Dans le contexte économique actuel, les entreprises chercheront tous les moyens de réduire leurs dépenses. C’est ainsi que tenteront de se positionner les solutions de communications unifiées.
Voilà pour le moins une réalité que les grands fabricants de logiciels ont comprise. Dans l’ensemble, ils se sont penchés sur le modèle « Do More With Less », brandissant des éléments de solutions relevant d’un technoconcept assez jeune appelé « Communications unifiées ». Du nombre, il y a bien sûr Microsoft qui, au récent VoiceCon d’Amsterdam, présentait l’état le plus récent sa plateforme Office Communications Server 2007 Release 2, un énorme logiciel dont le lancement officiel est prévu le 3 février prochain.
Ici deux avertissements préalables. Primo, le terme « communications unifiées » n’appartient à personne. Il est du même niveau sémantique que « traitement de texte » ou « base de données ». Les brevets et autres patentes apparaissent plus loin, dans les détails. Secundo, il ne faut pas confondre cette nouvelle techno avec celle de « messagerie unifiée ». Cette dernière stocke essentiellement des messages écrits ou vocaux pour que l’utilisateur en prenne connaissance à sa guise, p. ex. Exchange, tandis que l’autre, la communication unifiée, implique livraison du message en temps réel selon la méthode préférée du récipiendaire.
Ici, Microsoft n’est qu’un des gros joueurs. Il faut savoir qu’Avaya en parle depuis belle lurette, que Cisco est tombée dedans il y a des siècles, que Siemens y est active à fond la caisse, qu’IBM a déjà fait publier un IBM Lotus Sametime for Dummies et que même notre valétudinaire Nortel propose une gamme de produits. En fait, tout le monde est là.
Et tout le monde est là parce que tout le monde offre des solutions de téléphonie IP. C’est que le concept de communication unifiée présuppose que l’entreprise vit déjà à l’heure de la convergence de produits de communication dont, au premier chef, la téléphonie par protocole Internet (VoIP). Autrement dit, les commutateurs téléphoniques privés (PBX), s’il y en avait, ont été envoyés à la casse. Le flux téléphonique y est désormais une histoire de 1 et de 0 qui circulent sur le réseau comme n’importe quel autre ensemble de données. Auquel cas, il devient possible d’y mettre de l’ordre, d’y ajouter des utilitaires, des facilitateurs et ainsi de suite.
On peut ainsi savoir en tout temps où sont ses collègues, sur quel dispositif ils vont répondre, on peut savoir si on les verra, les entendra ou les lira. Les uns peuvent être sous Windows, d’autres sous Mac OS X ou Linux. C’est le nec plus ultra du fonctionnement en mode mobile, dans un contexte où il est devenu extrêmement difficile de pouvoir réunir son monde dans un même espace physique sans perdre temps et argent.
Le plus simple est de partir d’une diapo fournie par Redmond (pièce jointe à ce courriel). Du parapluie « Microsoft Unified Communications », deux grandes divisions complémentaires se dégagent, les messageries et les communications. Dans le premier cas, on retrouve Exchange Server 2007, méga logiciel qui rend possible le courriel, les agendas et la messagerie unifiée. Dans le second, on a Office Communications Server 2007 R2 qui permet la messagerie instantanée, la vidéoconférence et la téléphonie IP.
Microsoft parle d’une plateforme qui fonctionne avec Microsoft Office, Exchange Server et Office SharePoint Server, une plateforme qui contient tous les outils nécessaires. Nul n’est besoin d’aller magasiner ici et là. L’affaire est donc d’une complexité qui peut devenir rapidement onéreuse. À plus forte raison que les entreprises disposent déjà de certains éléments de communications unifiées. Elles ont beau être sous Windows Server et Exchange, elles utilisent possiblement de produits signés CA, Adobe, IBM et autres grandes fabricantes. Comme il est impensable de parler d’une installation propre propre propre de Office Communications Server 2007 R2 en se débarrassant du bazar désormais entaché d’obsolescence ou devenu redondant, on prévoit qu’il faudra jusqu’à cinq ans avant d’y parvenir. On procédera par étapes.
Office Live Meeting
Au cours de la présentation qu’on m’a faite en début de semaine, j’ai senti que Microsoft insistait énormément sur l’aspect vidéoconférence, une pièce du casse-tête également connue sous le nom d’Office Live Meeting et qui ressemble au populaire Acrobat Connect d’Adobe. On l’a adapté au fonctionnement interne (à l’intérieur du réseau d’entreprise) et on le présente comme le champion des réunions peu coûteuses, ce qui ne peut que plaire dans la conjoncture. On a passé également du temps avec moi sur l’aspect « gestion des comptes » où d’un clic, on peut modifier tous les services électronique identifiés à un employé advenant sa mutation, ou carrément les désactiver s’il doit quitter (perspective conjoncturelle).
Dans la panoplie de finesses dont regorge le logiciel, la R2 vient en ajouter des nouvelles. Par exemple, il est maintenant possible de naviguer dans un logiciel par commande vocale (software-powered voice), la fonction d’audioconférence (Dial-in audioconferencing) devient un service pouvant être géré à l’interne par l’équipe des TI, les membres d’une équipe peuvent désormais partager leurs Bureaux (Desktops) où qu’ils soient, le « clavardage continue » (Persistent group chat) est maintenant possible et ainsi de suite.
Est-ce que ça fonctionne ? Après tout, R2 est encore en version beta jusqu’en février. On me jure que oui et on me cite des cas d’entreprises, dont Produits de Fil & Métal Cogan, une manufacturière de Terrebonne qui aurait économisé près d’un demi-million de dollars en se servant de deux composantes du produit, Live Meeting (vidéoconférence) et Round Table (conférence multisite). On me cite également l’entreprise Microsoft elle-même qui est partie de 800 annuaires (directories) pour aboutir à un seul, ce qui implique 130 000 personnes à travers le monde.
La tendance est lourde. Conjoncture ou pas, Saint-Graal ou non, cette dimension des TI est là pour demeurer. D’ici cinq ans, m’assure-t-on, plus personne ne pourra se permettre de passer à côté. On verra!
Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.