À Redmond, on mise beaucoup sur Windows 7 pour faire oublier Vista. Microsoft tient à ce que cette prochaine version de son système d’exploitation soit une réussite. Objectif : lancement le 22 octobre.
Cette semaine, la journaliste Ina Fried de CNet News et le chroniqueur Ed Bott de ZDNet annonçaient que Windows 7 apparaîtrait sur nos tablettes de boutiques le 22 octobre prochain, soit dans quatre mois et demi d’ici.
Hier, Microsoft confirmait la nouvelle, annonçant même une version RTM (Release to Manufacturer) dès la mi-juillet, une étape à mi-chemin entre l’état RC (Release Candidate – version préliminaire) et GA (General Availability – version encellophanée). Or, en sa forme actuelle, celle d’une version préliminaire portant la griffe « Build 7225 », Windows 7 est un produit stable et agréable à utiliser. Bien des amateurs, voire des professionnels, s’en servent désormais dans leur quotidien et ils ne semblent absolument pas le regretter. On a peine à imaginer ce que sera devenu le produit dans six ou dans dix-huit semaines d’ici, selon que l’on considère les versions RTM ou GA. C’est qu’il faut regarder son rythme d’évolution. Il y a quatre mois et demi de cela, Microsoft nous permettait de télécharger et installer la « Build 7000 », un produit prometteur, bien qu’affligé de bogues variés et peu soutenu par l’écosystème industriel; bien des pilotes essentiels au bon fonctionnement d’un PC n’étaient pas disponibles.
Mais avec le printemps, ces difficultés sont tranquillement disparues. Prenez mes derniers essais, ceux qui ont eu pour cadre la « Build 7137 » dans un Core 2 Duo nanti de 4 Go de RAM; tout a fonctionné et l’expérience s’est avérée aussi satisfaisante, pour le moins, qu’avec Windows Vista 64 SP2 en sa forme actuelle. Si ce n’était qu’il est devenu « impossible » (mot qui fait rire les hackers) de réinstaller une version plus récente de Win 7 sans écraser complètement la précédente, il est plus que probable que j’y ferais le saut pour de bon. Regardez le tableau que je vous ai préparé, une présentation sans aucune valeur scientifique que j’ai intitulée « Indice de fiabilité relative ». Ce faisant, vous allez comprendre où je veux en venir. Dans les pôles extrêmes du tableau, vous retrouvez, à gauche, « octobre 2008 » avec la Build 6801 de Windows 7 et, à droite, « octobre 2009 » avec la version définitive sur tablettes. Par hypothèse, j’ai attribué une cote de fiabilité de 10 sur 10 à cette dernière version, ainsi qu’à la version RTM de juillet prochain. Cela n’implique en aucun cas que ce sera le cas; ça me procure seulement une balise sur laquelle j’ai pu échafauder mon raisonnement. Ainsi, en fonction de ce 10 sur 10, j’ai octroyé 4 sur 10 à la Build 6801 avec laquelle je m’étais amusé en octobre dernier. Quant à la 7000 de janvier, je lui ai accordé 6 sur 10. Même logique pour les autres moutures que j’ai testées : 7 sur 10 pour la 5057, 8 sur 10 pour la 7100 et 9 sur 10 pour les 7137 et 7225 (je n’ai pas essayé cette dernière, mais ce que j’en ai lu me force à lui accorder une cote semblable à la version précédente). Vous constatez donc une évolution importante en termes de fiabilité entre, notamment, la Build 7000 d’il y a quatre mois et demi et la version actuelle, la 7225.
Qu’en sera-t-il entre cette dernière, une version stable, fonctionnelle et agréable à utiliser, et celle que l’on se procurera en boutique dans quatre mois et demi? J’ai placé un point d’interrogation sur mon tableau, mais la réponse coule de source. Le produit ne pourra être que meilleur, à moins que Microsoft ne sombre dans l’inflation et n’oublie que « trop c’est comme pas assez », ce qui m’étonnerait.
