On réseaute et on déjeune?

Des entrepreneurs de l’industrie montréalaise des TIC se rencontrent chaque mois le temps d’un déjeuner informel. Les participants y trouvent davantage de satisfaction que dans les événements traditionnels.

Presque tous les mois, plusieurs entrepreneurs du domaine des technologies de l’information et des communications se donnent rendez-vous à l’heure du déjeuner pour le Montreal Tech Entrepreneur Breakfast Meetup. L’événement informel et gratuit permet aux participants de rencontrer des confrères de l’industrie afin de tisser des liens amicaux et commerciaux.

Par une rare matinée ensoleillée, plus d’une vingtaine d’hommes et de femmes, anglophones et francophones, la plupart âgés dans la vingtaine et la trentaine, se sont donné rendez-vous dans un restaurant de l’avenue du Mont-Royal. Attablés huit par huit, ces entrepreneurs technologiques tiennent des discussions animées et s’amusent ferme en cassant la croûte ou bien en sirotant un café.

Benjamin Yoskovitz, le directeur général et cofondateur de la firme Standout Jobs qui exploite une application Web de recrutement en ligne, est l’instigateur de l’événement dont il diffuse les invitations sur son blogue personnel Instigator Blog et sur le blogue Montreal Tech Watch voué à la promotion de la scène locale des entrepreneurs en TI. Il administre un groupe Facebook dédié à l’événement sur le populaire réseau social, auquel se sont joints plus de 250 membres.

M. Yoskovitz explique que la première édition de la rencontre a eu lieu en février 2007, alors qu’il venait de démarrer son entreprise et qu’il voulait s’impliquer davantage dans la communauté. « Des gens écrivaient sur Tech Watch qu’il n’y avait pas assez d’événements ni de façons de rencontrer des gens, formellement ou informellement. C’était toujours la même histoire… Comme les 5 à 7 ne me conviennent pas parce que j’ai des enfants à la maison, j’ai proposé que l’on se rencontre pour déjeuner », explique-t-il.

« Ce n’est pas compliqué à organiser alors que les gens se présentent sans réservation à un endroit choisi. Je limite le niveau d’organisation nécessaire, ce qui rend les choses plus faciles », ajoute-t-il.

Vitalité

M. Yoskovitz indique qu’en moyenne une vingtaine de personnes participent aux réunions, dont la moitié sont de nouveaux participants à chaque édition. Il estime que ces personnes peuvent ainsi en rencontrer d’autres qui vivent des conditions de travail similaires.

« Dans un monde parfait, tous les entrepreneurs seraient rapprochés dans un même territoire et pourraient se rencontrer au hasard dans un café. Mais comme les gens sont dispersés géographiquement, cela arrive peu. La Cité du multimédia était destinée à cette fin, mais on y retrouve plusieurs entreprises qui sont déjà bien établies et les loyers sont chers… », note-t-il.

« Il y a des événements plus formels, mais pour un entrepreneur qui démarre, qui n’a pas d’équipe ou de financement, ce n’est pas facile d’y participer. Avec nos rencontres, il est facile de s’y présenter, de s’asseoir, d’écouter des gens et de s’en retourner en ressentant qu’il y a des gens comme soi et qu’on peut être plus à l’aise avec la communauté. »

« Ce genre d’événement est plus approprié pour les gens qui débutent, et de voir constamment de nouvelles personnes s’y présenter est un bon signe de la vitalité de l’industrie », note-t-il.

Appréciation

Tanya McGinnity est la directrice des relations avec la communauté chez Praized Media, une plate-forme distribuée de recherche locale pour les sites sociaux, et l’instigatrice de Montreal Girl Geek Dinners, une série de soupers rencontres réservés aux femmes de l’industrie des TI. Après avoir lu à propos de l’événement sur le blogue de M. Yoskovitz, elle a offert son aide pour la logistique de la rencontre.

Tout en recueillant les coordonnées des personnes présentes à l’aide d’un ordinateur portatif, Mme McGinnity manifeste son appréciation de l’émergence d’une communauté d’entrepreneurs en TIC.

