La récession ayant sévi en Amérique du Nord ces dernières années a fourni le contexte au développement de « technologies de rupture » qui, selon IDC, feront l’objet d’une adoption à grande échelle dès cette année. Selon la firme, ces technologies sont à l’origine de trois phénomènes – mobilité, informatique en nuage et réseautage social – qui vont transformer le paysage des TI au cours des prochaines années.
Mobilité
La formidable évolution de la mobilité fait en sorte que des pressions s’exercent sur les entreprises afin qu’elles intègrent divers dispositifs grand public à leur infrastructure technologique. Certes, les membres de la génération N y sont pour quelque chose, mais le mouvement part souvent du sommet de la hiérarchie, les chefs d’entreprise souhaitant disposer eux aussi des outils dernier cri. Pour Patrice-Guy Martin, président-directeur général du Réseau Action TI, cette tendance est à l’inverse de ce qu’on avait l’habitude de voir dans le passé, alors que les nouvelles technologies étaient adoptées au sein des entreprises avant de se répandre dans le public.
Cet automne, Gartner prévoyait que, dès la fin de 2010, 1,2 milliard de personnes posséderaient un dispositif mobile doté de fonctions commerciales évoluées, ainsi que d’une capacité de traitement et d’une bande passante étonnante. Selon la firme, pareille situation donne lieu à un environnement plus propice que jamais à la convergence de la mobilité et du Web. De surcroît, les tablettes s’ajoutent maintenant aux téléphones intelligents. Selon le magazine ComputerWorld, une trentaine de nouveaux modèles de tablettes ont été annoncés ou commercialisés en 2010. Abordables, ces appareils sont déjà grandement popularisés par l’iPad d’Apple, et leur utilisation risque d’exploser en 2011.
D’après Françoys Labonté, directeur du développement des affaires, de la R&D et de la commercialisation au CRIM, l’essor de la mobilité modifie les façons de développer et de concevoir les applications. Les plateformes mobiles deviennent pratiquement les plateformes de référence, indique-t-il. Les entreprises n’ont guère le choix; elles doivent désormais tenir compte de cette percée. À titre d’exemple, Bell Canada a fait de la tablette l’une de ses quatre plateformes commerciales de prédilection, avec la télévision, Internet et la téléphonie mobile.
Informatique en nuage
L’infonuagique demeurera un sujet d’actualité en 2011. Selon Patrice-Guy Martin, ce modèle révolutionne l’architecture informatique et offre « une élasticité permettant de s’adapter rapidement à des besoins croissants dans un secteur spécifique. La disponibilité qu’il confère à l’infrastructure technologique en fait une autre forme d’impartition ou de sourçage », souligne-t-il. Gartner prévoit qu’en 2012, les grandes entreprises auront mis en place des équipes chargées de prendre les décisions qui s’imposent en matière d’infonuagique et de gérer les programmes qui y sont liés.
De son côté, ComputerWorld émet une note discordante : dans un sondage sur les perspectives TI en 2011, les répondants jugent l’informatique en nuage à la fois surpublicisée et prometteuse. Reconnaissant son potentiel en tant que « technologie économique », ComputerWorld se demande toutefois si l’infonuagique est suffisamment mûre pour jouer un rôle de premier plan au sein de l’industrie. Pour l’heure, son plus grand apport réside dans sa capacité à rassembler rapidement une importante capacité en matière de serveurs et de stockage, conclut le magazine.
Réseautage social
Après avoir pris toutes sortes d’initiatives en 2010 pour déterminer de quelle façon utiliser les réseaux sociaux dans le cadre du marketing et du service à la clientèle, notamment, les entreprises québécoises en mesureront les résultats en 2011. Selon Patrice-Guy Martin, elles chercheront particulièrement à évaluer l’impact de leurs initiatives en cette matière, à faire une veille de leur réputation – ce que l’on dit à propos de l’organisation dans les réseaux sociaux – et à cerner les tendances caractérisant leur secteur d’activité.
Le pdg du Réseau Action TI prévoit que des mesures très sérieuses seront prises dans ce domaine cette année et que les entreprises définiront des politiques claires à cet égard. Entre autres choses, les dirigeants décideront si l’on doit permettre ou bloquer l’accès aux réseaux sociaux au sein de l’organisation, et s’il faut ou non se doter d’un réseau social interne.
Gartner estime qu’en 2016, les technologies sociales – entre autres wikis, blogues et messagerie instantanée, en plus des réseaux sociaux de toutes sortes – auront été intégrées dans la plupart des applications d’affaires. Les entreprises engloberont alors les relations avec la clientèle, la communication interne, la collaboration et leurs initiatives en matière de réseaux sociaux dans une stratégie coordonnée.
Transformation des façons de faire
Le fruit semble mûr pour des changements en profondeur dans l’industrie des TI. Au début de 2010, Gartner prévoyait déjà qu’en 2012, 20 % des entreprises ne posséderaient plus d’actifs TI en raison de l’effet combiné de diverses tendances, dont la virtualisation, l’infonuagique et l’utilisation par les employés de leurs propres ordinateurs au sein de réseaux d’entreprise.
En 2011, la prolifération des plateformes et des applications mobiles, ainsi que la collaboration à l’aide de divers outils sociaux pourraient bien s’ajouter à ces facteurs et contribuer à la mutation déjà amorcée des organisations TI.