La firme spécialisée en système de gestion de garderies veut étendre sa présence à l’extérieur du Québec. En commençant par l’Ontario, elle apprend donc à composer avec la décentralisation qui règne à l’extérieur de la Belle Province. Mais elle lorgne également vers les États-Unis.
Micro-Accès occupe une position dominante sur le marché québécois des solutions de gestion et d’affaires électroniques pour les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies. Ses solutions sont utilisées par un millier de CPE, soit 90 % de tous les CPE de la province. L’entreprise veut s’imposer à l’extérieur du Québec, mais force est de constater que la tâche n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Autant la structure du marché anglo-canadien est différente de celle du Québec, autant les aménagements que la firme doit faire à l’interne pour desservir ce nouveau marché sont importants.
En fait, cela fait plus de deux ans que l’entreprise s’affaire à exporter son expertise dans les autres provinces, ayant débuté avec l’Ontario. Elle a, à ce jour, 300 clients situés hors Québec, dont 90 % en Ontario. La firme prévoit aussi s’attaquer au marché américain.
Pour mener à bien son projet, la firme a dû mettre sur pied des versions adaptées de ses produits, pas seulement bilingues, mais permettant aussi de satisfaire les exigences structurelles du marché anglo-canadien. Ces solutions sont SMART Office 2004 et SMART VO, qui reprennent en gros les mêmes fonctions que Gestionnaire 2006 et Gestionnaire – Webmestre offertes au Québec. Alors que Gestionnaire 2006 est un système de gestion intégrée de type ERP destiné aux services de garde en installation, Gestionnaire – Webmestre est un outil de création de sites Web interactifs.
Les difficultés de la décentralisation
C’est qu’à la différence du marché québécois, le marché anglo-canadien est décentralisé, ce qui est encore plus le cas en Ontario. Au Québec, les directives de fonctionnement sont érigées par le ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine et tous les services de garde doivent s’y conformer pour recevoir des subventions.
En Ontario, le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse se limite à fournir des subventions aux 47 unités administratives de la province qui, elles, définissent les modèles de gestion qui seront appliqués par les garderies sous leur responsabilité.
« La variété des modèles de gestion nous oblige à multiplier nos stratégies d’approche et nos discours et c’est plus difficile de savoir à qui on doit parler, déplore la présidente de Micro-Accès, Martine Michaud. Aussi, il y a beaucoup de variété au niveau des modes de fonctionnement des services de garde et de leur taille. »
Cela demande donc de fournir des logiciels suffisamment flexibles, pouvant accommoder tous les modèles de gestion et type de garderies, ce que la firme n’avait pas besoin de faire au Québec. Pas plus que de bilinguiser ses opérations, ce qu’elle doit maintenant faire.
Tous ces aménagements ont des répercussions financières et l’entreprise a dû investir deux millions $ pour les mener à terme, somme qu’elle prévoit récupérer d’ici 2008.
Marché saturé
Bien que le chiffre d’affaires de l’entreprise ait crû de 200 % entre 2000 et 2006, l’exportation de ses produits était nécessaire pour assurer sa croissance. Le marché québécois étant à toutes fins pratiques saturé, il devenait nécessaire de développer d’autres marchés et la firme a préféré la diversification géographique à la diversification sectorielle.
« Nous sommes spécialisés dans le marché de la gestion des garderies, lance Mme Michaud. Nous avons une expertise très pointue que nous avons pris vingt ans à bâtir et avant qu’une autre entreprise puisse nous rejoindre et nous dépasser, ça va prendre un certain temps. »
L’entreprise évalue à 9 000 le nombre de garderies au Canada et à 100 000, aux États-Unis. « Il y a à peine 25 % des garderies américaines qui utilisent des logiciels spécialisés, se réjouit Mme Michaud. On est en train de travailler à établir des partenariats avec des holdings de garderies qui veulent changer de logiciels et qui seraient intéressés à collaborer avec nous pour développer un modèle de logiciel qui offrirait la flexibilité et les fonctionnalités nécessaires. »