On doit s’attendre à ce que pendant ce temps, l’équipe de Steven Sinofsky, le vice-président principal du groupe d’ingénierie Windows, développe et peaufine des variantes pour bidules, des moutures grand public, des versions mises à niveau pour vous et moi et autrui, des saveurs corpo ceinture noire et ainsi de suite. De plus, il est évident que l’on continuera à pourchasser et à pourfendre les bogues et les irritants. Évidemment, on parle surtout de six semaines, la version RTM étant annoncée pour la mi-juillet. L’étape RTM est à mi-chemin entre les états RC et GA. En ce sens, si le rouleau compresseur continue sur son élan, Windows 7 pourra devenir, à un mois du marché des fêtes 2009-2010, un des meilleurs produits jamais fabriqués par Microsoft. Ce sera un produit attendu, documenté, amplement encensé par une presse spécialisée qui ne cesse d’en parler depuis, notamment, la « Build 7000 », un système d’exploitation robuste et convivial destiné à faire oublier Vista le mal-aimé, à faire basculer les utilisateurs de Win XP, bref, à relancer la vente de PC. C’est du moins ce que la tendance qui se dégage de mon tableau semble indiquer. En même temps, Redmond continue d’améliorer Internet Explorer 8 qui, désormais, ronronne de joie et de bien-être avec le nouveau moteur de recherche (par défaut) Bing. IE8 a beau ne pas faire le poids à côté de fureteurs évolués et respectueux des normes comme Safari, Chrome, Opera ou Firefox, il « vient avec » Windows, pour le plus grand dam d’une bonne partie de la planète. Comme résultat, le grand public et une bonne partie de l’univers corpo ne se posent pas de question et continuent de l’utiliser malgré ses problèmes (cliquez ici pour voir mes récents tests ACID3). Et comme Bing semble avoir tout pour plaire, les gens ne chercheront pas midi à quatorze heures et se l’approprieront. Autrement dit, Microsoft a six semaines (peut-être même dix-huit si on bichonne jusqu’à la limite de la limite, ce qui s’est déjà vu dans l’industrie) pour ficeler une offre clé en main (« Out of the box experience ») ayant une forte probabilité d’être couronnée de succès. Le prix des PC ayant chuté au niveau actuel, les gens, du moins ceux que la crise n’a pas ruinés, s’achèteront en grand nombre (croit-on) un ordi avec Win 7 OEM et mettront au rancart leur vieille réguine sous Win XP.
Si tout fonctionne comme prévu, Sinofsky « et al » ayant particulièrement bien fait leur devoir, ils seront heureux et cliqueront dans la félicité. Mais si, par absurde, Win 7 déçoit pour telle ou telle raison, Microsoft sera en grand péril (ce qui implique, bien sûr, que le PDG Ballmer aura cloué Steven Sinofsky sur une porte de grange). Ne pouvant se permettre un second Vista, Redmond est en plein branle-bas de combat pour éviter qu’une telle hypothèse puisse se réaliser. Mais il ne faut pas oublier que pendant ces quatre mois et demi, les hauts-fourneaux de Google continueront à cracher le tonnerre de Dieu, incluant une probable beta 2 de Waves , et Apple lancera assurément son Mac OS X 10.6 , un système d’exploitation présenté comme plus sécuritaire que Windows (je vous reviendrai d’ici peu sur ce produit). Je vous rappelle qu’il y a deux semaines, la firme de sécurité Damballa avait démontré l’existence de botnets dont les ordis zombis étaient toutes des machines sous Win 7. Ouin! En un mot, à l’heure d’une alternative solide et crédible, cela à presque tous les niveaux de produits (avez-vous essayé OpenOffice.org 3.1, dernièrement?), Microsoft n’a d’autre choix que la réussite, une réussite qui passe par une méga satisfaction quant à la base de l’expérience micro-informatique, soit le système d’exploitation, suivi de la navigation sur le Net. Steven Sinofsky mène ses troupes à un rythme d’enfer. Croyez-vous qu’il va gagner son pari?
Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.