Selon un volet de l’édition 2010 de l’enquête NETendances du CEFRIO, le Québec est encore à la traîne en matière d’utilisation de la téléphonie mobile, mais l’adoption croissante du téléphone évolué lui permet de « sauver la face ».
En vertu des données du volet consacré à la mobilité de l’étude NETendances 2010, qui ont été présentées lors de la neuvième conférence internationale Webcom Montréal, l’organisme de transfert et de liaison CEFRIO rapporte que 68 % de la population adulte québécoise utilisait la téléphonie mobile en 2010, contre 57 % en 2009.
Najoua Kooli, directrice de projet au CEFRIO, précise que 64 % des adultes québécois employaient un téléphone cellulaire, contre 55 % en 2009, alors que 17 % des adultes québécois utilisaient un téléphone évolué en 2010, contre 15 % en 2009. L’écart entre la somme des pourcentages d’utilisateurs de téléphones mobiles et de téléphones évolués et le pourcentage d’utilisateurs de la téléphonie mobile (71 % contre 68 %) est dû à l’emploi des deux types d’appareils par un certain nombre d’adultes.
Coûteux retard
Selon l’étude NETendances 2010 du CEFRIO, 5,4 millions d’appareils sans fil seraient en utilisation en 2010 au Québec. Au moins 4,3 millions d’adultes au Québec posséderaient au moins un téléphone mobile, dont 1 million de téléphones évolués.
Mme Kooli indique que des données compilées par l’OCDE et le CRTC évaluent à 5 milliards le nombre de téléphones mobiles en utilisation dans le monde, et à 24,5 millions le nombre de téléphones mobiles en utilisation au Canada.
Selon Mme Kooli, les données rapportées par l’enquête du CEFRIO, mais aussi par d’autres sources, démontrent le retard du Québec et du Canada en matière d’adoption de la téléphonie mobile.
Mme Kooli souligne que le taux d’emploi de téléphones mobiles par personne au Canada était de 71 % en 2009, en vertu de données de l’OCDE et de Merrill Lynch. Or, ce taux est bien inférieur aux taux de 90 % au Japon, de 93 % aux États-Unis, de 135 % en Allemagne et de 146 % en Italie.
M. Kooli attribue ce retard en partie à la teneur des forfaits offerts en téléphonie mobile, en soulignant qu’une analyse réalisée au premier trimestre de 2010 par Bank of America/Merrill Lynch attribuait au Canada le coût mensuel moyen par utilisateur le plus élevé au monde (55 $ US)
Toutefois, Mme Kooli constate que l’utilisation du téléphone sans fil de démocratise, alors que les personnes à faible et à moyen revenu sont plus nombreuses à faire l’acquisition d’un téléphone mobile. Elle note d’ailleurs une croissance de 28 % d’année en année parmi les consommateurs qui ont un revenu familial intermédiaire.
Téléphonie évoluée
Selon l’enquête NETendances 2010 du CEFRIO, au Québec 25 % des appareils mobiles utilisés en 2010 seraient des téléphones évolués. En comparaison, la proportion de téléphones évolués aux États-Unis serait de 28 %.
« Tout comme la prédiction qui est faite à l’endroit des États-Unis, nous nous attendons à ce que la tendance s’inverse au Québec et que d’ici cinq ans 75 % des appareils mobiles utilisés soient des téléphones évolués », indique Mme Kooli.
Selon le CEFRIO, les catégories sociodémographiques dominantes en termes d’utilisation du téléphone évolué seraient les hommes, les personnes âgées de 18 à 34 ans, les personnes ayant un revenu élevé et les personnes ayant une formation universitaire.
À propos des plates-formes utilisées, l’enquête du CEFRIO révèle que 46 % des téléphones évolués emploieraient la plate-forme BlackBerry, 31 % la plate-forme iPhone et 15 % la plate-forme Android.
La plate-forme BlackBerry serait surtout utilisée par des professionnels et la plate-forme iPhone par les jeunes professionnels, alors que la plate-forme Android serait utilisée dans des groupes de population moins nantis.
Internet mobile
Selon l’enquête du CEFRIO, 800 000 personnes, soit 13 % de la population adulte, accéderaient à Internet via un téléphone mobile conventionnel, alors que 10 % navigueraient à l’aide d’un téléphone évolué, et 4 % se connecteraient à Internet via une tablette numérique.
« Toutefois, 42 % des détenteurs d’un téléphone intelligent ne l’utilisent pas pour accéder à Internet. Pourquoi? Il s’agit d’une question qu’il faudra étudier », remarque Mme Kooli.
Parmi les mobinautes, 69 % accéderaient à Internet par un appareil mobile tous les jours et 4 % consulteraient la Toile sur leur appareil durant plus de deux heures par semaine.
92 % utiliseraient un moteur de recherche, 77 % consulteraient des services pratiques et 50 % liraient des nouvelles sur leur appareil. 80 % des internautes mobiles communiqueraient par courriel, 69 % par messagerie texte et 56 % par messagerie instantanée
Également, 61 % des utilisateurs d’Internet sur leurs appareils mobiles accéderaient aux réseaux sociaux et 36 % se divertiraient par le jeu.
L’enquête du CEFRIO indique que 47 % des mobinautes consulteraient leurs comptes bancaires, et que 44 % effectueraient des opérations bancaires sur leurs téléphones mobiles.
Commerce mobile
Alors que 33 % des utilisateurs d’Internet sur leurs téléphones mobiles feraient des achats en ligne à même leur appareil, 58 % utiliseraient la géolocalisation et 26 % auraient recours à des applications de réseautage géolocalisé.
Mme Kooli remarque que les commerçants qui veulent tirer profit du potentiel offert par les consommateurs dotés d’appareils mobiles doivent considérer des stratégies qui incluent la géolocalisation, les codes QR, les alertes de promotions et les coupons mobiles,
« Ces stratégies ne vont pas remplacer les stratégies traditionnelles de marketing, mais elles seront complémentaires aux stratégies conventionnelles afin de joindre une portion de la population », indique-t-elle.
Les données du volet consacré à la mobilité de l’étude NETendances 2010 ont été obtenues par le biais d’un sondage réalisé auprès des adultes québécois par la firme Léger Marketing.
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.