En tout temps, fête pas fête, qu’il fasse beau soleil ou qu’il « mouille à siau », les gens sont actifs sur le Net et ils accomplissent ce qu’ils estiment devant être accompli.
Hier [le mercredi 24 juin], je n’ai publié aucun article sur la Cyberpresse, mais tout en haut de ma section, j’ai littéralement invité les gens à « foutre le camp de mon blogue », à aller « s’épivarder dans la nature », cela en insistant sur le fait qu’il faisait très très beau et que c’était la Saint-Jean. Malgré cet avertissement aux antipodes de ce qu’on apprend en Marketing 101, j’ai reçu une dizaine de commentaires des plus sérieux, aucun relevant ma boutade ou s’en prenant au ton cavalier utilisé. Pas croyable ! Et hier soir, à l’heure du dodo, ma blonde a été « violemment » happée par sa machine à courriels en voulant placer son Blackberry en mode réveille-matin. Avant que l’on ne se mette à blaguer sardoniquement, elle et moi, sur cette incontournable distraction, elle avait eu le temps de commencer à lire un texte aussi sérieux qu’assommant. Le soir de la Saint-Jean ! Juste avant la félicité du repos bien mérité ! Seigneur ! Avant-hier, l’évangéliste Mac et grand capitaliste de risque, Guy Kawasaki, a vu son compte Twitter être détourné par des cybercrimminels et quelque 140 000 « twittophiles », des utilisateurs de Mac et de PC, ont été exposés à du code très malveillant. Ces admirateurs du grand Guy, une « légende » de la Silicon Valley, se sont fait offrir de télécharger une vidéo porno exposant la nature possiblement intéressante de la starlette hollywoodienne Leighton Meester. Or, pour peu qu’ils salivassent au point de cliquer deux ou trois fois, le temps de signifier au Mac OS X ou à Windows de leur foutre la paix, ils se téléchargeaient et s’installaient un cheval de Troie pas piqué des vers, une chtouille dont une des habiletés était de changer le DNS utilisé par l’ordi (ça s’appelle un « DNSChanger »). Comme résultat, les utilisateurs étaient amenés sur de fausses pages Web où l’hameçonnage était érigé en art. Pauvre Guy ! S’il a eu l’air « loser », les 140 000 victimes m’intéressent encore plus. Car ce qu’ils ont fait, aura été de prendre acte d’un tweet de Kawasaki et de n’avoir pu résister à le faire circuler dans leur cyber environnement. « Guy veut nous montrer les fesses de la belle Leighton ! Vivement qu’on les zieute ! » Bravo pour le jugement ! Comme si ce richissime personnage pouvait se prêter à un tel jeu idiot ! On sait qu’aussi bien sous Windows (notamment sous Vista) que sous Mac OS X, les utilisateurs reçoivent deux ou trois avertissements à clics obligatoires les prévenant qu’ils sont sur le point d’installer quelque chose provenant du réseau Internet (sous-entendre, en filagramme, « d’un endroit malfamé »). Même que par défaut, le Mac OS X demande le mot de passe administrateur. Et les gens le font ! Clic-clic ! « Guy nous l’a recommandé ! » « Bêêêêêê ! » fit le mouton en sautant, sous la recommandation d’un bélier en peluche, directement dans la gueule du loup. « Glap ! Chomp ! Chomp ! Burp ! » Tout cela pour en arriver à mon point de discussion : en tout temps, fête pas fête, qu’il fasse beau soleil ou qu’il « mouille à siau », que l’on parle du Canadien ou de Microsoft, que Harper ait défendu la mère Verner ou ait attaqué l’accent d’Ignatieff, que l’on soit à la Saint-Jean ou à la Saint Clin-clin, les gens sont actifs sur le Net et ils accomplissent ce qu’ils estiment devant être accompli. Hier, des inscrits à la Cyberpresse ont commenté mon article d’avant-hier ou ont ajouté à leurs propos déjà en ligne. Quant à ma blonde, elle a simplement passé proche de faire ce que son employeur s’attend désormais qu’elle fasse depuis qu’il l’a nantie d’un Blackberry : le courriel ne doit plus être une activité de 9 à 5, mais un souci 24 heures sur 24 ! Un exemple ? Le nombre d’Américains utilisant un dispositif mobile (iPhone, Blackberry, Palm, etc.) pour lire des nouvelles et accéder à de l’information est passé de 11 à 22 millions sur une base quotidienne entre janvier 2008 et janvier 2009. Ces chiffres sont décortiqués par la firme de recherche ComScore dans un rapport rendu public en mars dernier. Bref, tout le temps, quoi qu’il arrive, les gens (ce qui nous inclut, ma blonde et moi) sont sur le Net avec des PC, des Mac et des bidules variés (la réputation « geek » des utilisateurs du savorama Linux m’évite d’ajouter cette plate-forme dans la liste). Cela, les malfaiteurs le savent et en profitent; ils ont un public de rêve. Et puisque, sauf exception, le code malveillant ne s’installe plus tout seul, les logiciels antiviraux et les systèmes d’exploitation (SE) étant devenus ce que l’on sait, les malfaiteurs amènent les internautes à se les installer eux-mêmes. Fins psychologues, les cross… ! Pour ce faire, ils sont à l’œuvre sur toutes les plates-formes payantes. Pour nous donner une idée de la masse fabuleuse de ce « marché » où il suffit que le 0,01 % soit constitué de gogos, de technonouilles, de voyeurs ou de dépressifs perdus dans leur solitude pour faire fortune (vous avez déjà réfléchi sur la nature lucrative du pourriel ?), ComScore évalue qu’en avril dernier, les Américains à eux seuls ont regardé 18,8 milliards de vidéos en ligne, ce qui constituait une augmentation de 16 % par rapport au mois précédent. Tarés, les Amerloques ? Attendez ! La même firme de recherche nous apprend que pour le même mois, les Canadiens (grosso modo 10 % de la population américaine) se sont tapé, eux, pas moins de 3,1 milliards de vidéos, une augmentation de … 53 % par rapport à avril 2008. J’ai beau ne pas être fort en arithmétique, j’arrive quand même à la conclusion que les braves Canucks ont visionné deux fois plus de vidéos par personne que les fils et filles de l’Oncle Sam. Mais en même temps, Microsoft et Apple, les fabricants des deux principaux SE, adoucissent les avertissements de protection. Le Mac OS X n’a vraiment pas la rigidité de sécurité du BSD dont il est tiré, de même que Windows 7 qui est devenu très « cool » par rapport à Vista le bec sec aux « avertissements à ne plus finir ». Et il faut voir les interfaces d’accès au Net : toujours plus élégantes, attirantes et complètes. Allez jouer quelques instants avec les derniers Opera ou Safari, voire avec Bing de Microsoft, et vous m’en reparlerez. Je me résume : – Il y a de plus en plus de monde sur le Net; – Plus ça va, plus cela se passe en tout temps; – Plus les dispositifs d’accès utilisés sont variés; – Plus les interfaces d’accès au Net sont faciles et attirantes; – Plus le crime organisé s’y adapte, y sévit et y prospère; – Plus les SE permettent aux gens d’installer les outils nécessaires afin que les criminels puissent les détrousser.
Cherchez l’erreur !
Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.