« La participation est très diversifiée et des gens en font tellement pour leur communauté, note-t-elle. Des centres de cotravail commencent à ouvrir, comme la Station C, tandis que des événements sont organisés comme StartUp Camp Montréal. Il y a aussi le blogue YULblog [consacré aux activités en personne] et l’événement PodCamp Montréal [qui sera tenu en septembre] pour la baladodiffusion. »

« Les gens commencent à émerger et à se rencontrer. Ces événements sont bien pour nous aider à collaborer de plus en plus. »

Les participants rencontrés au hasard semblaient apprécier la formule. Achille Mupenda et Hervé Ajeneza, originaires du Rwanda et récemment arrivés à Montréal, mentionnent que la rencontre en face à face est appréciée pour la facilité des échanges qu’elle permet, bien que les technologies Web 2.0 facilitent davantage l’interaction par l’informatique.

« Le fait que ça se passe dans un restaurant fait que l’événement est moins superficiel, ajoute pour sa part Nicolas Cossette, conseiller Internet chez NVI Solutions. Dans les événements formels, où tout le monde est debout et se salue sans avoir vraiment le temps d’avoir une conversation, alors qu’ici, on a le temps de le faire. »

Darrell Miller est vice-président du développement de l’entreprise Logiciels Tavis qui produit un progiciel de gestion intégré pour les fabricants de produits d’acier. L’entrepreneur, qui travaille avec sa femme dans l’Ouest-de-l’Île, relate que l’événement dont il était à une quatrième participation lui permettait de sortir du bureau et de rencontrer d’autres personnes.

« On utilise beaucoup Twitter et on lit les blogues, mais c’est mieux de voir des gens de face à face. La première fois que je suis venu ici, un gars m’a donné une référence pour un client potentiel », indique-t-il. Du même souffle, il déplore que des associations industrielles vouées au réseautage exigent des tarifs d’adhésion élevés et communiquent avec leurs membres « que pour les inviter à des événements payants. »

Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.


À lire aussi cette semaine: Facturation des messages texte : un peu de confusion, un peu de contestation On réseaute et on déjeune? L’actualité des TI en bref L’économie des TI en bref Mobile vs stationnaire ou mobile vs mobile? Facture verte, reçu vert

Jean-François Ferland
Jean-François Ferland
Jean-François Ferland a occupé les fonctions de journaliste, d'adjoint au rédacteur en chef et de rédacteur en chef au magazine Direction informatique.

Articles connexes

Projet de loi C-18 : Des villes et des entreprises québécoises suspendent leur publicité sur Facebook et Instagram

Quelques heures après que le gouvernement fédéral eut annoncé, la semaine dernière, qu'il suspendait sa publicité sur Facebook et Instagram de Meta, la province de Québec et les villes de Montréal, Québec, Laval, Longueuil et Gatineau ont emboîté le pas.

MISE À JOUR – Québecor et Cogeco se retirent des plateformes de Meta

En dénonçant l’approche de Meta qui, selon Cogeco, souhaite « limiter le montant des redevances qu’elle devra payer aux entreprises responsables de rendre accessible un contenu d’informations crédibles », les entreprises de média québécoises Cogeco et Québecor ont annoncé aujourd’hui qu’elles coupaient toutes les deux leurs investissements publicitaires sur les plateformes de Meta.

Meta testera le blocage des nouvelles au Canada

Meta annonçait la semaine dernière qu'elle prévoyait commencer des tests sur Facebook et Instagram qui empêcheront certains utilisateurs et éditeurs de visualiser ou de partager du contenu d'actualités au Canada.

Balado Hashtag Tendances, 23 février 2023 — Facebook payant, l’humain contre l’IA, centres données piratés et l’IA qui génère du code

Cette semaine : Un abonnement Facebook payant, un humain bat l’IA au jeu de go, d’importants centres de données piratés en Asie et l’intelligence artificielle qui écrit des programmes.

Meta devra payer 725 M$ aux utilisateurs américains de Facebook suite au scandale de Cambridge Analytica

Les retombées du scandale Cambridge Analytica de 2018 continuent d’accabler Facebook et sa société mère, Meta Platforms.

Emplois en vedette

Les offres d'emplois proviennent directement des employeurs actifs. Les détails de certaines offres peuvent être soit en français, en anglais ou bilinguqes.