode de survie.
Patrice-Guy Martin : Chez nos membres, la vision en était une d’utilisation plus en plus mature de l’informatique. Une préoccupation majeure résidait dans la gouvernance des TI, où les règles portent sur le contrôle des budgets, sur la contribution des technologies à la mission de l’entreprise, etc. C’est en réaction aux critiques voulant que les projets en TI soient plus coûteux, dépassent les échéanciers et n’atteignent pas tous les objectifs établis à l’origine.
Des entreprises s’intéressent à la gestion des actifs, où l’on trouve la tendance « apportez votre propre équipement ». Je ne connais pas d’entreprise au Québec qui ait déjà appliqué l’approche, mais beaucoup y réfléchissent.
2. L’infonuagique et la mobilité ont retenu l’attention en 2011. Quelles sont les opportunités à saisir?
Jean-Philippe Bonneau : En mobilité, de plus en plus d’entreprises s’équipent d’appareils et rendent leurs sites Web « mobiles ». Mirego, un de nos premiers membres, est passé de quatre employés il y a trois ans à plus d’une vingtaine aujourd’hui. Que cette entreprise ait su saisir une opportunité démontre l’importance du marché.
L’infonuagique permet de réaliser des économies incroyables. Nous espérons que les entreprises en TI seront en mesure de donner l’exemple aux autres et de bénéficier de tous les avantages offerts par le concept.
Nicole Martel : Les fournisseurs doivent impérativement migrer leurs solutions vers des plateformes compatibles. Les gens de tous les secteurs d’activités connaissent maintenant l’existence de l’infonuagique et les barrières à l’accès ont été éliminées. Dans les appels d’offres, on compare désormais l’approche avec le modèle client-serveur.
En mobilité, les solutions de l’industrie des TI doivent être disponibles sur les appareils intelligents, dont les ventes ont dépassé celles des appareils fixes en 2011. Les fournisseurs doivent faire vite pour adapter leurs solutions, si ce n’est déjà fait.
Patrice-Guy Martin : Le transfert des applications vers le nuage permet d’augmenter rapidement le nombre d’utilisateurs et de moins se soucier des capacités de son infrastructure informatique. Les opportunités résident dans les économies que l’approche peut générer. En mobilité on allouera l’accès aux applications d’affaires à travers les téléphones intelligents et les tablettes, et les sites Web publics devront être adaptés. Nous en sommes encore aux premières étapes, car toutes les opportunités n’ont pas encore été saisies.
3. Que nous réserve 2012 : Une année de progression ou de consolidation?
Jean-Philippe Bonneau : Ce sera une année de progression, car des marchés ne sont pas encore exploités. Il y aura peut-être une phase de consolidation des acquis – si on ne peut satisfaire les besoins de nos ressources et qu’on ne consolide pas l’équipe, la croissance est plus difficile.
L’analytique Web sera une grande tendance. Les gestionnaires voudront connaître rapidement le rendement du capital investi lié à leur présence sur le Web, que ce soit pour leur site Internet transactionnel, les médias sociaux ou la mobilité.
Nicole Martel : Les deux. La taille modeste des entreprises québécoises en TI – 38 employés en moyenne – est due à une spécialisation dans une application pointue pour des marchés pointus. Elles ont bien tiré leur épingle du jeu et continueront de progresser.
Or, ce type d’organisation est susceptible d’intéresser de grandes entreprises qui recherchent des solutions spécialisées. Dans notre enquête, des entreprises disaient être en quête d’opportunités de fusion ou de vente. Il y aura encore de la consolidation dans l’industrie.
Patrice-Guy Martin : Ce sera une année de progression. On parlera d’ouverture des données et d’augmentation de la bande passante en télécommunications mobiles. Le développement d’applications commerciales qui seront liées aux données de géolocalisation et des administrations gouvernementales risque d’arriver au gré de la disponibilité des données, mais les organisations voudront aussi les intégrer à leurs systèmes pour découvrir de nouvelles opportunités. Reste qu’elles ont déjà beaucoup à faire avec leurs propres données qu’elles n’exploitent pas à fond.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.