Sous l’impulsion du Bureau de la concurrence Canada et de Bell Canada, Montréal dispose d’un nouveau centre de lutte contre la cybercriminalité, appelé l’Alliance nationale d’intervention judiciaire et de formation contre la cybercriminalité – Canada, qui sera situé à l’Université Concordia.
L’Université Concordia s’est alliée à Bell Canada, le Bureau de la concurrence Canada, Rogers Communications et Microsoft Canada pour mettre sur pied un organisme de lutte contre la cybercriminalité, du nom de l’Alliance nationale d’intervention judiciaire et de formation contre la cybercriminalité – Canada (ANJFC).
Ce nouvel organisme, qui sera localisé dans les bureaux de l’institution d’enseignement montréalaise, aura pour mission de promouvoir la sécurité de l’information au Canada, de sorte à protéger les organismes et les personnes contre les délits informatiques. Pour ce faire, le Centre réalisera des recherches sur des délits informatiques pour recueillir des renseignements, concevoir des méthodes de prévention et mettre en place des contre-mesures, ainsi que d’autres recherches et projets de développement ciblés. Il verra également à concevoir et partager des outils de soutien aux enquêtes ou de prévention des délits informatiques de même qu’à élaborer et publier de l’information ou des mesures susceptibles de protéger les organisations et les particuliers. Finalement, l’organisme assurera la liaison avec les autres organismes canadiens et étrangers actifs dans le même créneau.
La création de l’organisme fait suite à une prise de conscience par les instigateurs du projet, notamment le Bureau de la concurrence Canada et Bell Canada, de la nécessité de collaborer et d’unir les efforts des secteurs universitaires, privés et publics pour lutter efficacement contre les crimes informatiques. « Les milieux industriels, universitaires et législatifs sont conscients qu’ils ont besoin de travailler ensemble sur les cyberincidents et de partager de l’information en terrain neutre afin d’identifier et de réduire les menaces à la sécurité, croit Louise Dandurand, vice-rectrice à la recherche et aux études supérieures à l’Université Concordia. Spécialisée en criminalistique, ANJFC Canada est la réponse à ce besoin. »
« L’approche collective de l’ANJFC donne une excellente occasion d’aborder les problèmes globalement, à l’échelle de l’ensemble des entreprises », de renchérir Michael Freeman, directeur de la gestion de produits chez Bell.
Le sous-commissaire au Bureau de la concurrence, Andrea Rosen, abonde dans le même sens : « Devant la hausse de la criminalité technologique, qui vise les commerces et les consommateurs, il est essentiel de collaborer avec nos partenaires canadiens à instaurer un groupe de travail comme celui-ci. »
Mise en commun d’expertises
C’est dans cette perspective que l’ANJFC tirera sa force de la mise en commun des expertises et des ressources financières, humaines, technologiques et matérielles des différentes organisations qui en font partie. Les chercheurs de l’Université Concordia spécialisés en sécurité informatique seront notamment mis à profit, tout comme les spécialistes, les technologies et les méthodologies mises au point par les partenaires industriels.
La création du Centre, qui est ouvert à un accroissement du nombre de partenaires y prenant part, s’inspire d’une initiative américaine similaire. « Ça existe déjà aux États-Unis : le FBI a mis sur pied le NCFTA [NDLR : National Cyber-Forensics & Training Alliance] en 2003 », précise Lynne Perrault, agent de droit au Bureau de la concurrence Canada.
Le Centre, dont le directeur n’a pas encore été désigné, mais proviendra d’un de ses partenaires, pourra éventuellement compter sur une trentaine de spécialistes, d’ici trois ans. Mais pour l’heure, on s’attend à ce que ses effectifs atteignent une dizaine d’ici 12 mois.
Les premiers projets à l’ordre du jour du Centre n’ont pas encore été déterminés par les partenaires de l’ANJFC, mais dès lors certains sujets de recherche, tels que les fraudes par hameçonnage, les cas de représentation frauduleuse sur Internet et les menaces aux réseaux, attirent l’attention. « Mais ce sont les partenaires industriels qui vont identifier les problèmes les plus significatifs dont il faudra s’occuper en premier, précise Mme Perrault. Le premier mandat n’a pas encore été défini. »
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.